Roches vertes de Nuvvuagittuq (Canada)
Découverte hasardeuse
Datation des roches de Nuvvuagittuq
Roches anormalement faible en Nd142
Une histoire de mélange
Les références
Mais encore …
by Pepe ©
 
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La petite histoire Up Page
Découverte hasardeuse
On l'appelle la ceinture de roches vertes de Nuvvuagittuq. Elle est située à 40 km au sud du village d'Inukjuak. Elle s'étend à perte de vue sur la rive est de la baie d'Hudson. Jonathan O'Neil la connaît comme le fond de sa poche. "Je peux m'y repérer les yeux fermés. Je me rappelle même d'où vient précisément chacun des quelque 400 échantillons que j'y ai ramassés." C'est là que le jeune homme, qui sera bientôt détenteur d'un doctorat en géologie de l'Université McGill, a découvert les plus anciens vestiges de la croûte terrestre primordiale. De très vieilles roches de 4,28 milliards d'années!
Elles ont probablement affleuré alors que la Terre avait à peine 300 millions d'années. Ces précieux témoins racontent l'histoire de ce qu'était alors notre toute jeune planète. Un trésor pour les géologues qui espèrent ainsi mieux comprendre comment s'est formée l'atmosphère avant l'apparition de la vie. La découverte a fait l'objet d'un article publié dans la revue Science, le 26 septembre 2008, cosigné par Ross Stevenson de l'Université du Québec à Montréal. Puis, la nouvelle s'est répandue comme une traînée de poudre.
Cette découverte repose avant tout sur un heureux mélange de hasard et d'intuition. Pour Jonathan O'Neil, tout commence en 2003 alors qu'il explore cette fameuse ceinture de roches vertes. La zone de 9 km2 comprend des roches vieilles de 3,8 milliards d'années. Le jeune chercheur est là pour cartographier les lieux en compagnie de géologues du ministère québécois des Ressources naturelles. Il y retourna ensuite à plusieurs reprises pour recueillir ses propres échantillons.

Comprendre simplement Up Page
Datation des roches de Nuvvuagittuq
Parmi les roches recueillies, certaines se démarquent par leur minéralogie inédite constituée d'un mélange de cummingtonite, un minéral de couleur cassonade parsemé de taches rouges qui sont en fait de petits fragments de grenat. Cet assemblage détonne au royaume des amphibolites du Nunavut où domine normalement le hornblende, un minéral d'origine volcanique beaucoup plus foncé.

Afin d'estimer l'âge d'une roche, les géochimistes mesurent les traces d'isotopes radioactifs qui font office de chronomètres. Normalement, la désintégration de l'uranium en plomb dans les cristaux de zircon est un marqueur de choix. Mais faute de zircon, il a fallu, dans ce cas-ci, se tourner vers une autre méthode, soit la mesure de deux éléments rares que l'on ne trouve plus à l'état naturel sur Terre: le samarium-146 et le néodyme-142 (Nd142).

"Dès les premières analyses, les résultats ont été clairs, raconte Jonathan O'Neil. Ils indiquaient que les roches ont bel et bien 4,28 milliards d'années. On avait du mal à y croire, mais quelques mois plus tard, j'ai ramené à Richard Carlson 15 autres échantillons et, dans tous les cas, on a obtenu le même résultat!"

Domaines de présence Up Page
Roches anormalement faible en Nd142
Le géochimiste de Washington tient cependant à apporter quelques nuances: "Je suis certain de la valeur de mes mesures, mais ce qui est moins sûr, c'est l'interprétation des résultats. Certes, les données sont incontestables: les roches ont bel et bien été formées dans le manteau terrestre, il y a 4,28 milliards d'années. Mais on ne sait pas précisément quand elles sont remontées à la surface de la Terre pour former une croûte. D'ailleurs, la morphologie de ces roches a sûrement beaucoup changé depuis leur formation. Bien malin qui peut dire quel est leur âge véritable!"

Cela dit, au-delà du poids des siècles, ces vieux cailloux présentent une caractéristique encore plus spectaculaire: les concentrations de Nd142 y sont moindres que prévu. Pour comprendre en quoi cette donnée est si fascinante, il faut savoir que les géochimistes travaillent en fonction de balises clairement définies. A partir de l'analyse de très vieilles météorites, on a en effet pu établir précisément la liste des ingrédients et la recette de base qui a donné naissance à la Terre. Or, dans les roches de Jonathan, une partie de ces ingrédients manque: il y a un déficit de Nd142. C'est d'autant plus intéressant que, il y a quelques années, des chercheurs ont découvert des roches de 3,8 milliards d'années, provenant de la ceinture d'Isua, au Groenland, qui, elles, contenaient un excès de Nd142, tout comme des roches comparables trouvées en Chine et en Australie.

Son interprétation dans l'avenir Up Page
Une histoire de mélange
"On avait jusqu'à maintenant extrait des roches avec trop de Nd142, mais jamais le contraire, explique Jonathan O'Neil, et ça c'était tout un mystère pour les géologues." C'est comme si on avait une pâte pour faire un gâteau au chocolat, mais que le résultat était toujours du gâteau à la vanille (les roches contenant trop de Nd142)! Depuis quelques années, les géologues se demandaient où était passé le chocolat! "Eh bien, nous venons de le trouver: ce sont ces roches de la ceinture de Nuvvuagittuq. Nous avons découvert le réservoir du manteau manquant."
"C'est là l'élément clé de ce travail. On a trouvé le manteau manquant, et c'est une découverte majeure, commente le géochimiste français Francis Albarede, une sommité dans le domaine. Mais pour ce qui est de l'âge, je suis loin d'être convaincu."
Qu'à cela ne tienne! Jonathan O'Neil a bien l'intention de confondre les sceptiques. Une fois son doctorat en poche, il compte prendre la route du Carnegie Institution for Science à Washington afin de poursuivre ses recherches avec Richard W. Carlson.

Les références Up Page
Réseau Pepe
Cybersciences février 2009

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Je crois que, si les êtres humains que nous sommes ne parviennent pas toujours à évoluer comme ils le souhaiteraient _à s'épanouir professionnellement, sentimentalement et sexuellement (ce que j'appelle les trois pôles d'intérêts) c'est parce qu'il y a des barrages qui entravent leur désir d'accéder à un rêve inachevé. Je pars du principe que tout est possible, à condition de s'entourer de gens qui nous poussent à croire en nous.

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