Voici l'incroyable aventure contée par Christos Mavrothalassatis, scaphandrier grec.
"C'était en 1919. Mon père (Gabriel) qui avait
une entreprise de plongée sous-marine et de pêche d'éponges, travaillait autour des
îles grecques avec Zalakhos, son associé. J'étais tout gosse, mais déjà
je les accompagnait en expédition".
"Un jour nous arrivâmes devant une île inhabitée, dont un rivage est fait de
sillons de granit paraissant couler dans la mer, comme si dans les temps anciens quelque chose était
tombé du ciel et avait fait fondre les rochers. Zalakhos plongea du côté nord, contourna
l'îlot jusqu'au sud et revint terrorisé sur le bateau:
Gabriel, dit-il à mon père, il y a du feu sous
la mer et si on touche une éponge, le sable qui se soulève brûle la main. Si on le touche
avec le pied, on est saisi par une flamme invisible. Il y a comme des radiations sous l'eau".
"Mon père, intrigué, plongea en emportant son filet
à éponges et il arriva à l'endroit où Zalakhos avait vu le feu sous-marin. Quand il
remonta, je vis qu'il avait dans son filet, avec quelques éponges, un gros morceau de métal irisé,
tantôt bleu foncé tantôt bleu clair."
Nota Bene: Ce métal ou matériau n'a pas été identifié. A toutes fins utiles,
nous rappelons que pour se guider sur mer, même lorsque le soleil n'était pas visible, ce qui est habituel
dans les mers du Nord, les Vikings utilisaient la "pierre du soleil"
qui donnait infailliblement la position de l'astre.
On vient de découvrir que cette pierre miraculeuse était la cordiérite, cristal qui
vire du jaune au bleu sombre, lorsque l'alignement de ses molécules, comme dans les tissus moirés,
fait un angle de 90° avec le plan de polarisation de la lumière solaire (Science & Avenir, septembre
1967, l'archéologue danois Thorkild Ramskou). Le métal trouvé par Christos Mavrothalassatis était peut-être une variété
de cordiérite (calcite, tourmaline).
Christos Mavrothalassatis poursuit: "Les marins lui dirent de remonter
à bord, car Zalakhos se sentait mal et disait que son corps brûlait. On ne put que doucher le malheureux
qui brûlait de douleur et criait qu'il avait le feu au corps. Dans l'après-midi, il mourut. Mon père
décida de retourner à Symi pour y faire enterrer son associé.
Dans la nuit, un marin voulu regarder le corps de Zalakhos qui était sur le pont, enveloppé
dans une couverture. Il poussa un cri de frayeur et alerta tout le monde en disant que le cadavre était
phosphorescent.
C'était vrai. Le visage, le torse, les mains et les pieds de Zalakhos brillaient d'une lumière
dorée. Mon père ordonna alors d'attacher des pierres à la couverture et d'immerger le corps au
plus vite, ce qui fut fait.
En 1921, il vendit 18 000 drachmes, à un chimiste de Bordeaux, le morceau de métal bleu qu'il
avait ramené des fonds de mer où brûlait le feu mystérieux.
En 1926, il revint dans la capitale girondine pour consulter le médecin qui l'avait soigné
cinq ans plus tôt. En effet, depuis le drame qui coûta la vie à Zalakhos, mon père avait
les doigts déformés, enflés aux jointures:
"Vous avez dû toucher quelque chose qui vous a brûlé et qui était plus fort que
le radium (radioactivité du radium)", dit le médecin !
Ce médecin, si mon souvenir est bon, était le Pr Fromage. Quand il sortit de la consultation
où je l'avais accompagné, mon père me dit: "_Je le savais ! Au nord de l'îlot, il y
a des jarres avec ce métal bleu, qui en vérité n'est ni métal ni verre. Mais autre chose
que je ne connais pas. Il y a très longtemps des hommes ont dû exploiter ce matériau. Mais de
quelle manière ?
"Zalakhos avait raison de dire que du sol sortaient des radiations;
et ce sont les mains qui écopent (endurent, encaissent) parce qu'elles ne sont pas protégées
comme le reste du corps, par le caoutchouc du scaphandre.
"Voici l'histoire qui est arrivée à mon père",
conclut Christos Mavrothalassatis. Et s'adressant à sa femme: "N'est-ce pas,
M'Barka, que c'est ainsi que je l'ai toujours racontée ?".
M'Barka ben Nasser, une merveilleuse Bédouine aux yeux de feu, qui porte dans toute sa fine
silhouette la grâce et la noblesse des vraies filles du désert, approuva en ajoutant:
"_Oui : Tu as même dit que c'était peut-être de
l'orichalque atlante !
_Peut-être", fit Christos, énigmatique. " En
tout cas, j'irai faire des prélèvement autour de l'île avec une benne. Je connais exactement
l'endroit. Les jarres qui sont au fond de l'eau, à elles seules, valent une fortune !"
Telle est l'histoire fantastique que nous conta l'ancien scaphandrier Christos Mavrotalassatis, dans sa
villa "Eglise grecque" à Houm Souk, dans l'île de Djerba.
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