Source de jade
La source de jade sculté par les Olmèques (1 250 av. J.-C.) et les Mayas est toujours restée un mystère. Depuis les années 1950, archéologues et universitaire s'échinent (se donnent de la peine), en vain, à retrouver les mines de jadéite qui fournirent la matière première à ces milliers d'œuvres de toutes tailles.
En 1998, après un terrible ouragan qui ravagea la région, des prospecteurs locaux trouvèrent des blocs de jade bleue dans les rivières, qu'ils revendirent aux joailliers guatémaltèques
.
En 1986, Russel Seitz, qui avait dirigé quelques années auparavant une campagne de recherche du jade pour le compte du Peabody Museum d'Harvard, reconnu le jade particulier utilisé par les Olmèques.
Une expédition fut donc montée par le Museum d'histoire naturelle américaine, Rice University, qui pendant deux ans parcourut les hautes terres du Guatemala. Ses découvertes successives culminèrent avec la trouvaille de bloc de jade olmèque bleue "de la taille d'un bus". Dans cette zone, dont la localisation reste secrète, des traces d'exploitation ancienne ont été observées, ainsi que des pièces sculptées, et une ancienne route de pierre qui s'enfonce dans la forêt. Ce dépôt rivalisait avec la plus grande source mondiale actuellement connue de jade qui se trouve en Birmanie (nouvellement Myanmar
).
Le goût des peuples précolombiens pour le jade est connu: les Olmèques en ont tiré de superbes sculptures, les Mayas, entre autres, en paraît (décorait) leurs morts et les vivants en incrustaient dans leurs dents. Un des premiers enseignements de cette découverte est que les Olmèques, qui prospectèrent au sud du Golfe du Mexique
, étendaient leur influence
jusque sur les hautes terres du .
A la recherche des pierres précieuses
En Méso-Amérique, la recherche de la provenance du jade-jadéite a fait l'objet de longs débats & et de recherches; ils aboutirent en 1952 à la découverte d'une première zone d'affleurements sur la rive nord du Rio Motagua dans le sud-est du
. Reste que les analyses minéralogiques des objets
archéologiques attestaient de l'existence d'un jade-jadéite plus pur, commercialement
nommé "Olmeca-azul" dont la provenance a été découverte
en 1996 par François Gendron lors d'une prospection dans la haute vallée du Rio El Tambor.
Chaque gisement (il en existe plus de vingt-cinq du Mexique
` l'Amérique centrale) possède sa propre signature chimique. En 2002, celui d'origine
de dalles d'obsidienne utilisées au XVIIe siècle par le peintre espagnol
Estéban Murillo a pu être identifié. Il s'agit
du vaste affleurement situé près du village d'Ucareo dans l'Etat mexicain du Michoacán
.
L'ambre préhispanique provient de formations argilo-gréseuses autour du pueblo de Simojovel de Allende (Chiapas, Mexique
). L'amazonite, comme celles
des tesselles (pièces d'une mosaïque) couvrant le célèbre masque de Malinatepec,
était extraite dans la Sierra de Peñoles (Chihuahua, Mexique ),
mais l'existence d'un second gisement encore non localisé n'est pas exclue.
Les calcaires de la Sierra del Abra-Tanchipa, située dans la Huesca potosina (San Luis Potosi, Bolivie,
), ont livré de beaux spécimens de calcite verte
que les conquistadors confondirent avec des émeraudes.
Anneaux d'oreilles en néphrite de Xinglongwa en Chine
,
de l'an 5 500 avant notre ère.
Pendentif en forme d'oiseau marin en jade, de l'époque des Aztèques, dans le golfe du Mexique.
Vase à boire gu en ivoire de la tombe de Fu Hao, épouse du roi Wu Ding, en Chine
, de l'an 1 250 avant notre ère.
Chimère de profil en pierre, de Danyang, allée funéraire de Wudi des Qi du Nord (mort en 493).
Tête de bronze issue des fosses sacrificielles de Sanxingdui en Chine, de l'an 1 250 avant notre ère.
Epée provenant de Liyu (Datong, Shanxi), présentant une inscription en 20 caractères, incrusté d'or, d'argent et de turquoise, de l'an 600 avant notre ère.
Le jade est une pierre d'eau, trouvée dans les lits des rivières, symbole de vie; le vert renvoie à la végétation et à la zone de l'Est, des forêts primaires, du golfe du Mexique, de la fertilité végétale et aquatique, et de la renaissance du Soleil. A l'époque aztèque, on mettait une petite pierre de jade à l'intérieur de la bouche du mort pour qu'il arrive dans l'autre monde ou dans une cavité pour donner vie aux statues. L'enfant en gestation dans le ventre de sa mère est appelé la "précieuse pierre de jade".
Si la culture olmèque valorise particulièrement les pierres précieuses vertes pour les offrandes aux dieux (jade-jadéite, serpentine, listvénite, éclogite ou l'amphibolite), d'autres roches et minéraux sont utilisés pour réaliser des ornements, tels l'amazonite, la turquoise, les calcites blanches, jaunes et vertes, le cristal de roche, l'ambre, et cetera.
On retrouve souvent dans les noms de divinités, ou des titres de souverains, la présence de l'élément minéralogique qui les caractérise: ainsi, Chalchiuhlicue est "celle à la jupe de jade" (chalchiuh), le souverain aztèque Itzcoatl est le "serpent d'obsidienne", et le dieu Xiuhtecuhti, le "seigneur de turquoise", et cetera.
La culture du jade se met en place entre le Plateau central Mexicain (sites de Tlatilco, Chalcatzingo, Las Bocas), la côte du Golfe (San Lorenzo, El Manatí, La Merced), le Guerrero (Teopantecuanitlán) et les jungles du Guatemala (Copán, Seibal). Dans le sud de l'Etat du Veracruz (région de Medias Aguas) et dans le Chiapas central, des dépôts (offrandes) sont constitués de dizaines, voire de centaines de haches taillées par polissage direct dans des jadéitites blanches, vertes ou vert bleuté, et dans d'autres roches à dominante verte (serpentinites, éclogites, gabbros métamorphisés ...).
Dans ces ammoncellements cérémoniels, les haches y sont groupées par 13, 20, 52 ou par des multiples de ces nombres liés au Tonalpohualli, le calendrier sacré méso-américain.
Des apprêts (perles, plaquettes, ornements d’oreille) et des figurines anthropomorphes aux traits humano-félins, d'origine olmèque, en jade-jadéite, sont mises au jour à Mexico lors des fouilles du Templo Mayor des Aztèqueques (1325-1521).
Jades asiatiques
La culture du jade (néphrite) occupe une place particulière en Chine.
Les jades apparaissent il y a plusnde 10 000 ans dans le nord-est du pays. Autour de 3 000 ans avant notre ère,
ils sont produits le long du littoral, la tendance générale étant à une transmission du
Nord au Sud et d'Est en Ouest.
Le travail du jade est à la pointe de la technologie protohistorique: dès 7 000 ans avant notre ère naît la technique de découpe à la corde avec du sable; autour de 5 000 ans avant notre ère, la rotation d'un poids donne une force mécanique à un forêt en pierre; autour de 2 000 ans avant notre ère, des scies à disque découpent des pièces de moins de 1 mm d'épaisseur.
Les jades sont d'abord le support de croyances religieuses mais autour de 2 000 ans avant notre ère, ils symbolisent pouvoir royal, prestige et richesse puis autour de 500 ans avant notre ère, on fait d'eux les symboles des vertus sociales. Au début de notre ère, on leur attribue enfin le pouvoir de conserver la vie.
Les fouilles de Yinxu reprennent, sans être totalement interrompues par la Révolution culturelle, utilisées pour la propagande officielle. En 1976, l'équipe de Zheng Zhenxiang met au jour une sépulture exceptionnelle contenant, entre autres, 6 chiens et 16 humains sacrifiés, 755 jades, 468 objets en bronze et 6 900 coquillages !
Sa propriétaire était Fu Hao, une des épouses du roi Wu Ding (règne 1250-1192 avant notre ère, qui participa à des batailles et accomplit des sacrifices, morte autour de 1200 avant notre ère.
En 1968, des tombes de la famille impériale Han non pillées sont dévoilées à Mancheng au Hebei, les défunts recouverts de "linceuls de jade". Entre 1972 et 1974, à Mawangdui au Hunan, on met au jour les trois tombes du marquis de Dai, Li Cang (mort en 186 avant notre ère), de sa femme et de leur fils. La tombe de la marquise Xin Zhui livre plus de 1 000 objets, dont une bannière en soie décrivant son voyage vers l'au-delà, et la tombe du fils toute une bibliothèque.