Saint-Hilaire (Etienne Geoffroy)
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Résumé succinct

Travaux et découvertes  Up Page
Les homologies
Au début du XIXe siècle, l'anatomiste français Etienne Geoffroy Saint-Hilaire s'attacha à la découverte de ressemblances fondamentales dans le règne animal: ce que nous sommons aujourd'hui des homologies. Ses idées furent vivement contestées, notamment par son grand rival, Cuvier. Aujourd'hui, les découvertes de la biologie moléculaire du développement lui donnent en partie raison. On sait en effet que l'organisation corporelle est régulée par plusieurs molécules produites au cours du dveloppement embryonnaire. Or, ces molécules sont très semblables chez les animaux pourtant très éloignés au plan  de l'évolution, comme les vertébrés et les invertébrés. Ainsi, Geoffroy Saint-Hilaire faisait figure de visionnaire lorsqu'il affirmait qu'un homard avait le même plan corporel qu'un vertébré, à condition de le retourner sur le dos.
 
Les vestiges d'Alexandrie
Etienne Geoffroy Saint-Hilaire, jeune professeur du Muséum d'histoire naturelle de Paris, était particulièrement préoccupé par les détails et par la recherche de lois qui les assemblent. Lors de la défaite de Napoléon Bonaparte face aux Anglais, à Alexandrie en Egypte, le 22 août 1799, où il s'emparèrent de la pierre de Rosette, ces Anglais permirent tout de même à la France de récupérer Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que sa collection de crocodiles, d'ichneumons et d'ibis momifiés, qu'il avait menacé de brûler plutôt que de la céder aux vainqueurs (le haut commandement anglais, peut-être au fait du passif des pyromanes à Alexandrie, avait sagement renoncé).
 
Le souci du détail

La profondeur des similitudes entre les plans corporels de toutes les espèces de vertébrés a été défendue par Etienne Geoffroy Saint-Hilaire tout au long de sa carrière. Ainsi, sur cette planche de sa Philosophie anatomique de 1818, qui s'intéresse aux os liés aux organies respiratoires, il n'hésite pas à rapprocher singe, poisson, oiseau, cheval et échidné (un mammifère ovipare). Il étendit même sa vision unitaire aux invertébrés, la carapace de ceux-ci correspond, selon lui, au squelette des vertébrés.
 
Il soutint que les opercules des poissons, les os qui couvrent les ouïes, étaient semblables aux petits aux qui composent l'oreille moyenne des mammifères (le marteau, l'enclume et l'étrier).
Soucieux d'étendre sa synthèse, Geoffroy Saint-Hilaire trouva ensuite des homologies entre les structures les plus merveilleusement disparates des créatures les plus diverses. Considérant l'exosquelette d'un insecte et les vertèbres d'un poisson, il proposa qu'il s'agissait d'une seule et même structure. Plus précisément, les insectes ont un exosquelette, ce qui signifie que leurs viscères sont à l'intérieur de leurs parties dures, tandis que les poissons ont un endosquelette: leurs os sont entourés de tissus mous. Mais tandis que les autres anatomistes voyaient là une raison suffisante pour les distinguer, il expliqua, avec la confiance naïve des vrais visionnaires, que "tout animal vit à l'intérieur ou autour de sa colonne vertébrale".
 
Une histoire de symétrie
Ne trouvant pas de limite à son système d'explication, il poursuivit en affirmant que l'anatomie complète d'un homard était très semblable à celle d'un vertébré, à la seule condition de le retourner sur le dos. Tandis que les homards ont leur canal nerveux principal sur leur face ventrale, et leurs principaux vaisseaux sanguins sur leur face dorsale, l'inverse est vrai pour les vertébrés. Le cas des céphalopodes était encore plus étrange: si l'on prenait un canard et qu'on le plait en deux à l'envers, de façon à ce que sa queue touche sa tête, sa anatomie ne ressemblait-elle pas de façon remarquable à celle d'une seiche ?
 
La biologie moléculaire
Les spéculations de Geoffroy Saint-Hilaire attirèrent le courroux de Cuvier, le plus grand des anatomistes vivants, et son rival au Muséum. Aujourd'hui, l'idée d'homologie est un lieu commun en biologie, et on la retrouve partout: nous parlons aussi bien d'homologie entre séquences d'ADN que d'homolgies entre les membres des tétrapodes. L'homologie, en fait, est une conséquence inévitable de l'évolution elle-même.
 
L'anomalie et le difformité
Pendant l'été 1829, un couple de soeurs siamoises, Ritta et Christina Parodi, arrivèrent à Paris. Leurs parents, des paysans sardes, espéraient gagner de l'argent en les exhibant. Dinstincts au niveau des épaules, leurs torses se fondaient progressivement l'un dans l'autre. Bien qu'elles aient quatre bras, au-dessous du nombril elles étaient si complètement associées qu'elles n'avaient à elles deux qu'une seule vulve, un seul rectum, un seul bassin et uns seule paire de jambes.
Elles fascinèrent Geoffroy Saint-Hilaire. La difformité, pour lui, n'était qu'une dimension supplémentaire de l'infinie unité de diversité de la vie organique. Dans sa Philosophie anatomique, il avait classifié les enfants malformés comme les naturalistes classifient les scarabées. Pour lui, la difformité n'était pas qu'un caprice de la nature. Elle résultait au contraire des lois naturelles qui présidaient,à la construction du corps. Lue correctement, la difformité pouvait même révéler ces lois.
Le 23 novembre 1829, à l'âge de huit mois, Ritta Parodi mourut d'une pneumonie. Sa soeur expira trois minutes plus tard. Le rôle  de Geoffroy Saint-Hilaire dans les événements qui suivirent n'est pas clair, même si son fisl Isidore et son élève Etienne Serres semblent plus blâmables que lui. Toujours est-il que, de gré ou de force, le corps fut enlevé aux parents et emporté au Muséum pour y être disséqué. L'autopsie, réalisée dans le grand amphithéâtre du Muséum, fut l'un des événements sociaux et scientifiques de l'année: Cuvier conclut même une trêve, pour y assiter.
 
La morphogénétique
Dans les années 1820, Geoffroy Siant-Hilaire avait, le premier, essayé de produire expérimentalement des embryons déformés en maltraitant des oeufs de poule dans des incubateurs artificiels. Cent ans plus tard, à l'université de Fribourg-en-Brisgau, en Allemagne, Hans Spemann coupait des embryons de tritons en deux ou quatre, les creusait et les greffait, dans le but d'identifier les forces sous-jacentes à leur développement. En 1920, il accueillit dans son laboratoire une jeune femme nommée Hilde Pröscheldt.
 
Hans Spemann reçut en 1935 le prix Nobel pour la découverte de "l'effet organisateur" dans le développement embryonnaire. Sa collaboratrice Hilde Pröscheldt avait réalisé la plupart des expériences de greffe produisant des larves de triton "siamois" (ci-contre) à l'origine de cette découverte, mais elle était morte, avant sa publication, d'un accident domestique.
 
La génétique moléculaire fut appliquée afin de trouver l'origine du pouvoir de l'organisateur. Ils savaient ce qu'ils cherchaient: une molécule, probablement une protéine, sécrétée par les cellules de l'organisateur, qui s'infiltrait dans l'embryon et indiquait aux autres cellules où elles étaient, quoi faire, et où aller.Une molécule signal. Dans les années 1990, la molécule nommée "chordine" fut identifiée. Celle-ci conduit les cellules à former un dos, transformant des cellules indifférenciées en moelle épinière, mais elle le fait en inhibant une autre molécule, nommée "Protéine osseuse morphogénétique" (abrégée en BMP, son acronyme en anglais), qui diffuse depuis une zone opposée de l'embryon, et qui transformerait les mêmes cellules en peau et en ventre si on la laissait faire.
Le devenir d'une cellule donnée dépend des concentrations relatives de plusieurs molécules concurrentes, et le résultat est une créature avec un dos et un ventre, et pas trop de l'un des deux. Ces molécules sont présentes, non seulement chez les vertébrés, mais sur toute l'échelle de l'évolution des organismes vivants, ce qui suggère que leur usage remonte loin certainement à un milliard d'années.
 
Lorsque, en 1995, la chordine et la BMP furent découvertes chez les crapauds, on s'aperçut aussi qu'elles étaient étroitement apparentées avec deux molécules trouvées chez la drosophile. Encore plus remarquable, tandis que la chordine et la BMP sont en concurrence pour former le dos et le ventre d'un crapaud ou d'un enfant, leurs équivalents font de même chez la drosophile. Il y a tout de même une différence: tandis que la BMP spécifie le ventre d'un crapaud, son homologue spécifie le dos de la mouche; et tandis que la chordine spécifie le dos du crapaud, son homologue spécifie le ventre de la mouche. Autrement dit, la machinerie moléculaire qui détermine l'orientation dorsoventrale chez la mouche est, au moins en partie, identique à celle du crapaud, mais inversée. Ce qui, pour l'essentiel, est ce que Geoffroy Saint-Hilaire avait compris en 1820 quand il affirmait que l'anatomie d'un homard posé sur le dos était étrangement semblable à celle d'un mammifère posé sur ses pieds.
 
Lorsque, en 2001, le génome humain fut séquensé, on trouva que nous avions 30 000 gènes. C'était un résultat humiliant: nous n'avions que 50 % de plus de gènes que Caenorhabditis elegans, un ver de terre d'un millimètre de long. Nous n'étions apparemment que des vers, mais en plus grand.

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Recherche décembre 2005 n°392
 
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