Lettrines ArboSciences

Conscience

Espèces marines
Espèces terrestres
Espèces volantes

Espèces marines Fleche haute GVR

Calmar
Dauphin
Fausse orque
Orque
Otarie
Pieuvre
Poisson cichlidé
Poisson nettoyeur
Raie manta
Seiche
Tortue

Espèces terrestres Fleche haute GVR

Apelle
Babouin
Bonobo
Border collie
Capucin
Chimpanzé
Cochon
Cochon vietnamien
Ecureuil gris
Eléphant d'Asie
Girafe
Gorille
Macaque
Mouton
Orang-outan
Ouistiti
Rat
Singe doré
Souris

Espèces volantes Fleche haute GVR

Cacatoès
Coq
Corbeau
Cormoran
Corneille
Geai buissonnier
Grand indicateur
Diamant
Perroquet ara du Brésil
Perroquet gris du Gabon
Perroquet Kéa de Nouvelle-Zélande
Perruche
Pie
Pigeon
Puffin
Vacher

Espèces marines

Calmar

Conscience

Intelligence des céphalopodes
L'intelligence des céphalopodes est la capacité de ces derniers à s'adapter et à complexifier leur comportement en fonction des événements de leur environnement. Reposant sur un système nerveux fondamentalement différent de celui des vertébrés, son étude d'un point de vue comparatif permet une meilleure compréhension de l'intelligence de ceux-ci et donc de l'humain.

Les représentants de la classe des céphalopodes, en particulier ceux de la sous-classe des Coléoïdes (seiches, calmars et pieuvres), sont considérés comme les plus intelligents des invertébrés et comme un exemple de l'évolution cognitive.

Dauphin

Conscience

Comportement
Le grand dauphin est présent dans toutes les mers du monde, à l'exception des zones arctiques et antarctiques.

Le grand dauphin également appelé souffleur, dauphin à gros nez ou tursiops (Tursiops truncatus) est un cétacé à dents.

Comparatif de taille entre un dauphin & un plongeur.

Les dauphins vivent dans les zones tempérées et tropicales des océans autour du globe. Des populations ont été recensées dans l'océan Pacifique, du sud du Japon Japon jusqu'à l'Australie Australie, ainsi que du Chili Chili jusqu'au golfe de Californie United States.

On les retrouve également dans l'océan Atlantique, du sud de l'Ecosse Ecosse et de la Norvège Norvège jusqu'à la Patagonie en Argentine Argentine et à l'Afrique du Sud Afrique du Sud, ainsi que le long des côtes de l'Amérique du Nord (Canada Canada & Etats-Unis United States) jusqu'au golfe du Mexique Mexique.

Dauphin (Tursiops truncatus)

Du côté de l'océan Indien, les populations s'étendent de l'Australie Australie jusqu'à l'Afrique du Sud Afrique du Sud.

Dans la mer Méditerranée, le grand dauphin est le cétacé le plus abondant. Ses populations s'y étendent de la mer Noire jusqu'à la mer Rouge. Alors qu'on en voit beaucoup le long des côtes de la Sicile et dans la mer Adriatique, ils sont moins visibles dans le Sanctuaire Pelagos, une région marine protégée, située entre la Ligurie, le nord de la Sardaigne Italie et le sud de la France France.

Répartition géographique des dauphins dans le monde.

Les grands dauphins sont des animaux sociaux. Ils vivent en groupe, habituellement composés de 2 à 6 individus, mais qui peuvent dépasser la vingtaine (île de Sein, 2010) voire la quarantaine (île de Molène, 2012) même si ce grand nombre devrait engendrer une séparation pour faciliter la chasse. Toutefois, il n'est pas rare d'observer des individus solitaires, en général des mâles. La plupart des troupeaux se forment à partir d'un groupe de femelles et de leurs petits, auquel les mâles ne se joignent que brièvement. Quelques grands dauphins vivent également en compagnie d'autres espèces de cétacés.

Des études effectuées par R. S. Wells à Sarasota (Floride, Etats-Unis United States) et par Smolker dans la baie Shark (Australie Australie), ont démontré que les femelles forment des alliances, soit directement, soit à travers des associations mutuelles dans une structure sociale nommée "fission-fusion" par R.C. Conner et R. S. Wells. La composition des groupes pour lesquels les associations sont les plus fortes peut demeurer stable durant des années. Ces groupes ne se limitent pas nécessairement à une seule lignée matriarcale, mais les individus qui les composent sont souvent apparentés, comme le prouvent les études génétiques effectuées. Les femelles forment ces alliances principalement pour protéger leurs petits des prédateurs ou d'autres dauphins.

Des recherches effectuées à Moray Firth en Ecosse Ecosse, révèlent que les mâles peuvent eux aussi former des associations durables de deux ou trois individus pendant des dizaines d'années. Les membres de ces groupes de mâles parviennent à synchroniser certains de leurs comportements, comme la respiration, les sauts et le saut avec redressement (breaching), c'est-à-dire s'élancer, tête première, hors de l'eau et retomber en éclaboussant.

Les grands dauphins accomplissent hors de l'eau des acrobaties dont la signification ou l'utilité n'est pas clairement connue. Parmi celles-ci on retrouve :
_Le bond ou le vol (leaping) : saut complet hors de l'eau;
_Le fanfaron (tailspinning) : reculade sur l'eau en utilisant la queue comme pivot;
_La claque d'eau (tailslapping) : frapper l'eau avec les nageoires de la queue;
_La fusée (bow) : saut vertical complet hors de l'eau;
_Le saut de glisse (bowriding) : nage sur les vagues créées par le passage d'embarcations;
_Le saut redressé (breaching) : saut hors de l'eau et retombée à plat sur le dos en éclaboussant.

Le sens le plus développé chez le grand dauphin est sans doute l'ouïe, combinée à la capacité d'émettre des sons de fréquences variées, divisés en trois catégories :
_Le clic, une série de sons de haute fréquence;
_Le sifflement;
_L'aboiement, semblable à celui du chien.
Intelligence animale
Il n'existe pas de définition universellement acceptée de ce qu'est l'intelligence. Si on la définit comme "la capacité de raisonner, de planifier, de résoudre des problèmes, d'abstraire, de comprendre des idées complexes, d'apprendre rapidement et d'apprendre de l'expérience", alors selon certaines études, les dauphins surpassent les chimpanzés lors de tests mesurant ces types d'habiletés (Smarter than the average chimp, Sadie F. Dingfelder, 09 octobre 2004).

Il semble entre autres que les dauphins possèdent certaines aptitudes mathématiques, des aptitudes donc hautement abstraites (Marine mammals master math, Rachel Adelson, 05 septembre 2005).

En 1997, des chercheurs ont observé l'utilisation d'outils chez les dauphins de la Baie Shark, en Australie Australie. Ceux-ci y utilisaient des éponges marines, placées sur leur rostre, présumément pour protéger leur bouche lors de la recherche de nourriture dans les fonds sableux [Sponge carrying by dolphins (Delphinidae, Tursiops sp.): A foraging specialization involving tool use?, Ethology, volume 103, n°6,‎ juin 1997, pages 454-465; R. A. Smolker).

Ce comportement a été observé uniquement dans la baie Shark, et presque seulement chez les femelles. C'est l'unique cas connu d'utilisation d'outils par des mammifères marins, à l'exception des loutres. Une étude effectuée en 2005 a permis de démontrer que ce comportement est enseigné par les mères à leurs filles (Cultural transmission of tool use in bottlenose dolphins, Proceedings of the National Academy of Sciences, volume 102, n°25,‎ juin 2005, pages 8939-8943; M. Krutzen, J. Mann, M. R. Heithaus, R.C. Connor, L. Bejder, W. B. Sherwin).

Les dauphins de Shark Bay, en Australie Australie, emploient en juillet 2020 une technique de pêche étonnante : ils forcent des poissons à se réfugier dans de gros coquillages vides (coquilles de gastéropodes), puis saisissent les coquilles dans leur gueule et les remontent à la surface, avant de les secouer jusqu'à ce que leurs proies leur tombent dans le gosier ! Un comportement qui évoque l'utilisation d'outils. Mais ce qui étonne encore plus les experts, c'est son mode de transmission : l'équipe de Michael Krützen, de l'université d'Australie de l'Ouest, a découvert que les dauphins se l'approprient en imitant leurs congénères, et non en l'apprenant de leur mère.

Pêche à la coquille vide, pour un dauphin.
Dauphin allié de l'humain
L'interaction directe avec des grands dauphins, la delphinothérapie, est utilisé lors de la thérapie d'adultes et d'enfants handicapés, particulièrement dans les cas d'autisme et de dépression (Randomised controlled trial of animal facilitated therapy with dolphins in the treatment of depression, BMJ, volume 331,‎ 26 novembre 2005, C. Antonioli & M. A. Reveley) comme au Dolphin Reef Eilat en Israël Israël.

Aux Etats-Unis United States et en Russie Russie, des programmes militaires existent pour dresser les grands dauphins et leur apprendre à rechercher des mines et à repérer des sous-marins ennemis (U.S. Navy Marine Mammal Program, San Diego, Californie United States).

En Afrique, sur la côte de Mauritanie Mauritanie, les pêcheurs imraguens pêchent depuis plus de quatre siècles avec une population de dauphins qu'ils appellent en frappant la mer à coups de bâton. L'arrivée des dauphins pousse vers les filets des bancs de poissons. Hommes et cétacés partagent alors les prises.

En Italie Italie, un grand dauphin surnommé Filippo s'est installé dans les eaux du port de Manfredonia, de 1998 jusqu'à sa mort en 2004. L'animal se montrait amical envers les personnes, mais ce choix apparent de s'éloigner de ses semblables afin de vivre à proximité de l'homme est inhabituel et devint l'objet de recherche scientifique afin de mieux comprendre l'éthologie des populations de grands dauphins dans la Méditerranée. Filippo a été retrouvé mort en août 2004 de cause inconnue (Storia segreta del delfino Filippo).

En Australie Australie, à Monkey Mia, dans la baie Shark, un groupe de grands dauphins s'approche tous les matins de la plage pour interagir avec les touristes et pour recevoir de la nourriture. Tout comme Filippo, ceux-ci font l'objet d'études scientifiques (Habituated Dolphins (Tursiops sp.) in Western Australia, Journal of Mammalogy, volume 66, n°2,‎ mai 1985, pages 398-400, Richard C. Connor & Rachel Smolker).
Langage codé
Dans les années 1960, le psychologue cognitif Louis Herman développe avec son équipe, un langage codé transmis par le bras & la main des entraîneurs. A des mots de vocabulaire tels que "panier" ou "ballon" se sont ajoutés des termes abstraits qui font références à une connaissance grammaticale de base : "gauche", "droite", "à l'intérieur", et cetera ...

Au-delà de l'habileté des dauphins à répondre aux demandes des entraîneurs, Herman a démontré que ces animaux pouvaient créer des mouvements qui n'avaient pas fait l'objet d'un entraînement. Au cours d'une expérience, des mots comme "planche de surf", "nageoire dorsale", "toucher" sont transmis à l'un des dauphins de Herman. Au signal, l'animal nage vers la planche, se tourne sur le côté et le touche de sa nageoire dorsale – une réponse qu'on ne lui avait jamais enseignée.
Ethologie cognitive (2001)
Diana Reiss, directrice de recherche aux laboratoires Osborn de sciences marines de l'aquarium de New York United States, et Lori Marino, maître de conférences en neurosciences et biologie du comportement à l'université Emory, à Atlanta (Géorgie), ont imaginé un moyen de mettre en évidence les réactions, face à un miroir, de deux grands dauphins ("Tursiops truncatus") de l'aquarium de New York, à Brooklyn United States.

Elles ont tout d'abord faussement "marqué" ces grands mammifères à l'aide d'un feutre incolore. Puis elles ont dessiné de vrais taches (avec une encre non permanente) en différents endroits: au-dessus de l'œil, derrière l'orifice auditif, sous la nageoire pectorale ...

Après chaque contact avec le feutre, qu'il soit rempli d'encre ou d'eau, les deux dauphins pouvaient se déplacer dans un bassin où était placé un miroir, sous l'œil de caméras.

Les deux Américaines ont constaté que, non marqués, les dauphins passaient quelques instants devant le miroir puis s'en désintéressaient rapidement. Mais, lorsque leur corps portait des taches d'encre, ils se contorsionnaient longuement pour mieux s'observer dans le miroir. L'un d'eux a même effectué douze pirouettes de suite face à la glace ! Diana Reiss et Lori Marino racontent avoir vu un animal marqué sur la langue ouvrir et fermer plusieurs fois le bec devant le miroir _ un comportement jamais observé auparavant.
Psychologie comparée
Pour Diana Reiss et Lori Marino, "c'est la première preuve convaincante de la capacité d'une espèce non primate à se reconnaître dans un miroir". Ces conclusions sont pourtant mises en doute par d'autres scientifiques.

Parmi ceux-ci, l'inventeur du test de la tache colorée lui-même. Gordon Gallup, aujourd'hui professeur de psychologie à l'université d'Albany (Etat de New York), doute de la validité des déductions de Reiss et Marino. "Cette étude ne prouve pas de manière absolue que le dauphin reconnaît son image", objecte-t-il. "Ce n'est pas parce qu'il passe plus de temps devant le miroir, ou qu'il s'oriente de manière à apercevoir les marques, qu'il se reconnaît. Il se rend compte qu'il agit sur l'image en face de lui, mais cela n'implique en rien une quelconque reconnaissance de soi. Je n'ai pas besoin de savoir que c'est moi qui suis dans le miroir pour comprendre que je peux manipuler cette image: je lève un bras, et l'image lève un bras".

En somme, pour Gallup, le dauphin serait juste intrigué; il jouerait simplement à faire bouger les taches de l'animal en face de lui. "C'est exactement ce qui se passe avec les macaques rhésus, précise-t-il, des singes qui n'ont jamais réussi le test du miroir."

Cependant, l'étude des deux Américaines montre que le dauphin ne s'intéresse absolument pas aux marques faites sur son compagnon. "Pourquoi prête-t-il particulièrement attention à ses propres taches si ce n'est parce qu'il se reconnaît?" rétorque Diana Reiss.

Sur ce point, Gordon Gallup hésite: "Il est difficile de comprendre pourquoi les dauphins accordent un tel intérêt à leurs marques alors qu'ils ignorent celles des autres", reconnaît-il. Mais le psychologue soulève une autre objection: "Reiss et Marino ont relevé que les dauphins passent beaucoup de temps à examiner leurs taches. Or, les chimpanzés, qui se reconnaissent dans un miroir, perdent rapidement tout intérêt pour les marques une fois qu'ils ont compris qu'elles ne portaient pas à conséquence. Tout le monde aimerait croire que les dauphins sont des créatures très proches de nous ... Mais j'ai bien peur que la vérité soit moins poétique", conclut le chercheur.
Notion de conscience
Les divergences d'interprétation, qui tournent parfois à la polémique, sont monnaie courante dans ces disciplines complexes que sont l'éthologie cognitive et la psychologie comparée. Toute la question est de savoir dans quelle mesure le test de la tache permet d'établir un éventuel lien entre reconnaissance de soi et conscience de soi.

"Nous supposons que la plupart des animaux ne reconnaissent pas l'identité de l'image que leur renvoie le miroir parce qu'ils n'ont pas conscience de leur propre identité", écrivait Gordon Gallup, en 1998, dans Scientific American. Mais, des suppositions aux preuves, il y a ce long chemin que les chercheurs en éthologie et en psychologie comparée n'ont pas fini d'arpenter.

Coauteur d'une récente étude montrant que les grands dauphins sont capables d'interpréter spontanément différents symboles de la communication humaine, Robin Dunbar franchit le pas et affirme: "Si, les dauphins sont conscients ! Autrement, comment pourraient-ils répondre avec une telle flexibilité aux situations qui se présentent à eux ? On ne peut pas expliquer cela par de simples réactions mécaniques aux stimuli de l'environnement".

Mais c'est la notion même de conscience qu'il reste à définir clairement. "C'est un tel problème, avoue Robin Dunbar, que, de nos jours, les chercheurs en sciences cognitives n'osent même pas aborder."
Certains mammifères marins se reconnaissent
Comportements auto-dirigés chez des mammifères marins.

Dans les années 1990, des expériences du même ordre ont été menées sur des mammifères marins. Ken Marten, du Long Marine Laboratory (Université de Californie, Santa Cruz), a travaillé sur des lions de mer (Zalophus californianus), puis, avec Suchi Psarakos et Fabienne Delfour, sur les dauphins souffleurs (Tursiops truncatus) et les pseudorques (Pseudorca crassidens) au Sea Life Park (Hawaii). Fabienne Delfour a étudié les orques (Orcinus orca) au Marineland (Antibes, France).

Dans tous les cas, était recherchée la présence de comportements suggérant un auto-examen à partir de l'image spéculaire (dans le miroir) : bouger rythmiquement la tête, tirer la langue, émettre des bulles, jouer avec des objets, etc. Ces comportements étaient comparés à des situations sociales (confrontations à des congénères connus ou inconnus), afin de distinguer les comportements auto-dirigés des comportements sociaux.

La vidéo, en direct ou en différé

Ken Marten et Suchi Psarakos ont réalisé différentes expériences utilisant des vidéos sur quatre dauphins souffleurs. Soumis à leur image télévisuelle, ils ont manifesté des comportements auto-dirigés en temps réel mais pas en différé (lorsqu'ils voyaient une image préenregistrée d'eux-mêmes).

Ces mêmes dauphins se sont positionnés de façon à pouvoir observer la partie de leur corps marquée et ont utilisé l'angle de prise de vue (frontal et latéral) de façon à poursuivre leur examen lorsqu'ils étaient soumis à leur image en direct.

L'absence de comportements sociaux et la présence de comportements auto-dirigés et contingents ont permis de conclure que les dauphins percevaient leur image télévisuelle comme une représentation d'eux-mêmes et non comme celle d'un congénère.
Vidéo et signature sifflée
On peut encore aller plus loin. Les dauphins possèdent en effet une signature sifflée individuelle. Avec Ken Marten, l'un d'entre nous (F. Delfour) a testé leur capacité à associer une signature sifflée à la représentation visuelle du dauphin émetteur du sifflement.

Nous avons demandé à des sujets d'associer d'une part un sifflement de dauphin avec la séquence vidéo de ce dauphin, d'autre part une voix humaine avec la séquence vidéo de cette personne. Pour cela, nous avons utilisé pour la première fois un écran tactile sous-marin qui permet de projeter des images.

Les dauphins ont montré un vif intérêt et une aptitude à utiliser de façon adéquate ce nouvel outil en associant le bon son à la bonne séquence vidéo. Ces premiers résultats valident l'utilisation du dispositif. Ils ouvrent de grandes perspectives car c'est la première fois que l'on démontre que les dauphins sont capables de se reconnaître sur des séquences vidéo et d'associer la bonne signature sifflée à l'animal qui la produit.
Echange avec des marsouins
Début 2016, Kylie, un dauphin solitaire, serait capable de "discuter" avec des marsouins en reproduisant les sons spécifiques à cette espèce.

Kylie, le dauphin commun à bec court (Delphinus delphis) avec des marsouin (Phocoena phocoena).

Sur la côte ouest de l'Ecosse Ecosse se trouve le Firth of Clyde, une vaste étendue d'eau salée qui abrite des milliers de marsouins communs (harbour Porpoise) et un dauphin femelle : Kylie.

Kylie, le dauphin commun à bec court (Delphinus delphis) avec des marsouin (Phocoena phocoena).

Kylie n'a pas été vue avec d'autres dauphins communs à bec court (Delphinus delphis) depuis au moins quatorze ans, mais elle est loin d'être seule. Par temps clair, les visiteurs de la marina du Clyde peuvent parfois voir Kylie nager avec des marsouins communs (Phocoena phocoena), des cousins cétacés qui font environ les deux tiers de sa taille.

Telle une fille adoptive, Kylie ne siffle pas comme tous les dauphins de son espèce (L.F., Low Frequencies ou Basses Fréquences allant de 50 à 100 kHz). A la place, elle "parle" plutôt comme un marsouin commun, espèce qui communique en utilisant des salves de clics aigus (H.F. ou Hautes Fréquences comprises entre 100 & 150 kHz).

Comparaison de vocalise entre un marsouin & Kylie le dauphin.

La fréquence correspond à l'intonation & au timbre de la voix (grave ou aigu, masculine ou féminine). "S'ils étaient des chanteurs, Kylie serait Pavarotti et les marsouins seraient Mariah Carey. Il est clair que les espèces dans la nature interagissent plus que nous ne le pensions", affirme Denise Herzing, experte du comportement des dauphins.

Comparaison de vocalise entre un marsouin & Kylie le dauphin.

Il y a des années, le dauphin solitaire du Firth of Clyde avait élu domicile autour d'une bouée à l'embouchure du loch de Kyles of Bute : les habitants du coin ont donc décidé de la baptiser Kylie. Selon David Nairn, fondateur et directeur du Clyde Porpoise, une organisation locale dédiée à l'étude et à la protection des mammifères marins, personne ne sait d'où elle vient, ni pourquoi les dauphins sont parfois isolés.

Aux clics émis en H.F., en Hautes Fréquences par le marsouin (signal ci-dessous de gauche), Kylie répond en LF. & H.F, en basses & fréquences (signal ci-dessous à droite). Alors que le marsouin émet une seule impulsion propre (un pic), Kylie l'imite comme elle le peut sous la forme de deux larges impulsions (deux pics). Pour Kylie la fréquence (ou voix) émise par le marsouin est difficilement imitable, mais tente de s'en approcher le plus possible.

Comparaison de vocalise entre un marsouin & Kylie le dauphin.

En présence du marsouin, Kylie le dauphin communique par clics, en s'approchant au plus près des 100 à 150 kilohertz, la gamme de fréquences perçue par le marsouin.

Kylie le dauphin communique avec le marsouin.

Nairn a emprunté un hydrophone et l'a attaché à l'arrière de son yacht à voile, le Saorsa. Il a ainsi enregistré des audios de plusieurs rencontres entre Kylie et des marsouins entre 2016 et 2018.

Mel Cosentino, qui était alors doctorante à l'université de Strathclyde à Glasgow, a analysé des milliers de clics de cétacés dans ces enregistrements.

Alors que les dauphins sifflent en quasi permanence, les marsouins ne le font jamais. Ils communiquent exclusivement par le biais de clics à bandes étroites de haute fréquence, avec des pics d'amplitude entre 8 et 15 à environ 130 kilohertz.

Dans les enregistrements, Cosentino a détecté des clics à plus basse fréquence (en L.F.) qui correspondent à ceux des dauphins communs. Mais même lorsque Kylie semblait être seule, elle trouvait des clics avec des pics d'amplitude de huit ou plus, qui atteignaient les 130 kilohertz (en H.F.) : la fréquence de communication des marsouins.

Cosentino a observé que les échanges entre Kylie et les marsouins avaient le rythme d'une "conversation" entre les membres d'une même espèce (chacun son tour, avec très peu de chevauchements) même si, bien sûr, nous ne savons pas si les clics de marsouins de Kylie réussissent à transmettre des informations compréhensibles.

Quoi qu'il en soit, ce comportement représente une "tentative" de communication que les "marsouins reconnaissent probablement", selon Denise Herzing, directrice de recherche du Wild Dolphin Project qui a étudié le comportement des dauphins aperçus dans l'Atlantique aux Bahamas Bahamas pendant près de trente ans. Herzing félicite les auteurs de cette étude pour leur conception expérimentale en milieu naturel, qu'elle juge ingénieuse.

Il est possible de distinguer Kylie grâce à son accent. "On entend encore qu'elle a du mal" à atteindre un son aussi aigu que celui des marsouins, ajoute Cosentino. Les pics de ses clics ne sont pas aussi précis qu'ils devraient l'être, et certains sons de basse fréquence se mélangent aux notes aiguës.

"Les cétacés en captivité sont de très bons imitateurs vocaux", note Herzing, en faisant notamment référence à des orques et des bélugas qui imitaient leurs compagnons d'aquarium, des grands dauphins Tursiops. Une étude bioacoustique réalisée en 2016 a également révélé qu'un dauphin de Risso élevé dans un parc marin italien Italie sifflait davantage comme les Tursiops avec lesquels il avait été élevé que comme les membres sauvages de sa propre espèce.

Les adoptions inter-espèces bien documentées démontrent également que la division des espèces pourrait ne pas être aussi nette que nous ne le pensions. Par exemple : un banc de bélugas canadiens a recueilli un petit narval, et un dauphin à long bec a vécu parmi des Tursiops de Tahiti Polynésie française pendant vingt ans.

En plus de ses tentatives de communication, Kylie se rapproche des marsouins d'autres manières. à plusieurs reprises, Nairn a vu des marsouins femelles mener leurs petits pour interagir avec Kylie. Les petits marsouins restant généralement très proches de leur mère jusqu'à leur sevrage, Nairn a été surpris de les voir nager en échelon avec le dauphin, c'est-à-dire juste derrière sa nageoire pectorale : position qui, selon les chercheurs, est l'équivalent de "porter" un bébé pour les cétacés.
Disparition d'appâts de pièges à crabes
Le 25 novembre 2023, le défenseur de la nature Rodney Peterson & les cinéastes de Dolphin Discovery Center, capture des images rares d'un comportement étrange de la part des dauphins sur la côte ouest de l'Australie.

Des caméras filme un dauphin tirant l'appât d'un casier à crabes dans la baie de Koombana.

Les Grands dauphins (Tursiops truncatus) de la région de Bunbury & les pêcheurs se livrent à une bataille d'appâts. Les dauphins finissent par plonger pour attraper les poissons morts, avant que les arthropodes à pinces n'arrivent.

Dauphin subtilisant un appât d'un piège à crabes.

Les dauphins utilisaient leurs mâchoires, leur museau et leurs dents pour retirer les appâts des pièges. Même si l'appât était fixé au fond du pot ou placé à l'intérieur de boîtes, les dauphins n'ont pas tardé à ouvrir les boîtes et à retourner les pièges.

Delphine Chabanne qui étudie le comportement animal & l'écologie (Université Murdoch, Australie Australie), et Simon Allen, spécialiste du comportement des dauphins, notent tous deux qu'ils n'ont jamais été en mesure d'observer un comportement d'une telle complexité.

Alex Grossman, cinéaste bénévole pour le projet, explique qu'étant donné que seuls quelques dauphins adoptent ce comportement, il est possible que ces créatures le fassent par commodité ou pour s'amuser, plutôt que par la faim. Il semble également qu'une mère et son fils étaient à la tête de la bande de voleurs d'appâts.
Museau comme détecteur d'électricité
Les biologistes marins Guido Dehnhardt & Tim Hüttner (Université de Rostock, UR, Allemagne Allemagne) ont révélé le 02 décembre 2023 que les dauphins avaient une aptitude supplémentaire qui évolue au fur et à mesure de leur croissance dans l'espace où se trouvaient autrefois leurs petites moustaches. Ce super sens pourrait les aider à naviguer & à trouver des sources de nourriture cachées.

Le système d'écholocation (ou sonar) du dauphin, lui permet de distinguer une balle de golf d'une balle de ping-pong sous l'eau, en se basant sur la densité des deux objets.

Des chercheurs de l'Université de Rostock ont examiné la capacité chez le dauphin de percevoir de faibles champs électriques. Ils se sont aperçus que les petites cavités qui restent lorsque les jeunes grands dauphins perdent les fines moustaches qu'ils portent à la naissance, ressemblaient aux structures qui permettent aux requins de détecter les champs électriques et ils ont conçu une expérience pour vérifier si elles remplissaient la même fonction chez les dauphins.

Dauphin (Trusiops truncatus) Kai dans l'appareillage expérimental. Une électrode est visible au-dessus du bec.

Ils ont d'abord entraîné deux dauphins du zoo de Nuremberg à poser leurs mâchoires sur une barre métallique immergée dans un bassin. Ils les ont ensuite entraînés à s'éloigner dès qu'ils percevaient un courant électrique produit juste au-dessus de leur museau. L'un des dauphins était capable de percevoir des signaux de seulement 5,5 microvolts/cm, tandis que l'autre était encore plus sensible, détectant un courant de 2,4 microvolts/cm. Un microvolt est égal à un millionième de volt.

Les dauphins ont également fait preuve d'une grande réactivité lorsque les chercheurs ont pulsé le courant électrique au lieu de le maintenir constant. Selon eux, cette méthode ressemble davantage au type de champ électrique faible et inconstant qui serait émis par les poissons dont les dauphins sont les proies.

"La sensibilité aux champs électriques faibles aide le dauphin à rechercher les poissons cachés dans les sédiments sur les derniers centimètres avant de les attraper. C'est assez différent de l'utilisation de ce sens chez les requins, qui peuvent l'utiliser pour détecter les champs électriques des poissons jusqu'à une distance de 70 cm."
Guido Dehnhardt, coauteur de l'étude.

Dauphin (Trusiops truncatus) Dolly reposant sa mâchoire sur une barre, prêt à tester sa sensibilité à un champ électrique.

Fausse orque

Conscience

Intelligence animale
La fausse orque, appelée faux épaulard ou pseudorque (Pseudorca crassidens), est une espèce du sous-groupe des odontocètes (cétacés à dents), est fait partie de l'une des 31 espèces de delphinidés.

L'espèce est réputée pouvoir être présente dans toutes les eaux tropicales et tempérées profondes. Leur population est estimée à environ 16 000 individus dans le littoral chinois Chine et japonais Japon. Elle est très rarement observée près des côtes, sauf lors d'échouages.

Répartition géographique de la fausse orque.

Ce sont des animaux sociables, formant des groupes comprenant jusqu'à plusieurs centaines d'individus.

Cette espèce est parfois capturée pour les delphinariums, car elle est réputée facile à dresser.

Fausse orque dans un delphinarium (Okichan Theater).

Comme l'orque, c'est une redoutable prédatrice. Ses proies préférées sont la bonite et le thon, mais elle n'hésite pas à s'attaquer à des dauphins, et parfois des requins ou de jeunes baleines.

Fausse orque (à gauche) avec un grand dauphin (à droite) dans un delphinarium.

Fausse orque (à gauche) avec un grand dauphin (à droite) dans un delphinarium.

La pseudorque est entièrement noire ou gris foncé avec une tache plus claire en forme de M qui varie du gris au blanc entre les pectorales et jusqu'aux parties génitales. Ce "gros dauphin" n'a pas du tout de rostre et possède un melon arrondi. Ses mâchoires et sa tête sont plutôt petites par rapport au reste du corps. Ce n'est pas un animal trapu et robuste comme l'orque mais plutôt un cétacé au corps allongé et fin.

Le croisement est possible entre la fausse orque et le grand dauphin. Ce cétacé hybride est appelé wholphin, balphin ou whalphin. Il n'en existe actuellement (décembre 2021) que deux spécimens vivants (une femelle & sa fille) en captivité, au Sea Life Park d'Hawaï île américaine United States au milieu de l'océan Pacifique.

Fausse orque

Au large de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande en 2010, un groupe de touristes a été témoin de l'attaque d'un groupe d'orques sur un groupe de pseudorques, les orques ayant fait un carnage en tuant quasiment toutes les pseudorques.

Ce comportement n'est pas commun et les scientifiques pensent que la baisse des ressources naturelles en est la cause.

Orque

Comportement social

Description
L'orque, ou épaulard (Orcinus orca), est une espèce de mammifères marins du sous-ordre des cétacés à dents.

Comparatif de taille entre une orque & un être humain.

Elle a une répartition cosmopolite; elle vit dans les régions arctiques et antarctiques jusqu'aux mers tropicales.

Les orques sont fortement sociables; certaines populations sont composées de plusieurs familles matrilinéaires qui sont parmi les plus stables de toutes les espèces animales. Les techniques de chasse sophistiquées et les comportements vocaux, qui sont souvent spécifiques à un groupe particulier et sont transmis à travers les générations, ont été décrits par les scientifiques comme des manifestations culturelles.

Actuellement, neuf écotypes (espèces) d'orques sont décrits et bien documentés, correspondant à neuf populations distinctes, réparties dans trois océans.

Dans l'océan Pacifique nord : on distingue les orques "résidentes" (groupes bien structurés proche de l'Alaska United States), les orques "nomades" (Californie & Alaska United State), & les orques de "haute mer" (groupe de 20 à 75 individus).

Dans l'océan Atlantique nord : orques "résidentes" (Norvège Norvège, Ecosse Ecosse & Islande Islande) & les orques "nomades" (très peu étudiées).

Dans l'océan Antarctique : orques "nomades" de type A (groupe de 10 à 60 individus), orques de type B (détroit de Gerlache), orque de type C (mer de Ross), orques de type D (zone subantarctique).

Quatre espèces différences d'orques en Antarctique.

Bien que les documents mentionnent neuf écotypes d'orques, il faut savoir qu'il y en a, en fait, beaucoup plus : orques de Patagonie en Argentine Argentine, orques de Méditerranée, orques d'Hawaï United States, orques au large du Chili Chili, Mexique Mexique, orques des eaux japonaises Japon, orques de Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande (qui se nourrissent principalement de raies), orques de Russie Russie, orques au large des îles Canaries Espagne... Il reste beaucoup à écrire et à étudier sur les différents écotypes d'orques.

Conscience de soi

Test de la tache
Docteur Fabienne Delfour, depuis le Laboratoire de Biologie du Comportement, Université Grenoble 2.

Femelle orque
20 septembre 1995, l'orque femelle marquée sur son rostre avec deux crèmes antiseptiques qui contrastent avec la pigmentation naturelle de la peau.

Femelle orque
L'orque s'examine de face dans un miroir; on peut encore voir des traces de coloration sur sa peau.

Femelle orque
Une femelle orque se regarde dans le miroir.

Femelle orque
Une femelle orque tire la langue face à son image.

Reste que, dès lors que l'on s'attache à analyser les phénomènes de conscience et de conscience de soi, le recours à d'autres indices que celui de la reconnaissance de soi est indispensable (voir le tableau ci-dessous).

Il faut ainsi comprendre si un sujet se représente ce que l'autre sait ou ne sait pas, c'est-à-dire lui attribuer des états mentaux.

Certains chercheurs qui travaillent sur les primates non humains sont encore très partagés sur les résultats obtenus, notamment pour la présence effective de certains états mentaux chez les gorilles et les singes capucins ; par exemple ces derniers ne parviennent pas à reconnaître leur image dans le miroir. L'attribution d'états mentaux chez les mammifères marins demeure pour sa part encore inexplorée; c'est un sujet très difficile qui suscite beaucoup de débats dans la communauté des cétologues et qui soulève de nombreuses difficultés expérimentales.
Indices suggérant l'existence d'une conscience (de soi)
Indices suggérant l'existence d'une conscience.
Comportement social
Les orques chassent les mammifères marins tels que les phoques et lions de mer en rôdant très près des plages, et en utilisant la technique d'échouage sur le rivage.

L'orque est l'une des rares espèces qui transmettent leur savoir aux générations suivantes. Des scientifiques ont observé des orques femelles enseigner l'échouage volontaire à des groupes de jeunes orques. Cet apprentissage peut durer vingt ans. Les orques de Norvège Norvège chassant le hareng utilisent la technique dite du "carrousel" : pour rassembler les harengs en une masse compacte près de la surface, ils nagent en contournant le banc de harengs, présentant leur abdomen blanc aux poissons, et tapent avec leur nageoire caudale sur cette masse pour les assommer ("L'apprentissage chez les orques (Orcinus orca) en captivité", Delphine Sarran, thèse Université Paul-Sabatier de Toulouse, 2002, page 39).

Orques sautant hors de l'eau.

Le besoin social des orques est un instinct dominant très fort. Les familles d'orques passent de longues heures à communiquer et à se caresser chacune. Ce contact influence l'état moral, la durée de vie et la santé des spécimens, et conditionnent leurs méthodes de chasse ("Plus que tout, les orques ont besoin de leur groupe pour survivre", sur National Geographic France, 6 juin 2019).

On distingue trois types d'orques bien définis :

_les orques "nomades" sont constamment en déplacement et silencieuses. Elles sont parfois solitaires, ou en petits groupes de deux à sept individus. Leurs sons ne s'entendent que lors des repas. Ce sont ces orques qui s'attaquent aux mammifères marins de grande taille. Elles possèdent un aileron pointu et droit;

_les orques "résidentes" reviennent à chaque période donnée dans la même zone, ce qui rend leur étude assez simple. Elles vivent en groupes de cinq à cinquante individus dirigés par la doyenne des femelles. Elles se nourrissent de saumons et autres poissons, mais elles ont aussi été observées chassant des mammifères marins. Les résidentes vocalisent sans cesse et chaque groupe peut être reconnu par son dialecte unique. Elles utilisent fréquemment l'écholocation qui consiste à émettre des petits sons semblables à des clics et ensuite écoutent leur écho ce qui leur permet de détecter les proies et de se repérer en eaux troubles;

_les orques "offshore" sont majoritairement piscivores et vivent en troupe de trente à soixante individus. Elles n'ont été découvertes qu'en 1988 au large de la Colombie-Britannique au Canada Canada. Le type "offshore" ressemble plus aux résidentes qu'aux nomades; en effet, la taille des groupes semble assez similaire, leur nageoire dorsale et leur selle grise ont presque la même taille. Elles vocalisent constamment, comme les résidentes. Leur régime demeure cependant un mystère; il semble qu'elles se nourrissent principalement de poisson.

En Norvège Norvège les orques utilisent une technique de chasse dite "du carrousel" pour se repaître (nourrir) de harengs. Les individus coopèrent pour se déplacer en communiquant pour prendre des décisions. Cette technique se déroule en deux phases : le rassemblement des poissons, puis l'alimentation ("Technique de chasse : le carrousel de l'orque de Norvège", Violaine, sur https://animauxmarins.fr/, 28 novembre 2022).

En Arctique, les orques coopèrent, pour créer un courant marin induisant des vagues pour déloger les phoques réfugié sur un morceau de banquise dérivant.
Sociabilité
Roberto "Beto" Bubas, garde de la réserve de la péninsule de Valdés (Patagonie argentine Argentine), passionné par les orques de la région, a établi avec elles une relation en n'hésitant pas à se mettre à l'eau avec elles et à les toucher. Il a ainsi pu les étudier de très près, étudiant leur technique de chasse au loup ou à l'éléphant de mer par échouage, jouant à leur faire rapporter des algues, analysant leur structure sociale de groupe de familles dominées par les femelles, identifiant et nommant les individus… L'expertise reconnue de Roberto Bubas lui vaut d'intervenir dans de nombreux pays pour y contribuer à la connaissance des orques ("El amante de las orcas que salvó a un niño autista", El Mundo, 8 mai 2016).

En captivité, elle peut attaquer l'Homme, mortellement dans de rares cas.

Ainsi trois dresseurs ont été tués par leurs orques. En 1991, l'orque Tilikum, arrachée à son milieu naturel très jeune, tue sa dresseuse Keltie Byrne au parc de Sealand of the Pacific. En 2009, une orque attire son dresseur Alexis Rodriguez au fond de l'eau et le noie au Loro Parque en Espagne Espagne (l'autopsie révélera des blessures). En 2010, Tilikum, qui avait été déplacée au parc de SeaWorld Orlando en Floride United States, après avoir tué sa dresseuse en 1991, attaque mortellement sa dresseuse Dawn Brancheau durant un spectacle. Tilikum avait en outre été impliquée dans la mort présumée accidentelle (hypothermie) d'un homme qui s'était introduit illégalement et en pleine nuit dans le bassin des orques en 1999. En 2013, le film documentaire américain "Blackfish" ("L'Orque tueuse" en français), réalisé par Gabriela Cowperthwaite, revient sur ces trois incidents, dénonçant les effets néfastes de la captivité des orques.

En janvier 2023, il existe treize delphinariums qui maintiennent captifs et exploitent des orques à travers le monde :
_Chimelong Ocean Kingdom (Hengqin, République populaire de Chine Chine)
_Shanghai Haichang Ocean Park (Shanghai République populaire de Chine Chine)
_Kamogawa Seaworld (Kamogawa, Japon Japon)
_Aquarium du port de Nagoya (Nagoya, Japon Japon)
_Moskvarium (Moscou, Russie Russie)
_Loro Parque (Puerto de la Cruz, Espagne Espagne)
_Marineland d'Antibes (Antibes, France France)
_Mundo Marino (San Clemente del Tuyú, Argentine Argentine)
_Miami Seaquarium (Virginia Key, Etats-Unis United States)
_SeaWorld San Diego (San Diego, Etats-Unis United States)
_SeaWorld Orlando (Orlando, Floride, Etats-Unis United States)
_SeaWorld San Antonio (San Antonio, Etats-Unis United States).

Otarie

Relations sociales

Sens du rythme
Le 25 février 2014, la spécialiste de "biomusique" Patricia Gray (Université de Caroline du Nord, Greensboro, Etat-Unis United States) et le psychologue Edward Large (Université du Connecticut) ont présenté à Chicago, lors de la conférence de l'Association américaine, une étude concernant les singes bonobos présents dans un sanctuaire proche de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo République Démocratique du Congo (RDC).

Des travaux similaires ont porté sur une otarie, Ronan, qui n'avait pas, contrairement aux bonobos, une compétence rythmique innée, mais qui avec de l'entraînement, a fini par dodeliner (balancer lentement & régulièrement) de la tête en rythme, ce qui suggère que le sens du rythme chez les animaux pourrait être plus largement partagé que l'on ne pensait.

Pieuvre

Conscience

Intelligence des céphalopodes
L'intelligence des céphalopodes est la capacité de ces derniers à s'adapter et à complexifier leur comportement en fonction des événements de leur environnement. Reposant sur un système nerveux fondamentalement différent de celui des vertébrés, son étude d'un point de vue comparatif permet une meilleure compréhension de l'intelligence de ceux-ci et donc de l'humain.

Les représentants de la classe des céphalopodes, en particulier ceux de la sous-classe des Coléoïdes (seiches, calmars et pieuvres), sont considérés comme les plus intelligents des invertébrés et comme un exemple de l'évolution cognitive.

Pieuvre gé ante du Pacifique.

Les pieuvres géantes du Pacifique ont appris à ouvrir des pots, à imiter d'autres pieuvres et à résoudre des labyrinthes lors de tests menés en laboratoire.
Astuce du poulpe
On retrouve chez Pline l'Ancien (historien romain, 113 ans av. J.-C.), et son "Histoire naturelle", l'anecdote suivante :

"Le coquillage n'a ni la vue ni aucune autre sensation que celle qui lui fait connaître l'aliment et le danger. En conséquence, les poulpes guettent le moment où il est ouvert, et mettent un petit caillou entre les valves, mais en dehors du corps même de l'animal, de peur qu'il ne chasse le caillou par ses contractions : dès lors ils attaquent leur proie avec sécurité, et ils extraient les chairs; l'animal se contracte, mais en vain; un coin rend ses efforts inutiles. Tant est grande l'habileté des animaux même les plus stupides !"

Pieuvre ou poulpe (Octopus marginatus).
Opération camouflage
A ce jour, la pieuvre est le seul invertébré à avoir démontré sa capacité à faire usage d'outils. Au moins quatre spécimens d'Octopus marginatus ont été observés alors qu'ils manipulaient des coquilles de noix de coco pour s'en faire une sorte de carapace protectrice.

La découverte de ce comportement a été rapportée par le journal "Current Biology" et a aussi été filmée. Beaucoup d'autres invertébrés usent de divers objets pour s'en faire des coquilles ou un camouflage, mais ces comportements sont loin d'égaler celui de la pieuvre en complexité.

Un coquillage qui sert de camouflage au poulpe.
Sortir d'un bocal au couvercle vissé








Poisson cichlidé

Conscience

Mémoire des visages
Poisson cichlidé africain natif du lac Tanganyika en Afrique de l'Est.

Certains poissons cichlidés africains natifs du lac Tanganyika en Afrique de l'Est sont capables de faire la différence entre un poisson familier et un étranger grâce à leurs caractéristiques faciales.

Des études ont montré qu'ils passaient plus de temps à surveiller les mouvements des étrangers que ceux des poissons qu'ils connaissent.

Poisson nettoyeur

Conscience

Intelligence animale
Poisson nettoyeur (Labradoides dimodiatus).

Le labre nettoyeur (Labroides dimidiatus) est une espèce de poissons des mers tropicales de l'Indo-Pacifique qui entretient des relations inter-espèces mutualistes particulières : les espèces marines plus grandes laissent ce poisson les débarrasser de leurs parasites et peaux mortes, qui constituent l'essentiel de sa nourriture ["Poisson nettoyeur", Aquarium La Rochelle, sur aquarium-larochelle.com].

Poisson nettoyeur (Labradoides dimodiatus).

On le rencontre dans les fonds récifaux coralliens entre 2 et 30 m de profondeur ["Guide des récifs coralliens : la faune sous-marine des coraux" (Barriere corraline), Andrea et Antonella Ferrari (traduit de l'italien par Dominique Le Bouteiller Johnson), Paris, Delachaux et Niestlé, collection "Les compagnons du naturaliste", 2000 (1re édition 1999), page 288].

Poisson nettoyeur (Labradoides dimodiatus), sur la main.

D'une taille moyenne de 10 cm (14 cm max), c'est un petit labre au corps allongé, reconnaissable à la large bande noire longitudinale qui traverse son flanc et son œil, le dos et le ventre étant blancs (le dos parfois légèrement jaunâtre). Ce blanc évolue vers un bleu vif sur la partie antérieure de l'animal, alors que la bande noire s'élargit au niveau de la queue.

Couple de labres nettoyeurs & un chirurgien blanc.

C'est le seul poisson à avoir obtenu un résultat positif au test du miroir ["Cleaner wrasse pass the mark test. What are the implications for consciousness and self-awareness testing in animals?"; Masanori Kohda, Hatta Takashi, Tmohiro Takeyama et Satoshi Awata; bioRxiv,‎ 21 août 2018, pages 397067],["Le labre nettoyeur, ce poisson qui se reconnaît dans la glace", Nathaniel Herberg, sur lemonde.fr, Le Monde, 19 février 2023].

Poissons nettoyeurs faisant la toilette d'un couple de Yellowsaddle goatfish.

Les juvéniles sont noirs avec une ligne bleu électrique.

Le poisson nettoyeur faisant la toilette buccale de la murène de Java aux Maldives.

Certains petits crustacés (copépodes, isopodes et ostracodes) se développent dans les zones dépourvues de protection comme les écailles, au niveau des branchies, dans la cavité buccale, au niveau des nageoires, et entre les écailles elles-mêmes.

Poisson nettoyeur (Labradoides dimodiatus), au Komodo.

Le petit labre est célèbre pour sa capacité à débarrasser les poissons du récif de leurs parasites et tissus morts (écailles, morceaux de peau…)["La grande encyclopédie des animaux", Marie-Paul Zierski et Philipp Röhlich, Terres éditions, juillet 2019, page 320].

Le poisson nettoyeur faisant la toilette buccale de la murène géante.

Raie manta

Conscience

Intelligence animale
La raie manta comporte deux espèces. La plus grande, Manta birostris, atteint 7 m de large tandis que la plus petite, Manta alfredi, atteint 5,5 m. Les raies de ce genre se caractérisent par des nageoires pectorales triangulaires, des nageoires céphaliques qui font penser à des cornes et une grande gueule orientée vers l'avant du corps. La raie manta appartient au même groupe que le requin.

Répartition géographique des raies mantas birostris.

Les raies mantas vivent dans les eaux tropicales et subtropicales dans les principaux océans du monde, et s'aventurent parfois dans des eaux tempérées. Au plus loin de l'équateur, on a vu des raies mantas en Caroline du Nord, aux Etats-Unis United States, au nord (31°N), et au large de l'île du Nord en Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande (36°S) au sud.

Elles préfèrent des températures de l'eau de plus de 20°C ("Sharks, Rays, and Chimaeras of California", University of California Press, 2003, page 284) et Manta alfredi vit principalement dans des eaux tropicales ("Redescription of the genus Manta with resurrection of Manta alfredi", A. D. Marshall, L. J. V. Compagno, M. B. Bennett; Krefft, 1868).

Les deux espèces sont pélagiques (haute mer). Manta birostris vit principalement en eau libre dans les océans, voyageant avec les courants et migrant vers les zones où les remontées d'eaux riches en nutriments accroissent la concentration des proies ("Seasonal occurrences of Manta birostris (Chondrichthyes: Mobulidae) in southeastern Brazil"; Luiz Jr, O. J., Balboni, A. P., Kodja, G., Andrade, M. et Marum, H.; Ichthyological Research, volume 56, n°1,‎ 2009, pages 96–99).

Vue de côté de Manta birostris, Ko Hin Daeng, parc national de Ko Lanta, Thaïlande.

Le nom "manta" est d'origine portugaise Portugal et espagnole Espagne et signifie "couverture". Ce terme désigne également un piège en forme de grande cape utilisée traditionnellement pour attraper les raies. Les raies mantas sont connues sous le nom de "diable de mer" du fait de leurs nageoires céphaliques en forme de corne, qui rappelle le démon ("Sharks, Skates, and Rays of the Gulf of Mexico : A Field Guide", Ray Parsons, Univ. Press of Mississippi, 2006).

Manta alfredi avec les nageoires céphaliques enroulées (Yap, Micronésie).

Du fait de leur taille, il est rare que les raies mantas soient gardées en captivité et peu d'aquariums en présentent des spécimens. Un individu notable parmi ceux détenus en captivité est "Nandi", une raie manta qui a été accidentellement prise dans des filets contre les requins au large de Durban, en Afrique du Sud Afrique du Sud, en 2007.

Manta alfredi avec les nageoires céphaliques enroulées (Yap, Micronésie).

Elle a été conduite et élevée au uShaka Marine World, puis elle a été déplacée vers l'aquarium de Géorgie, plus grand, en août 2008, où elle réside dans son exhibition, "Ocean Voyager", de 23 848 m3. Une seconde raie manta a rejoint cet aquarium en septembre 2009, puis une troisième en 2010.

Manta birostris nageant dans le parc national de Ko Lanta, Thaïlande.

L'Atlantis resort sur Paradise Island, aux Bahamas Bahamas, a abrité une raie manta nommée "Zeus" qui a été étudié durant trois ans avant d'être relâchée en 2008 ("Giant manta ray released after years of research", USAToday.com, 8 mai 2008. L'Aquarium Churaumi d'Okinawa Japon présente également des raies mantas dans le réservoir "Kuroshio Sea", un des plus grands aquariums du monde. La première naissance d'une raie manta en captivité a eu lieu dans cet aquarium en 2007. Bien que le petit n'ait pas survécu, l'aquarium a depuis vu la naissance de trois petites raies, en 2008, 2009, et 2010.

Raie manta mobula avec une face dorsale noire.

Les lieux dans lesquels les raies mantas se regroupent attirent les touristes, et l'observation des raies mantas peut apporter des revenus intéressants aux populations locales ("Ecology and social behavior of a resident manta ray (Manta alfredi) population off Maui", Hawai'i, ResearchGate, 2010):19. De tels sites touristiques existent aux Bahamas Bahamas, aux îles Caïmans Les îles Caïmans, en Espagne Espagne, aux Fidji Les îles Fidji, en Thaïlande Thaïlande, en Indonésie Indonésie, à Hawaï United States, en Australie occidentale Australie et aux Maldives Maldives.

Les raies mantas sont populaires du fait de leur énorme taille et du fait qu'elles s'habituent facilement à la présence des humains. Les plongeurs peuvent avoir la chance de voir les raies mantas se rendre dans des stations de nettoyage et les plongées de nuit offrent l'opportunité à leurs pratiquants de voir les raies mantas en train de se nourrir du plancton attiré par les lumières ("Kona, Hawaii Scuba Diving", Kona Honu Diving).

Raie manta.
Comportement
En 2015, des scientifiques ont publié une étude où des raies manta ont démontré des comportements associés avec la conscience de soi. Placés dans un test du miroir, les individus ont démontré un comportement inhabituel, apparemment destiné à vérifier si le comportement de leur reflet correspond toujours à leurs propres mouvements (https://link.springer.com/article/10.1007/s10164-016-0462-z).

Les anciens Péruviens Moche Pérou représentaient souvent les animaux marins. Leur art dépeint régulièrement les raies mantas ("The Spirit of Ancient Peru : Treasures from the Museo Arqueológico Rafael Larco Herrera", Kathleen Berrin, Thames and Hudson, 1997, page 216).

Seiche

Conscience

Intelligence des céphalopodes
L'intelligence des céphalopodes est la capacité de ces derniers à s'adapter et à complexifier leur comportement en fonction des événements de leur environnement. Reposant sur un système nerveux fondamentalement différent de celui des vertébrés, son étude d'un point de vue comparatif permet une meilleure compréhension de l'intelligence de ceux-ci et donc de l'humain.

Les représentants de la classe des céphalopodes, en particulier ceux de la sous-classe des Coléoïdes (seiches, calmars et pieuvres), sont considérés comme les plus intelligents des invertébrés et comme un exemple de l'évolution cognitive.

Tortue

Conscience

Experte de la tablette tactile
L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

En 2014, l'éthologue Anna Wilkinson (Université du Wymoning aux Etats-Unis United States ou Université Lincoln au Royaume-Uni Royaume-Uni), a appris à Esme l'une des pensionnaires du laboratoire, à utiliser son écran tactile pour obtenir une fraise.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

La tâche n'est a priori pas tellement difficile à réaliser : Esme doit appuyer de son bec sur un triangle rouge, puis, lorsque deux ronds bleus apparaissent sur l'écran, elle doit appuyer sur celui de gauche.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

Les tortues ne sont guère réputées pour leur intelligence ou leurs capacités à se repérer dans l'espace. à l'exception des tortues de mer qui effectuent de longs trajets pendant leurs migrations, ces reptiles n'ont pas besoin de capacités particulières pour se repérer, puisque leur domaine vital est réduit et qu'elles ne se déplacent pas sur de grandes distances.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

Les tortues charbonnières à pattes rouges, espèce à laquelle appartient Esme, sont pourtant capables, dans un labyrinthe en étoile comportant huit branches, de garder en mémoire, après un seul essai, différents emplacements contenant ou non de la nourriture.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

Elles peuvent même apprendre le chemin correct vers un but simplement en observant un congénère. Par ailleurs, elles font preuve de flexibilité dans leurs apprentissages, puisqu'elles rejoignent encore leur but lorsqu'elles doivent faire des détours par rapport au chemin suivi par celle qu'elles ont observée.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

Ces tortues charbonnières à pattes rouges vivent en Amérique du Sud et Amérique centrale et ont été choisies pour plusieurs études, car elles présentent plusieurs avantages pour les recherches. Elles sont relativement actives et rapides (jusqu'à 85 mètres par heure, une vitesse honorable pour une tortue), ont une bonne vision, et détail qui a son importance, se laissent facilement motiver par une récompense alimentaire : ces tortues omnivores sont surtout frugivores et s'acquittent efficacement de diverses tâches pourvu qu'on les récompense avec des fraises, des champignons ou du maïs.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

Dans l'étude à laquelle Esme a participé, quatre tortues ont été entraînées à toucher de leur bec une cible sur l'écran tactile, afin de recevoir une telle récompense. Au départ, la cible représentait une fraise (une étude précédente avait montré que ces tortues identifient aisément ce que représentent des photographies; en fait, elles ont même tendance à les confondre avec des objets réels). Les quatre tortues ont appris à utiliser un écran tactile en une centaine d'essais, ce qui est comparable aux performances de rats ou de chiens entraînés à ce type de tâches.

L'éthologue Anna Wilkinson et ses tortues Esme & Quinn.

Esme et sa congénère Quinn sont ensuite parvenues (après 10 sessions de 20 essais) à choisir le rond bleu qui leur permettait d'obtenir une récompense (situé à gauche pour Esme, à droite pour Quinn). Les deux autres tortues participant à l'étude, Emily et Molly, ont échoué dans cette tâche et n'ont donc pas été testées plus avant ; à vrai dire, malgré leurs prénoms, il n'est pas certain que ces quatre tortues soient des femelles : chez cette espèce les différences de sexe ne sont pas visibles à l'âge juvénile auquel elles ont été testées.

Les tortues sont-elles capables de transférer un tel apprentissage en deux dimensions pour se repérer dans un espace tridimensionnel ? Pour répondre à cette question, Esme et Quinn ont été transférées dans un petit enclos dans lequel elles se sont trouvées face à une barrière noire marquée d'un triangle rouge ; quand elles appuyaient sur ce triangle, la barrière était levée pour donner accès à deux bols bleus, distants de 50 centimètres. Les deux bols contenaient une récompense, mais celle-ci n'était visible qu'à proximité immédiate du bol.

Esme a spontanément choisi, dans 18 essais sur 20, le bol de gauche, tandis que Quinn se dirigeait (dans 16 essais sur 20) vers celui de droite ; il s'agissait bien pour chacune des tortues du côté correspondant à leur entraînement sur écran tactile. Il semble donc exister chez ces tortues une certaine capacité de transposer une situation à une autre. Toutefois, ces résultats restent à confirmer puisqu'ils n'ont été obtenus que sur deux tortues.

Cette généralisation n'est pas systématique. Ainsi, les tortues ont ensuite été soumises à un entraînement inversé dans l'enclos : le bol contenant une friandise était maintenant celui de droite pour Esme, et celui de gauche pour Quinn. Après 200 essais, les tortues ont appris cette nouvelle disposition, et elles ont alors été à nouveau testées avec l'écran tactile. Les chercheurs ont constaté qu'elles revenaient à leur apprentissage initial : Esme choisissait à nouveau le rond bleu de gauche, et Quinn celui de droite. Mais lorsque les tortues ont été replacées dans l'enclos, elles ont utilisé ce qu'elles avaient appris dans cet environnement (préférence pour le bol de droite pour Esme, pour celui de gauche pour Quinn).

Ces tortues sont donc capables de généraliser un apprentissage d'une situation donnée à une situation nouvelle, mais elles sont aussi capables de se souvenir de ce qu'elles ont appris à relativement long terme (jusqu'à deux mois entre l'entraînement avec l'écran tactile et le second test), et d'utiliser ces connaissances dans le contexte approprié, sans que l'apprentissage dans une autre situation ne perturbe le rappel. Chez les mammifères, l'apprentissage spatial dépend d'une structure nommée hippocampe, qui n'existe pas chez les tortues. C'est le cortex médian, une région associée à la prise de décision chez l'humain, qui est utilisée.

De façon plus générale, cette expérience offre de nouvelles perspectives de recherche, puisqu'elle met en évidence la capacité de tortues à utiliser un écran tactile, capacité qui pourra être utilisée pour tester d'autres tâches cognitives. Par ailleurs, cette étude, parmi d'autres, met en évidence l'intelligence de ces reptiles.

Il est nécessaire d'en tenir compte notamment dans les conditions de vie qui leur sont proposées : une tortue n'est pas seulement un élément décoratif dans un aquarium ou un terrarium : son bien-être réclame, outre une nourriture et une température adaptées, des distractions et de l'espace afin qu'elle ne s'ennuie pas.

Espèces terrestres

Apelle

Etat de conscience

Apprentissage sériel
La technique de l'apprentissage sériel a été appliquée à des singes apelles (Cebus apella) par d'Amato et Colombo ("Representation of serial order in monkeys (Cebus apella)", dans Journal of Experimental Psychology : Animal Behaviour Processes, 1988, n°14, pages 131-139).

Les singes ont acquis plus rapidement que les pigeons une liste de cinq objets comprenant des couleurs ou des formes non colorées. D'après H. S. Terrace ("The phylogeny and ontogeny of serial memory : List learning by pigeons and monkeys", dans Psychological Science, 1993, n°4, pages 162–169), le singe développe une représentation linéaire de la liste lui imposant de commencer au début de celle-ci et de s'y déplacer jusqu'à ce qu'il localise l'un des items apparaissant dans un sous-ensemble donné.

En revanche, d'après Jacques Vauclair ("La Cognition animale", Paris, Presses universitaires de France, collection "Que sais-je ?", 1996, pages 42-45), pour produire sa séquence, le pigeon s'appuierait sur la saillance du premier et du dernier item de la liste.

L'ensemble de ces résultats montre que l'oiseau et le primate mettent en œuvre des stratégies cognitives qui, bien que différentes, impliquent l'usage de représentations dans l'apprentissage de listes d'items.

Babouin

Etat de conscience

Mémorisation d'images par millier
En 2006, Joël Fagot et Robert Cook ont montré que des pigeons et des babouins peuvent mémoriser des milliers d'images et les réponses qui leur sont associées, et garder une trace en mémoire de ces apprentissages pendant une durée estimée à un an.

Travaux de J. Fagot et R. Cook, dans "Evidence for large long-term memory capacities in baboons and pigeons and its implications for learning and the evolution of cognition" dans Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS), 2006, volume 103, n°46, pages 17564-17567.
L'orthographe selon Dan le babouin
Il semble bien qu'il ne soit pas nécessaire de parler pour maîtriser l'un des éléments de base de la lecture. Des primatologues français ont appris, ce 12 avril 2012, à six babouins à reconnaître des mots écrits.

En fait, les primates ont été capables de faire la différence entre des séries de lettres formant des mots anglais et d'autres, dépourvus de signification.

Le meilleur élève du groupe, Dan, a réussi à distinguer 308 mots correctement écrits dans un groupe de 8000, qu'on lui a présentés pendant un mois et demi. Il était âgé de 3 ans au moment du test.

Dan le Babouin, connaît l'orthographe & reconnaît 308 mots.

Cette expérience a été menée pendant un mois et demi dans un enclos de 700 m² de la station de primatologie du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), situé près d'Aix-en-Provence, en France France.

Les étudiants, des babouins de Guinée Guinée (Papio papio), avaient un accès libre et permanent à des salles de classe ouvertes par une trappe, derrière lesquelles se trouvait un écran tactile faisant apparaître une succession de mots anglais de quatre lettres.

La règle était simple: les singes devaient appuyer sur une forme ovale si le mot était correctement orthographié ou sur une croix dans le cas contraire. Un grain de céréale tombait automatiquement d'un distributeur après une bonne réponse.

43 000 à plus de 56 000 essais essais ont été menés pour chaque élève, et après quelques jours, les babouins sont parvenus à distinguer des orthographes, pourtant très similaires, les unes des autres.

Le résultat le plus surprenant est qu'après avoir mémorisé l'orthographe de dizaines de mots, Dan et sa bande se sont mis à faire la différence entre les bons et les mauvais mots dès leurs premières présentations, alors que le critère de la fréquence d'apparition aurait dû les induire en erreur.

"Cela prouve qu'ils ont acquis autre chose que la forme globale des mots, en l'occurrence les bonnes combinaisons de lettres. Les singes sont capables de repérer et de mémoriser des régularités dans l'organisation des mots et de détecter des anomalies."
Jonathan Grainger & Joël Fagot, CNRS.

Les chercheurs estiment que leurs travaux remettent en question la notion selon laquelle la capacité à reconnaître les mots est fondamentalement liée au langage.

Ces résultats laissent aussi penser que lorsqu'une personne lit, elle a partiellement recours à une capacité antérieure à l'apparition de notre espèce.
Passage au test
Experts en analogies, capables de reconnaître 
leur ignorance, moins aptes à réfléchir quand 
ils sont stressés... Tel est le portrait des babouins que dressent des études d'un genre nouveau, où des tests cognitifs en libre accès sont mis à disposition des singes.

Les écrans tactiles arrivent… chez les singes ! En libre accès dans l'enclos des babouins, à la station de primatologie de Rousset, près d'Aix-en-Provence, ils permettent de proposer aux animaux toute une série de tests cognitifs. Et d'apporter de nouvelles preuves expérimentales de la continuité entre les facultés mentales de l'homme et celles des primates non humains, que Charles Darwin évoquait déjà en 1871 dans son ouvrage La descendance de l'homme et la sélection sexuelle.


Joël Fagot & Anaïs Maugard constate le 15 avril 2015 que les animaux captifs ne déploient sans doute pas toutes les ressources cognitives qu'ils mobilisent dans leur milieu naturel. Dans notre équipe, nous avons élaboré une nouvelle stratégie, à mi-chemin entre les études de laboratoire et celles de terrain. Nous avons installé des dispositifs de tests en libre accès dans des compartiments accessibles depuis un enclos de babouins . Chaque singe peut choisir de quitter momentanément son groupe social pour entrer dans un compartiment. Il y trouve un écran tactile dispensant des tests informatisés et un distributeur de récompenses, qui délivre des grains de blé. Chaque babouin porte une puce électronique, grâce à laquelle nous déterminons son identité.


Cette méthode est inspirée du concept de conditionnement opérant, proposé par les psychologues américains Edward Thorndike, au XIXe siècle, et Burrhus Skinner, au milieu du XXe siècle : un animal (ou un homme) tend à reproduire les comportements qui ont une conséquence positive pour lui. Ainsi, quand on récompense les bonnes réponses, l'animal se prête volontairement aux tests. Comme nous avons placé le dispositif au sein de son milieu de vie, il l'utilise tout en restant dans son groupe social – ce qui permet notamment d'étudier l'influence du groupe sur sa cognition. 


Lorsque nous débutons une expérience, les tests sont proposés à l'ensemble des 24 animaux du groupe. Certains babouins apprennent la tâche et d'autres non, car ils n'ont pas tous la même capacité à comprendre les problèmes posés.
 à l'ouverture du laboratoire, les singes ont vite découvert qu'ils pouvaient obtenir des récompenses en touchant les écrans tactiles. Ils ont commencé à effectuer de nombreux passages quotidiens dans les compartiments expérimentaux et nous avons peu à peu augmenté la complexité des problèmes posés. Nous collectons quelque 25 000 essais par jour, ce qui correspond à une moyenne d'environ 1 000 participations quotidiennes par animal. De toute évidence, les singes aiment participer à nos expériences. Ils travaillent par séances de quelques minutes et les ordinateurs ne bouleversent pas leurs comportements spontanés ni leurs relations sociales.


En conséquence, nous avons pu proposer aux singes des apprentissages particulièrement complexes, nécessitant parfois plusieurs dizaines de milliers d'essais. Nous avons ainsi révélé des facultés cognitives insoupçonnées. Le babouin est par exemple capable de métacognition  : il sait qu'il sait – ou qu'il ne sait pas ! 


Ses capacités de raisonnement analogique (sa faculté à trouver le bon choix par analogie avec un modèle) se sont aussi révélées très élaborées. On sait depuis plus de 30 ans que les singes sont capables de distinguer des relations entre objets. En 1984, Anthony Wright, de l'Université du Texas, a par exemple appris à des singes macaques à appuyer sur un levier si on leur montre deux objets différents, et à ne pas appuyer si les objets sont identiques. Les animaux ont donc développé les concepts d'identité et de différence entre objets. 


En utilisant le protocole de test en libre accès, nous avons montré que le babouin est capable d'associer des relations. Nous avons élaboré un protocole pour étudier ce type de raisonnement complexe chez le babouin. Dans un premier temps, nous affichons à l'écran une paire de formes identiques ou différentes (la paire "modèle"), que le babouin doit mémoriser et toucher. Nous présentons ensuite deux nouvelles paires de formes aux singes, l'une constituée de deux formes identiques et l'autre de deux formes différentes. Pour obtenir une récompense alimentaire, le babouin doit toucher la paire qui exprime la même relation que le modèle. Après la phase d'apprentissage (trop longue pour être possible avec un dispositif de tests classique), on teste les singes avec de nouvelles formes, qu'ils n'ont jamais vues. Dans ces conditions, quelques babouins réussissent la tâche, ce qui montre leur capacité à établir des relations entre relations : tandis que dans les travaux d'Anthony Wright, les babouins avaient juste besoin de comparer deux objets, ils devaient ici analyser la relation liant les objets de la paire modèle, puis celles existant entre les éléments de chaque paire test, et enfin déterminer que l'une de ces relations était identique au modèle.

Relations sociales

Personnalité & succès social
Le 02 octobre 2012, le psychologue Robert Seyfarth & la biologiste Dorothy Cheney (Université de Pennsylvanie, USA United States), ont analysé pendant 7 ans les liens génétiques & sociaux d'un groupe de babouins de la réserve Moremi Game située au Botswana Botswana.

Babouin de la réserve Moremi Game au Botswana

"En étant agréables, les babouins augmentent leurs chances d'avoir des liens sociaux importants, ce qui se traduit par une meilleure chance de transmettre leurs gènes" conclue Robert Seyfarth.

Même si les femelles héritent du rang dominant de leurs mères, ce qui leur donne un accès privilégié à la nourriture & aux mâles, cela ne leur garantit pas le succès reproductif.

C'est le trait de personnalité, la capacité d'établir des liens sociaux, qui est associé à une meilleure santé & à une longévité accrue.
Stratégie du donnant-donnant
Les babouins de Guinée (Papio papio) Guinée de la station de primatologie de Rousset du CNRS savent développer des stratégies complexes de "donnat-donnant" pour coopérer avec un partenaire, signe d'une capacité d'adaptation insoupçonnée chez ces singes réputés très sociaux.

Le 30 octobre 2023, les primatologues Nicolas Claidière & Anthony Formaux (station de primatologie de Rousset, Aix-en-Provence, France France) ont mené une expérience sur des babouins de Guinée Guinée.

Dix-huit individus, qui avaient accès à des écrans tactiles disposés dans leur enclos, ont fait équipe à deux. Chaque paire était séparé par une plaque transparente, de sorte que chacun pouvait observer le comportement de son voisin.

Les singes habitués aux écrans pour des tâches individuelles, pouvaient choisir librement d'entrer dans un dispositif.

Quand ils s'y retrouvaient à deux, un individu "donneur" devait choisir entre deux images. L'une lui délivrait une récompense (du blé) à lui seul; l'autre récompensait aussi son voisin "receveur".

Les rôles ont été distribués de manière aléatoire, au cours de près de 250 000 essais sur 95 jours, avec huit babouins – les dix autres n'ont pas pris part à l'expérience faute d'avoir compris la tâche.

Résultat : dans près de 100 % des interactions, les primates "sélectionnaient l'image prosociale qui récompensait les deux", dit à l'AFP Anthony Formaux, doctorant à l'Université d'Aix-Marseille et premier auteur de l'étude. Sans doute par "sens de l'intérêt général" puisque, en définitive, tout le monde y trouvait son compte.

Puis les tests se sont corsés : les babouins donneurs ne recevaient plus rien et devaient choisir entre une image récompensant le receveur, l'autre ne le récompensant pas. Une contrainte qui les a obligés à élaborer une tactique.

"Ne pouvant plus se récompenser eux-mêmes, ils devenaient plus regardants" sur le comportement de leur coéquipier, explique Anthony Formaux. Avec une nette tendance à récompenser leur voisin receveur si ce dernier s'était montré généreux dans son rôle de donneur.

A l'inverse, si un singe n'avait rien reçu de son partenaire "égoïste", il pouvait le punir la fois d'après et quitter le dispositif en quête d'un compagnon plus coopérant.

Une sorte de collaboration flexible, mais pas forcément systématique d'un essai à l'autre. "On l'a observée de temps en temps, comme un petit rappel à l'ordre destiné à contrôler le partenaire et à renforcer la coopération."

"C'était vraiment incroyable! Ils arrivaient à adapter leur stratégie en fonction de la difficulté et des 'coûts' qu'on leur imposait", raconte le chercheur, surpris par ces performances. Car les babouins ont beau être une espèce "ultra-sociale" (ils vivent en grand groupe dans la nature), "on s'attendait à quelque chose de trop compliqué pour eux".

Bonobo

Conscience

Apprentissage autodidacte
L'ethnologue Sue Savage-Rumbaugh, travailla comme primatologue à l'institut Yerkes (Atlanta, Géorgie, Etats-Unis United States), lorsque naquit le bonobo Kanzi, le 28 octobre 1980.

A l'âge de six mois, Kanzi ne prêtait pas plus d'importance au clavier (keyboard ou lexigramme) que sa mère adoptive Matata ne comprenait pas pourquoi il fallait pianoter sur un item du tableau (keyboard ou lexigramme) pour communiquer.

Bonobo Kanzi de 39 ans, capable de communiquer à l'aide de centaines de symboles comparables à des mots.

Le jour où Kanzi pris la place de Matata au clavier, les scientifiques restèrent stupéfaits du niveau intellectuel du bonobo. Alors que les scientifiques entendaient procéder à leur manière, dans l'apprentissage de Kanzi, dès le premier jour Kanzi utilisa cent vingt fois le keyboard.

Kanzi, alors âgé de 26 ans, savait utiliser 348 symboles du clavier, et comprenait en plus jusqu'à 3000 mots anglais parlés, qui n'étaient pas forcément partie du vocabulaire de son clavier. Des expériences similaires ont été faites avec le gorille Koko, l'orang-outan Chantek & le chimpanzé Washoe.
Sens du rythme
Le 25 février 2014, la spécialiste de "biomusique" Patricia Gray (Université de Caroline du Nord, Greensboro, Etat-Unis United States) et le psychologue Edward Large (Université du Connecticut) ont présenté à Chicago, lors de la conférence de l'Association américaine, une étude concernant les singes bonobos.

Le singe bonobo, ici dans un sanctuaire proche de Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo République Démocratique du Congo (RDC), en pleine séance de danse.

Un singe bonobo ayant le sens du rythme, en pleine séance de danse dans un sanctuaire proche de Kinshasa.

Pour réaliser cette étude, les chercheurs ont conçu spécialement pour les bonobos un tambour à forte résonance capable de supporter 500 livres (120 kilogrammes) de pression pour résister aux sauts ou aux mâchoires de l'animal.

Ils ont ensuite tapé sur un autre tambour un rythme convenant _soit 280 battement par minute_ soit à peu près la cadence à laquelle les humains enchaînent des syllabes.

"Les bonobos ont alors reproduit et conservé le même tempo sur leur tambour", ont déclaré Patricia Gray, spécialiste de "bimusique" & Edward Gray, psychologue.

Selon Patricia Gray, "Les bonobos sont très en accord avec le son. Ils entendent au-delà de notre propre capacité d'écoute."

Des recherches liées à ces travaux ont porté sur une otarie, Ronan, qui n'avait pas, contrairement aux bonobos, une compétence rythmique innée, mais qui avec de l'entraînement, a fini par dodeliner de la tête en rythme, ce qui suggère que le sens du rythme chez les animaux pourrait être plus largement partagé que l'on ne pensait.
Mémoire vocale
Le 02 mars 2016, des chercheurs du CNRS/Université Paris-Sud en France France ont démontré que les bonobos reconnaissent à long terme la voix de leurs anciens compagnons.

Les bonobos vivent dans la forêt du centre de l'Afrique. Ils forment de grandes communautés au sein desquelles tous les individus se connaissent.

Relations sociales entre bonobos

Les membres d'un groupe se séparent régulièrement pendant des heures, des jours, voire des semaines. Par exemple, certaines femelles quittent leur communauté d'origine, mais continuent à interagir avec leurs anciens compagnons à l'occasion de rencontres entre les communautés.

Pour arriver à ce constat, le zoologue Sumir Keenan & ses collègues ont étudié des bonobos hébergés dans différents zoos européens. Ils ont passé de nombreuses heures à les observer & à les enregistrer.

Relations sociales entre bonobos

Profitant du fait que certains bonobos avaient connu plusieurs zoos & formé des liens avec des congénères en divers endroits, ils ont diffusé des enregistrements afin d'observer les réactions des singes à des voix familières ou inconnues.

Les résultats sont clairs : les bonobos séparés depuis plusieurs années (même durant cinq années) réagissent fortement lorsqu'ils entendent leurs anciens compagnons.

Quand les cris émis par le haut-parleur étaient ceux d'un individu familier, le bonobo testé s'approchait et criait parfois en retour, visiblement excité à la perspective de revoir un camarade. Au contraire, aucune réaction particulière n'était notée en réponse à une voix inconnue.
Mémoire sociale
Louise est une femelle bonobo née en captivité au zoo de San Diego aux Etats-Unis United States. Elle a vécu avec sa sœur Loretta et son neveu Erin avant d'être transférée au sanctuaire japonais de Kumamoto en 1992 Japon.



En 2019, lorsque des chercheurs ont présenté à Louise une photo de sa sœur, Loretta, à côté d'une image d'un bonobo qu'elle n'avait jamais rencontré, Louise a fixé le visage de sa parente et a pratiquement ignoré l'inconnu. De même, lorsqu'on lui a présenté une photo de son neveu à côté de celle d'un étranger, les données recueillies par une caméra infrarouge suivant de manière inoffensive les mouvements des yeux de Louise ont montré qu'elle ne s'intéressait que peu ou pas du tout à ce dernier. Ses yeux s'attardaient sur son neveu.



Cela faisait en fait 26 ans que Louise n'avait vu ni l'un ni l'autre de ces membres de sa famille. Au cours de huit essais, cette bonobo de 46 ans a néanmoins montré qu'elle préférait nettement les images de sa famille, qu'elle avait perdue de vue depuis longtemps, plutôt que d'autres bonobos, avec lesquels elle n'avait jamais vécu.



"Nous avons l'habitude de nous rendre dans des zoos du monde entier pour travailler avec ces animaux, et nous remarquons souvent que lorsque nous revenons des années plus tard, ils semblent se souvenir de nous distinctement", explique l'auteur principal de l'étude, Christopher Krupenye, psychologue comparatiste à l'université Johns Hopkins de Baltimore, dans le Maryland aux Etats-Unis United States.



Pour mener à bien cette recherche, les scientifiques ont recueilli des données grâce à des outils permettant de suivre les mouvements des yeux de vingt-six bonobos et chimpanzés vivant dans des installations au Japon Japon, au Royaume-Uni Royaume-Uni et en Belgique Belgique.

Chaque animal s'est vu présenter l'image d'un autre animal de la même espèce et du même sexe qu'il n'avait pas vu depuis au moins neuf mois, voire depuis des décennies dans certains cas. Les sujets étudiés étaient âgés de 4 à 46 ans, avec une moyenne d'âge de près de 26 ans.

Une jeune femelle bonobo sauvage, dont les lèvres sont oranges d'avoir mangé de l'argile, se repose.

"Ce que cette étude a de plus passionnant, est qu'elle nous montre à quel point nous nous ressemblons pour ce qui est de la mémoire à long terme, mais aussi que leur mémoire à long terme est façonnée par leurs relations sociales positives", déclare Laura Lewis, directrice de l'étude, psychologue comparatiste et anthropologue biologique à l'université de Californie à Berkeley aux Etats-Unis United States.

Qafzeh (à droite), chimpanz&ea&cute; dominant du zoo d'Edimbourg (Ecosse) interagit avec Liberius.

Il est important de noter que tous les animaux étudiés avaient le choix de participer ou non. Ceux qui le faisaient étaient encouragés à rester assis devant l'écran par un petit distributeur qui leur donnait des gorgées de jus de pomme, de poire, de pamplemousse et d'orange dilué dans de l'eau.



"Une anecdote qui m'a stupéfié lorsque j'ai mené cette recherche moi-même, est que les singes arrêtaient même parfois de boire le jus et se contentaient de fixer les images, parfois la bouche ouverte", explique Lewis.



"Il s'agissait pour moi d'un signe évident de reconnaissance, et je n'avais même pas encore analysé les données", ajoute-t-elle.



"Ils développent des relations qui tiennent toute leur vie, même avec des individus avec lesquels ils n'ont aucun lien de parenté. Ils se soutiennent, s'entraident et vont même jusqu'à mettre leur vie en péril pour les autres", explique par mail Catherine Hobaiter, primatologue à l'université de St. Andrews, en Ecosse Ecosse, qui n'a pas participé à la nouvelle étude.

Relations sociales

Relations de bon voisinage
Le 17 novembre 2023, le zoologue Martin Surbeck (professeur à Harvard aux Etats-Unis United States, fondateur de la Kokolopori Bonobo Reserve en République démocratique du Congo République Démocratique du Congo (RDC), Centre allemand des primates de Goettingen Allemagne), observe une femelle bonobo adulte de la population Kokolopori toilettant un adolescent mâle d'un groupe voisin.

Femelle bonobo adulte de la population Kokolopori toilettant un adulte mâle d'un groupe voisin.

Les bonobos font équipe avec des étrangers dans des domaines variés, comme pour faire leur toilette, partager leur nourriture, voire forger des alliances contre des agresseurs sexuels.

La zoologue Liran Samuni (Kokolopori Bonobo Research Project, Centre des primates de Goettingen Allemagne), explique que voir des femelles bonobos qui vocalisent en chœur lors d'une rencontre entre groupes, revient à ouvrir "une fenêtre sur notre passé", en fournissant des indices sur la manière dont les humains se sont mis à collaborer à plus grande échelle.

Femelles bonobos vocalisent en chœur lors d'une rencontre entre groupes.

Les bonobos (Pan paniscus) sont avec les chimpanzés (Pan troglodytes) les êtres vivants les plus proches de l'espèce humaine. Les bonobos sont difficiles à observer dans leur habitat naturel, car ils vivent dans des régions reculées de la République démocratique du Congo République Démocratique du Congo (RDC).

Bonobos de la population Kokolopori de la République Démocratique du Congo.

Liran Samuni & Martin Surbeck ont étudié les singes pendant deux ans. Les chercheurs se levaient à 4h du matin pour marcher dans la forêt avec l'aide de leurs guides locaux jusqu'aux groupes de bonobos & suivre leurs activités toute la journée.

Ils se sont concentrés sur deux petits groupes de 11 et 20 adultes, constatant avec étonnement qu'ils passaient 20% de leur temps ensemble, à manger, se reposer, se déplacer.

"Chaque individu est différent. Il y a les introvertis, les extravertis, il y a ceux qui sont plus sociables que d'autres" remarque Liran Samuni (Kokolopori Bonobo Reserve).

Les chercheurs ont également observé que la coopération entre les deux groupes était essentiellement impulsée par quelques individus qui avaient déjà tendance à être les plus coopératifs à l'intérieur de leur propre groupe.

Ces individus entraient en relation avec les bonobos sociables de l'autre groupe, créant un système de bénéfice mutuel ou "d'altruisme réciproque".

Les scientifiques ont également constaté que les femelles, au sein de leur propre groupe ou alliées avec celles de l'autre groupe, formaient des coalitions pour chasser un individu d'un arbre fruitier ou empêcher l'avance sexuelle non désirée d'un mâle.

Les relations entre chimpanzés sont hostiles et susceptibles de déboucher sur des violences mortelles. Les chimpanzés sont plus proches de l'homme par d'autres aspects : ils se servent, par exemple, davantage d'outils et chassent des proies animales. Les chimpanzés mâles forment des liens étroits avec d'autres mâles et soutiennent leurs agressions tandis que les bonobos mâles forgent des liens forts avec les femelles.

Border collie

Conscience

Mémoire colossale
Chaser, border collie capable de mémoriser 1022 jouets par leurs noms.

Des études ont mis en lumière les capacités mémorielles des border collies. Jusqu'à sa mort en juillet 2019, une femelle border collie nommée Chaser était capable d'identifier 1 022 jouets par leurs noms et de les retrouver.

Elle disposait de la mémoire la plus importante qui n'ait jamais été testée chez les chiens.

Capucin

Usage d'un outil

Le capucin barbu d'Amérique du Sud utilise la technique dite du marteau (la lourde pierre) et de l'enclume (le rocher) pour casser des noix.

Chimpanzé

Conscience ou représentation de soi

Comportement social
Les chimpanzés forment des communautés organisées de deux à quatre-vingts individus sur des territoires assez vastes. Ils vivent et voyagent en petits sous-groupes et évoluent tant à terre que dans les arbres. Les adultes construisent chaque soir un nouveau nid dans un arbre pour y dormir. A l'intérieur d'une communauté, de plus petits sous-groupes peuvent se former, se défaire et se reformer (division-fusion); les femelles ont tendance à migrer vers une autre communauté à l'adolescence mais les mâles ne migrent jamais.

Les mâles des sous-groupes frappent les troncs pour communiquer à longue distance (tambourinages). Ces bruits sourds s'entendent à un kilomètre et demi au plus.

Un jeune chimpanzé peut émettre au moins trente-deux sons différents et ses mimiques peuvent exprimer toute une gamme d'émotions.

Les chimpanzés peuvent apprendre jusqu'à un certain point à utiliser un langage si des hommes le leur enseignent en laboratoire. Par exemple, ils sont capables de combiner de courtes suites de symboles arbitraires en les pointant sur un tableau pour exprimer des idées relativement simples. Ils peuvent être entraînés à utiliser certains gestes-mots de la langue des signes avec une forme de syntaxe rudimentaire, comme ce fut le cas avec la femelle chimpanzé Washoe, célèbre pour avoir ainsi appris à maitriser environ 250 mots qu'elle a en partie transmis à son enfant Loulis. Néanmoins, dans leur milieu naturel, les chimpanzés semblent ne pas utiliser de véritable langage pour communiquer.

Ces animaux font preuve d'une réelle intelligence dans la résolution de problèmes et l'utilisation d'outils simples, tels que de petites branches qui leur servent à extraire les termites de leur nid (technique dite de pêche aux termites) ou pour en faire une sonde leur servant à traverser un cours d'eau, comportement également observé chez les gorilles.

Les chimpanzés seraient aussi les premiers animaux à avoir été observés fabriquant des armes. En effet, en 2007, le primatologue Jill Pruetz, de l'Université de l'Iowa aux Etats-Unis United Statew, a décrit 22 observations de chimpanzés femelles du Sénégal Sénégal qui élaboraient des lances en bois qu'elles utiliseraient pour poignarder des galagos qui se réfugient dans les troncs d'arbres vides ("Savanna Chimpanzees, Pan troglodytes verus, Hunt with Tools", Corinne Soulay, Current Biology, volume 17, n°5,‎ mars 2007, page 412-417).

Parmi les environ 300 aliments qu'ils consomment, ils pratiquent l'automédication en mangeant : de l'écorce et de la résine d'Albizia grandibracteata à l'activité vermicide, antiparasitaire et anticancéreuse ("Sabrina Krief : Les chimpanzés dans la peau", Ça m'intéresse, n°483,‎ mai 2021, page 70-72); des baies de Phytolacca docecandra aux propriétés antiparasitaires; des feuilles de Trichilia rubescens aux molécules antipaludiques ("Du Congo à l'Ouganda : découverte de la pharmacopée des chimpanzés", Sabrina Krief, pages 240 à 243); des feuilles d'Aneilema aequinoctiale hérissées de poils qu'ils veillent à ne pas mâcher pour débarrasser leurs intestins des vers; des feuilles de Diospyros abissinica aux molécules actives anticancéreuses mais aussi anti-inflammatoires; de la rubia cordifolia, un excellent antiparasitaire; de l'écorce de Markhamia playcalyx efficace contre les maux de gorge ("Comment les chimpanzés se soignent tout seuls : Une exposition du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris raconte la vie des grands singes", Jean-Marie Bretagne, Ça m'intéresse, n°412,‎ juin 2015, pages 26,27,28 et 30), etc. Les chimpanzés choisissent donc 1 % de plantes pharmacologiques pour leur alimentation (cette médication est parfois copiée par les tradipraticiens pour les populations forestières et le bétail) comme l'a révélé le primatologue Richard Wrangham dès 1977 (conférence "Médecine naturelle chez les grands singes en Afrique", Sabrina Krief, Cité des sciences, 4 octobre 2011).

Le chimpanzé est présent au Ghana Ghana (Parc national de Nini Suhien), en Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire (Parc national de la Comoé, Parc national du Mont Sangbé, Parc national de Taï), au Liberia Liberia (Parc national de Sapo, Parc national de Lofa-Mano), en Guinée Guinée (Parc national du Haut-Niger, Parc national du Badiar, Parc national du Moyen-Bafing), en Sierra Leone Sierra Leone (Parc national de Gola Rainforest, Parc national de Outamba-Kilimi), en Guinée-Bissau Guinée-Bissau (Parc national de Cantanhez), au Sénégal Sénégal (Parc national du Niokolo-Koba), au Mali Mali (Parc national du Bafing, Parc national de Kouroufing, Parc national de Wango).
Position du penseur chez le chimpanzé Ai
Langage du chimpanzé Ai

Etat mental difficilement saisissable, donnant lieu à débats passionnés et passionnants, il est généralement admis que la conscience d'être soi apparaît chez l'enfant dès l'âge de 2 ans.

Le privilège de l'être humain ? Pas vraiment !
Mémoire visuelle du chimpanzé Ayumu
Dans un article publié en février 2008, dans la revue scientifique "Current Biology", des chercheurs rapportent que de jeunes chimpanzés ont battu des étudiants lors d'un test de mémoire immédiate.

Tetsurō Matsuzawa, primatologue japonais Japon à l'Université de Kyoto, a étudié le 04 décembre 2007 les capacités d'un chimpanzé, baptisé Ayumu (alors âgé de 5 ans), à reproduire une séquence de chiffres (position de chiffres sur un écran d'ordinateur) après ne les avoir vus qu'une fraction de seconde (21 centièmes de seconde, pour être précis).

Un groupe d'étudiants (neuf) fut ensuite soumis au même test, et il apparut qu'avec six mois d'entraînement, ceux-ci étaient moins rapides que le singe. Matsuzawa observe qu'Ayumu réussit à reproduire la séquence dans 80 % des cas, tandis que les étudiants n'y parviennent que dans 40 % des cas.

"Beaucoup de gens croient naïvement que les humains sont les créatures les plus intelligentes sur cette planète. Je pense que cette recherche montre très clairement qu'ils se trompent", déclarait Tetsurō Matsuzawa.
Reconnaissance du reflet chez le chimpanzé
Reconnaissance du reflet chez le chimpanzé

Les chimpanzés (Pan troglodytes) sont capables d'utiliser un miroir pour explorer des parties cachées de leur corps.
Test de la tache colorée (1969)
La reconnaissance de son reflet par l'enfant _ qui survient généralement entre 1 an et demi et 2 ans _ est l'une des étapes clés de la constitution de la conscience de soi.

En 1969, le psychologue américain Gordon Gallup (State University of New York United States) imagine un moyen de savoir si les animaux, eux aussi, se reconnaissent dans une glace: il habitue des chimpanzés à la présence d'un miroir puis, après quelques jours, les anesthésie et leur peint des marques rouges sur le visage.

Macaque et le test du miroir ou de la tache colorée.

A leur réveil, en se regardant dans le miroir les singes touchent immédiatement leurs marques et, parfois, regardent ensuite leurs doigts. Baptisée "test de la tache colorée", cette expérience est la preuve, selon Gallup, d'une reconnaissance de soi chez les primates.

Jusqu'ici, seuls les chimpanzés, les orangs-outans, les gorilles, les macaques (comme ci-dessus) et les hommes sont parvenus à réussir ce test. Les scientifiques ont montré que d'autres espèces animales (comme les éléphants ou les perroquets gris d'Afrique) savent se servir d'un miroir comme outil, pour guider leurs gestes ou trouver des objets cachés.

Gallup avait d'abord interprété ce résultat en termes de conscience de soi; puis en réponse à des critiques, il a postulé que ces sujets étaient en mesure de traiter leur image dans le miroir comme le reflet d'eux-mêmes et non comme un congénère : il s'agissait d'une représentation de soi.

Cet examen de conscience n'a été franchi avec succès que par les singes les plus proches de l'homme: chimpanzés, orangs-outans et gibbons.
Langage symbolique
En 1972, le chercheur américain David Premack United States a notamment appris à une femelle chimpanzé l'utilisation d'un langage simple en combinant des symboles en plastique.

Utilisation des trois outils
"L'étude la plus célèbre date des années 1980 et concerne le cassage des noix", rapporte Christophe Boesch, primatologue à l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig, en Allemagne Allemagne. "Pour ouvrir les cinq espèces de noix qui font partie de leur régime alimentaire, on a découvert que les chimpanzés de la forêt de Taï, en Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire, utilisaient non pas un mais trois outils différents, suivant le modèle éprouvé du marteau et de l'enclume. Ils placent une noix sur une racine d'arbre, l'enclume donc, et manipulent pour la casser un percuteur, caillou ou branche suivant la dureté du fruit. Pour déguster Panda oleosa, la noix la plus dure d'Afrique, ils choisissent un granit qui pèse au moins deux kilos, un caillou assez rare dans la forêt tropicale."

Relations sociales

Sur la piste des guérisseurs
Sur les 500 000 plantes qui poussent sur la planète, cinq à dix pour cent seulement ont été explorés pour leurs propriétés biologiques et chimiques.

Certains pharmacologues se fondent sur des enquêtes ethnologiques, mais ils rencontrent des difficultés : les guérisseurs sont souvent réticents à donner leurs recettes.

De nombreuses études montrent que les animaux évitent les végétaux les plus toxiques, mais certains éthologues ont des difficultés à admettre qu'ils consomment des plantes pour soulager leurs maux.

"Effectuées au cours des huit dernières années (1999 à 2007), nos observations laissent penser que les grands singes, quand ils présentent certains symptômes, adoptent une alimentation particulière : ils sélectionnent des plantes spécifiques, dont nous avons montré les propriétés pharmacologiques. Nous poursuivons ces études afin de déterminer si les plantes consommées par les chimpanzés contiennent des molécules aux propriétés thérapeutiques pour l'homme."
Jean-Michel Krief
La pharmacopée des chimpanzés
En 1977, Richard Wrangham, de l'Université de Harvard United States, a décrit un comportement particulier chez les chimpanzés de Gombe, en Tanzanie Tanzanie : parfois, ils ingurgitent, sans les mâcher, les feuilles rugueuses et couvertes de trichomes (velues) d'Aspilia mossambicensis, une plante herbacée. Au lieu de saisir la branche, d'en arracher toutes les feuilles d'une main et d'avaler la poignée entière, comme ils le font habituellement avec les autres espèces, ils sélectionnent les feuilles une par une, les roulent dans leur bouche avec la langue et les avalent. L'anthropologue a ensuite retrouvé des feuilles entières et intactes dans les déjections. Les chimpanzés consomment ces feuilles surtout pendant les périodes où les infestations parasitaires sont les plus intenses. L'analyse chimique n'a révélé aucun composé actif. En fait, ces feuilles ont un effet vermifuge mécanique (un chasse-vers, un anti-vers), car elles irritent la muqueuse intestinale et favorisent l'expulsion des parasites : les feuilles récupérées dans les fèces contiennent des vers piégés dans les poils. En outre, alors que le transit intestinal des chimpanzés dure environ 24 heures, il est réduit à six heures quand les grands singes mangent les feuilles d'Aspilia mossambicensis, et l'accélération du transit facilite l'expulsion des vers. Depuis, ce comportement a été observé dans de nombreuses communautés de chimpanzés au travers de l'Afrique : celles-ci utilisent plusieurs espèces de feuilles qui, toutes, présentent la caractéristique d'être rugueuses et couvertes de petits poils.

En 1989, Michael Huffman, de l'Université de Kyoto au Japon Japon, a observé une femelle chimpanzé, à Mahale, en Tanzanie Tanzanie. Elle était peu active et manifestait des signes de malaise intestinal. Elle ne mangeait quasiment plus, à l'exception de tiges de Vernonia amygdalina. Elle choisissait de jeunes pousses, enlevait les feuilles et l'écorce, avant de mâcher longuement les tiges pour en extraire le jus. Habituellement, les chimpanzés délaissent ce petit arbre, très amer. Dans les 24 heures qui suivirent cette consommation, la femelle chimpanzé redevint active, retrouva son appétit et un transit digestif normal. Cette plante est utilisée en médecine traditionnelle africaine contre les maux d'estomac et les parasites intestinaux. Analysée par des chimistes, elle se révéla riche en composés antiparasitaires, certains n'ayant jamais été isolés auparavant. Ces composés n'ont toutefois pas donné lieu à des traitements applicables à l'homme.
Méecine préventive & curative
Depuis ces observations, d'autres éthologues ont observé des comportements identiques sur plus de dix sites d'étude de grands singes, de chimpanzés, mais aussi de bonobos et de gorilles, à travers toute l'Afrique : tous consomment soit des feuilles rugueuses, soit des tiges de Vernonia, en cas d'infestation parasitaire.

La quête de nourriture occupe la moitié du temps d'éveil des chimpanzés, le reste étant consacré à l'épouillage, aux déplacements, à la construction du nid, etc. Ils se nourrissent surtout de fruits, qui sont les éléments les plus nutritifs de leur alimentation. à Kibale, les figues représentent un aliment clé, dont il existe 14 espèces qui mûrissent presque tout au long de l'année (elles sont disponibles presque 11 mois par an, contre 7,5 pour les autres fruits). Ils mangent aussi des feuilles et, plus rarement, les autres parties des végétaux (tiges et écorces) d'espèces variées. En 20 ans d'observations, les membres de l'équipe du projet de Kibale ont répertorié 117 espèces consommées par ces primates. Au total, la liste des aliments des chimpanzés compte ainsi 163 éléments.

Nous avons mené des études bibliographiques sur ces 117 espèces botaniques et répertorié celles déjà connues pour leurs propriétés pharmacologiques. Nous avons découvert que les médecins traditionnels africains utilisent plus de 23 pour cent d'entre elles (pour difficultés respiratoires, parasites intestinaux ou maladies cutanées, par exemple), en se servant des mêmes organes (feuilles, tiges ou écorces) que les chimpanzés.

Dans le village jouxtant le domaine vital des chimpanzés, le praticien traditionnel utilise des plantes que consomment les chimpanzés, associées à des aliments (beurre, sel, sang, soupe de poulet, lait…) pour traiter diverses maladies. Il suggère d'ailleurs que les chimpanzés pourraient éviter de pâtir de la toxicité de certaines parties de plantes, comme les fruits de Phytolacca dodecandra, en les associant à d'autres substances naturelles; la terre serait l'une d'elles (la géophagie est une pratique courante chez les chevaux, les perroquets, les éléphants, etc.). Ainsi, le praticien prescrit la terre rouge pour traiter les dysentries des hommes, mais aussi pour soigner le bétail, en association avec le Ficus urceolaris.

Une étudiante, Noémie Klein, a comparé la terre consommée par les chimpanzés et celle utilisée pour traiter les hommes : elles présentent les mêmes profils chimique et physique. De plus ces deux types d'échantillons de terre ont une composition similaire aux pansements gastriques utilisés en médecine occidentale. Les remèdes des hommes et des chimpanzés se recouvrent donc; certains, à la frontière entre alimentation et médecine, frôlent même des pratiques jugées aberrantes chez l'homme.

Nous avons suivi un jeune mâle adulte qui, après s'être battu, souffrait d'une grave blessure à l'orteil. Pendant la semaine qui suivit l'agression, il a consommé des tiges d'Acanthus pubescens, une plante épineuse haute de deux mètres, que les guérisseurs utilisent au Burundi contre les infections cutanées et les dermatoses, des fruits de Ficus sur, prescrits en cas d'abcès et d'œdèmes, ainsi que des feuilles de Ficus exasperata, utilisées pour les mêmes pathologies et contre les ulcères. Les propriétés anti-ulcéreuses du Ficus exasperata sont avérées.

Le 16 octobre 2001, Kilimi, une jeune femelle chimpanzé âgée de six ans souffrait de troubles digestifs caractérisés par des diarrhées et des périodes de constipation. L'analyse des fèces a montré que Kilimi était infestée de parasites de plusieurs espèces. Le 20 octobre 2001, nous avons observé qu'elle consommait l'écorce d'un arbre qui n'était pas répertorié sur la liste des aliments des chimpanzés de Kanyawara, Albizia grandibracteata. Kilimi était le seul chimpanzé du groupe à consommer cette écorce pendant que sa mère et d'autres chimpanzés l'attendaient. Les selles collectées deux jours après cette ingestion avaient retrouvé une consistance normale et étaient dépourvues de parasites.

Par ailleurs, nous avons appris que les écorces de cette plante sont utilisées au Congo et en Ouganda contre les parasites intestinaux et les ballonnements. Ensuite, nous avons pratiqué des essais sur des cultures de parasites intestinaux et de cellules tumorales, et confirmé l'existence d'activités biologiques notables des écorces de cette plante. Nous avons alors isolé, en collaboration avec Catherine Lavaud, à la Faculté de pharmacie de Reims, quatre nouvelles molécules : des saponosides. Ces molécules détruisent les cellules cancéreuses en culture.

Les chimpanzés de Kanyawara consomment occasionnellement des feuilles de l'arbre Trichilia rubescens. En 20 mois, nous n'avons vu que 26 chimpanzés manger ces feuilles. En général, un seul membre du groupe en consomme. Il les cueille et en ingère une trentaine. Des maladies ne sont pas toujours diagnostiquées chez les consommateurs, mais lorsqu'ils existent, les symptômes associés à cette consommation peuvent entraîner de la fièvre (toux, infection urinaire, blessure, etc.).

Même quand les fruits abondent, les grands singes consomment aussi des écorces ou des tiges, qui sont plus difficiles à manger et qui ont une valeur nutritive inférieure. De fait, l'ingestion de ces parties des plantes permet aux chimpanzés d'éviter certaines maladies ou de diminuer l'impact des parasites intestinaux, comme en médecine préventive. Nous avons montré que, même si presque tous les individus sont parasités, le nombre de parasites reste faible. Les métabolites secondaires des plantes réguleraient la faune digestive des chimpanzés. Ainsi, le latex de certaines espèces de Ficus contient de la ficine, un mélange d'enzymes pouvant lyser (faire éclater) les parasites digestifs.

R. Wrangham et ses collègues ont analysé les figues de Kanyawara (que les primates consomment toute l'année) et montré qu'elles sont riches en tanins ou en terpènes (des hydrocarbures aromatiques). Même lorsque les fruits, mûrs et riches en sucres, abondent, les chimpanzés ingèrent des parties végétatives (feuilles, tiges, écorces), riches en métabolites. Ainsi, ils se nourrissent de substances végétales qui n'ont pas nécessairement une valeur nutritive élevée, mais qui leur assurent une bonne santé.

D'autres plantes, consommées seulement en présence d'un trouble pathologique, sont curatives. Ainsi, les chimpanzés sélectionnent des plantes "thérapeutiques", lesquelles sont souvent utilisées en médecine traditionnelle par les populations indigènes depuis des milliers d'années. étant donné la proximité phylogénétique de l'homme et du chimpanzé, de telles études pourraient-elles nous éclairer sur l'émergence de la médecine ?
Coopération si récompense & punission si vol
Le 18 septembre 2016, le primatologue Frans de Waal (Yerkes National Primate Research Center, Université de Emory, Atlanta, Géorgie, Etats-Unis United States), a mené une étude afin d'évaluer la capacité de coopération auprès des chimpanzés.

Trois chimpanzés manipulent un appareil coopératif pendant que deux autres les regardent.

Les chimpanzés coopèrent à trois pour obtenir une récompense.

Onze chimpanzés ont participé à une expérience dans laquelle seule la coopération (trois tâches exécutées par trois individus différents) permettait d'obtenir la récompense.

Initialement, deux individus devaient faire équipe : l'un soulevait une barrière pendant que l'autre tirait vers lui un plateau sur lequel se trouvaient des morceaux de fruits. Une fois que la coopération était établie entre deux sujets, une deuxième barrière était ajoutée et l'implication d'un troisième chimpanzé devenait nécessaire pour accéder à la récompense.

Sachant que les singes avaient une centaine d'heures devant eux pour obtenir leur récompense sous l'œil d'autres chimpanzés, il y avait de grandes chances pour qu'une situation de compétition survienne. Les chercheurs définissent la compétition comme des épisodes d'agressions physiques, de harcèlement d'un individu pour qu'il s'éloigne de la récompense ou encore le vol de la récompense obtenue par d'autres.

Les chimpanzés coopèrent à trois pour obtenir une récompense.

Bien que l'étude ne se soit intéressée qu'à un petit nombre d'individus, les résultats sont évocateurs. Lors de sessions d'expérience de 94 heures, les chimpanzés ont coopéré à 3 565 reprises, et on été cinq fois moins en situation de compétition. De plus, ils ont utilisé tout une palette de stratégies pour punir les comportements de compétition, comme par exemple en travaillant de préférence avec leurs compagnons les plus tolérants et sociaux.

Les tentatives de vols par ceux qui n'avaient pas participé au travail collaboratif n'étaient pas bien perçues par les autres individus. Les chercheurs ont même observé 14 situations au cours desquelles un chimpanzé tiers – généralement l'un des dominants – est intervenu pour punir les chapardeurs (voleurs).

"On lit souvent que la coopération humaine est unique," explique Frans de Waal, primatologue à Yerkes et co-auteure de l'étude. "Notre étude est la première à montrer que nos cousins les plus proches savent très bien comment dissuader la compétition et le vol."

Chimpanzé Frodo.

Selon Malini Suchak, psychologue du Canisius College à Buffalo et auteure principale de l'étude : "bien que la coopération soit répandue au sein des espèces animales, la coopération chez les fourmis, par exemple, comme chez beaucoup d'autres espèces, est majoritairement tournée vers la parenté et est préprogrammée. Notre étude monte que les chimpanzés pensent vraiment à la coopération et prennent activement des décisions qui la maximisent et minimisent la compétition".

"D'un point de vue cognitif, ce qu'ils ont fait lors de notre expérience est bien plus proche de ce que les humains font en coopérant que de ce que font les fourmis."

Michael Tomasello, de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive, pionnier dans ce domaine de recherche mais non impliqué dans cette étude, fait néanmoins remarquer qu'outre la petite taille de l'échantillon, cette nouvelle étude est limitée par d'autres facteurs. Les travaux de Michael Tomasello ont déjà montré que lorsqu'ils ont l'opportunité de travailler ensemble ou d'agir seul pour obtenir de la nourriture, les chimpanzés préfèrent agir seul, un trait qui les distingue des humains. Les singes de l'étude de Malini Suchak étaient libres d'aller et venir dans leur enclos et avaient accès à leur nourriture habituelle mais, selon Michael Tomasello, à l'état sauvage, ils auraient bien pu choisir de chercher leur nourriture seuls plutôt que de coopérer.

Chimpanzés en milieu naturel, en mode quadrupède ou bipède.

Lors de travaux publiés en 2014, Malini Suchak, Frans de Waal et leurs collègues avaient montré que les chimpanzés qui cohabitent dans un contexte socialement riche et complexe unissent spontanément leurs forces. Une autre étude avait montré que, comme les humains, les singes deviennent plus sélectifs socialement avec l'âge, préférant passer du temps avec leurs "amis" plutôt qu'avec d'autres singes.

Malheureusement, les grands singes partagent aussi d'autres traits plus inquiétants avec nous : dans la nature, les chimpanzés s'unissent souvent pour lutter contre d'autres groupes. Une étude de terrain réalisée en Ouganda Ouganda par John Mitani, anthropologue à l'université de Michigan United States, a montré que toutes les quelques semaines, les mâles d'une communauté de chimpanzé particulière se rassemblaient pour explorer les territoires voisins. S'ils n'étaient pas en nombre inférieur, les intrus menaient alors un "siège" pour tenter de conquérir un nouveau territoire.
Pêche aux termites
C'est en octobre 1960, au beau milieu de la forêt équatoriale tanzanienne Tanzanie, que Jane Goodall fit une découverte qui allait profondément bouleverser notre vision des capacités cognitives des animaux : la jeune éthologue britannique Royaume-Uni observa pour la première fois en milieu naturel la fabrication et l'utilisation d'un outil par un animal non humain, en l'occurrence un chimpanzé (Pan troglodytes) qui harponnait des termites avec une brindille astucieusement glissée dans la termitière.

Bien que de nombreuses études aient été réalisées depuis, on ne sait toujours pas si les chimpanzés pêchent pour un plaisir saisonnier ou s'ils tentent leur chance.

Entre 2018 et 2022, des chercheurs de l'University College de Londres (UCL) au Royaume-Uni Royaume-Uni et de l'Université de Californie à Santa Cruz (UCSC) aux Etats-Unis United States ont décidé d'approfondir la question. Ils ont étudié le lien entre la disponibilité des termites et la pêche des chimpanzés et ils ont découvert que ces insectes sont surtout disponibles au début de la saison des pluies. Malgré la disponibilité d'autres aliments pendant cette période, les chimpanzés choisissent d'attraper des termites.

Le chimpanzé Bingwa reniflant une termitière (Seth Phillips) dans la vallée d'Issa, en Tanzanie.

"Bien que nous ne puissions jamais lire dans les pensées d'un chimpanzé, nous pouvons peut-être commencer à nous faire une idée de ses attentes en matière de disponibilité des ressources en analysant les cas dans lesquels ils arrivent aux termitières et les examinent pour déterminer la viabilité de la pêche."
Vicky Oelse, auteur principal de l'étude & chercheur à l'UCSC (Université de Californie à Santa Cruz).

Les chimpanzés comptent sur les termites comme source nutritionnelle essentielle, mais leur espèce de termites préférée (le genre Macrotermes) vit profondément à l'intérieur de monticules robustes ressemblant à des forteresses. Mais de temps en temps, certains termites partent établir de nouvelles colonies, créant ainsi des trous d'envol dans les monticules. Les chimpanzés profitent de ces trous pour les attraper.

Le chimpanzé Bingwa pêchant des termites (Seth Phillips) dans la vallée d'Issa, en Tanzanie.

Dans certains endroits, les chimpanzés pêchent les termites toute l'année. Dans d'autres, la pêche est saisonnière. L'étude de la disponibilité des termites est cruciale pour comprendre la diversité des outils utilisés par les chimpanzés. Dans leur étude, les chercheurs se sont concentrés sur celles qui vivent dans la région de la vallée d'Issa, en Tanzanie Tanzanie, où les saisons humides et sèches sont très distinctes.

Ils ont compilé de nombreuses données météorologiques et utilisé des images de pièges à caméra provenant de 13 termitières pour suivre les schémas de dispersion des termites et l'activité de prédation des chimpanzés sur une grande période. En outre, des essais de pêche aux termites ont été menés dans 14 termitières de la vallée d'Issa entre 2018 et 2022, reproduisant les outils et les techniques utilisés par les chimpanzés.

Evénements de prédation sur des monticules de Macrotermes observés à l'aide de pièges photographiques. (A) Singes à queue rouge aux côtés de la mangouste à queue touffue, (B) chimpanzé mangeant un alate avec un outil de pêche aux termites à la main, (C) varan des rochers, (D) civette africaine.

Evénements de prédation sur des monticules de Macrotermes observés à l'aide de pièges photographiques. (A) Singes à queue rouge aux côtés de la mangouste à queue touffue, (B) chimpanzé mangeant un alate avec un outil de pêche aux termites à la main, (C) varan des rochers, (D) civette africaine.

"Lorsque j'ai visité la vallée d'Issa pour la première fois, j'ai rapidement appris qu'il était plus difficile de pêcher des termites que ce à quoi je m'attendais. Cela m'a alerté sur l'idée qu'une recherche efficace de ces proies termites pourrait être plus compliquée que ce que les gens estiment généralement."
Seth Phillips, auteur correspondant de l'étude.

Sur 1 924 tentatives de pêche aux termites, seules 363 ont été couronnées de succès. Les chercheurs ont constaté qu'ils avaient plus de chances d'extraire des termites à mesure que les précipitations augmentaient, jusqu'à ce qu'il soit tombé 200 millimètres de pluie. Au-delà, la proportion d'essais réussis diminuait. La majorité des termitières étaient les plus actives entre 50 et 200 mm de précipitations cumulées.

Notamment, les vols de dispersion ont eu lieu exclusivement pendant la saison des pluies et ont presque entièrement cessé après avoir atteint 400 mm de précipitations. Les chimpanzés étaient parmi les prédateurs les plus fréquemment observés dans les termitières et arrivaient souvent avec un outil.

"Nous sommes en train d'examiner les images des pièges à caméra qui montrent le comportement des chimpanzés dans ces termitières. Nous voulons savoir comment les chimpanzés adaptent leur comportement de recherche en fonction des changements saisonniers. Par exemple, examinent-ils les termitières immédiatement après une pluie, après une longue période de sécheresse ? Ces données pourraient nous apprendre quelque chose d'intéressant."
Seth Phillips, en charge de l'étude.

Si certaines communautés de chimpanzés, comme celles du parc national de Gombe Stream (à 140 km de la vallée d'Issa), exploitent les termites tout au long de l'année, la pêche aux termites y atteint également son apogée au début de la saison des pluies. Ceux qui pêchent tout au long de l'année bénéficient peut-être d'un sol plus meuble ou d'outils plus efficaces, ce qui, selon les chercheurs, ne fonctionnerait pas dans la vallée d'Issa.

Selon l'étude : "La saisonnalité de la pêche aux termites dans la vallée d'Issa est probablement déterminée en grande partie par l'écologie reproductive saisonnière des Macrotermes, qui est à son tour déterminée par des facteurs météorologiques, en particulier les précipitations cumulées."

Les chercheurs suggèrent une "interaction dynamique" entre les précipitations, la reproduction des termites, l'utilisation d'outils par les chimpanzés et les événements de prédation.
Pharmacopée chez les chimpanzés
On savait que ces primates utilisaient des plantes pour se soigner. Ils semblent également appliquer des insectes sur leurs plaies, une découverte qui enrichit nos connaissances sur la pharmacopée animale.

Les substances végétales trouvées dans la forêt sont une importante source de soins thérapeutiques pour les communautés de chimpanzés. En 2003, l'équipe de Sabrina Krief, primatologue au Muséum national d'histoire naturelle, à Paris France, a répertorié 23 espèces végétales connues pour leurs propriétés pharmacologiques, qui sont consommées par ces grands singes. L'ingestion de feuilles rugueuses, d'écorces, de tiges et de fleurs ayant des propriétés antiparasitaires ou antimicrobiennes est une pratique fréquente d'automédication (utilisation de substances non nutritionnelles pour combattre des agents pathogènes) chez nos proches cousins phylogénétiques. Cependant, Simone Pika, chercheuse à l'université d'Osnabrück, en Allemagne, et ses collègues viennent de publier des observations suggérant l'existence d'une nouvelle technique de médication employée par certains chimpanzés de la communauté de Rekambo, dans le Parc de Loango, au Gabon  Gabon: ils appliquent des insectes sur leurs propres plaies ou les blessures de congénères.

Sur cette image trois chimpanzés (Suzee, Sassandra et Olive) du parc national de Loango, au Gabon Gabon, ont été observés par les primatologues du projet Ozouga, dirigé par Simone Pika, chercheuse à l'université d'Osnabrück, en Allemagne Allemagne. Sur la droite, l'un d'entre eux est en train d'appliquer un insecte sur sa blessure, au niveau du bras.

Pharmacopée ou automédiction chez les chimpanzés.

Les comportements d'automédication ne sont pas propres aux humains et aux grands singes. Ils sont aussi courants chez de nombreuses espèces comme les dauphins, les éléphants, les ours mais aussi les étourneaux et certains reptiles.

Chimpanzé Suzee.

La friction d'animaux ou de sécrétions animales (fourmis, myriapodes…) sur le pelage ou le plumage est également fréquente. Néanmoins, l'application d'insectes sur des plaies ouvertes n'avait jamais été documentée dans le règne animal.

Chimpanzé Sassandra.

Chez 22 chimpanzés de la communauté Rekambo, l'équipe de chercheurs a rapporté 76 occurrences (unités, singularités) de ce comportement. Par exemple, ils ont observé une mère chimpanzé attraper des insectes en vol avec sa bouche puis les placer sur la plaie ouverte de son petit.

Chimpanzé Olive.

Lors d'un autre événement, un adulte mâle avait appliqué des insectes volants sur sa propre blessure puis plusieurs individus étaient venus l'aider à frotter les insectes à l'aide de leurs doigts ou de petits claquements de lèvres.

"Toutes ces étapes sont nécessaires avant de pouvoir confirmer qu'il s'agit d'un comportement de soin lié à des composés chimiques présents dans l'insecte", souligne Sabrina Krief. En effet, les chimpanzés utilisent occasionnellement des feuilles pour "nettoyer" leur blessure sans les mâcher. Parfois, ils les passent dans leur bouche avant de les appliquer avec de la salive sur leur blessure. Dans ce cas, cet usage s'apparente à celui d'une compresse qui n'a pas de propriété médicinale en elle-même.

Sur cette image, deux individus (Roxy et Thea) de la communauté de Rekambo, au Gabon, se toilettent pour retirer leurs parasites.

Toilettage chez les chimpanzés.

Cette découverte pourrait témoigner de l'existence de comportements d'automédication complexes, mais plus encore d'allomédication, c'est-à-dire l'intervention d'un pair pour soigner un congénère.

Chimpanzé Roxy.

S'il n'y a pas encore de consensus (accord unanime) quant à la capacité cognitive des grands singes à avoir de l'empathie, l'observation de ces comportements prosociaux tend à démontrer le contraire.

Chimpanzé Thea.

De la même manière que des traditions locales émergent pour l'alimentation chez certains individus d'un groupe, l'application d'insectes sur les plaies pourrait résulter d'une transmission culturelle avec d'importantes implications pour mieux comprendre le phénomène de culture animale et son évolution dans les sociétés humaines.
Tactiques militaires des chimpanzés
Dans le cadre du projet "Taï Chimpanzee Project", l'anthropologue biologique Sylvain Lemoine (département d'archéologie de l'université de Cambridge, Royaume-Uni Royaume-Uni) et son équipe ont étudié le 06 novembre 2023 le comportement des chimpanzés dans les forêts de la Côte d'Ivoire Côte d'Ivoire, en Afrique de l'Ouest.

Les chercheurs ont recréé des cartes territoriale grâce aux traceurs GPS, vérifiant ainsi la topographie sur d'anciennes cartes coloniales françaises.

Pendant trois ans, les chercheurs ont suivi avec attention 58 chimpanzés (deux groupes de chimpanzés sauvages voisins), accumulant plus de 21 000 heures d'observation.

Tactiques militaires chez les chimpanzés de Côte d'Ivoire.

Lorsqu'il s'agit d'espionner les tribus voisines, les chimpanzés adoptent une stratégie militaire bien connue des humains : s'assurer un point d'observation plus élevé pour surveiller de potentielles menaces. Pour se faire, les chimpanzés étaient deux fois plus enclins (sujets) à grimper sur des collines situées à proximité des frontières conflictuelles entre leurs territoires qu'à l'intérieur de leur domaine.

"La guerre tactique est considérée comme un moteur de l'évolution humaine. Ce comportement des chimpanzés nécessite des capacités cognitives complexes qui permettent de défendre ou d'étendre leur territoire, et serait favorisé par la sélection naturelle." note Sylvain Lemoine.

Au sommet de ces collines frontalières, les chimpanzés ne cherchaient pas de nourriture et ne faisaient pas de bruit, mais adoptaient un comportement calme. L'équipe de recherche suppose que cela permet aux primates d'écouter attentivement les sons lointains des groupes rivaux.

En évaluant la distance de ces rivaux depuis leur position élevée, les chimpanzés peuvent alors avancer ou reculer stratégiquement, afin de minimiser les confrontations dangereuses.

L'observation particulièrement intéressante, selon Lemoine, est le comportement des chimpanzés lors de leurs "patrouilles frontalières". Ces patrouilles ressemblent à une chasse synchronisée. Les chimpanzés, en sous-groupes, limitent leur bruit et se déplacent en harmonie, couvrant leurs territoires. Ils reviennent fréquemment sur certaines collines proches de la frontière, appelées "inselbergs", pour leurs missions de reconnaissance.

Tactiques militaires chez les chimpanzés de Côte d'Ivoire.

Lemoine assimile ces lieux non pas à des "points d'observation", mais à des "points d'écoute" en raison de leurs avantages auditifs. Plus les bruits rivaux sont éloignés, plus ils ont de chances d'avancer en territoire rival. Par exemple, la probabilité qu'ils s'aventurent en terrain ennemi est de 60 % si les bruits rivaux sont détectés à 3 000 mètres.

A partir de l'étude : prédictions concernant la probabilité que les chimpanzés avancent vers l'emplacement de leurs rivaux ou s'en éloignent, en fonction de l'altitude, du déséquilibre des forces et de la distance intercommunautaire. Silhouettes de chimpanzés assis : ceux qui recueillent des informations (illustrées par le dessin de l'"oreille"); silhouettes de chimpanzés debout : chimpanzés rivaux ; les arcs de cercle noirs représentent la plage de détection auditive qui s'étend à partir d'une altitude plus élevée; les cercles gris représentent le risque supposé imposé par les rivaux (faible, moyen, élevé); flèches rouges : probabilité d'avancer vers les rivaux; flèches violettes : probabilité de s'éloigner des rivaux; épaisseur des flèches : étendue des probabilités.

Tactiques militaires chez les chimpanzés de Côte d'Ivoire.

Sylvain Lemoine explique également que l'expansion du territoire peut directement augmenter la disponibilité de la nourriture et les possibilités d'accouplement. Des territoires plus vastes réduisent les pressions entre les groupes, ce qui peut entraîner des taux de natalité plus élevés. Bien que les chimpanzés aient principalement utilisé la surveillance des collines pour réduire les conflits, il y a eu des cas de confrontations violentes, entraînant parfois des enlèvements et des décès.

Toujours selon Sylvain Lemoine : "Il arrive que des groupes de raids composés de deux ou trois mâles s'aventurent profondément dans le territoire ennemi, ce qui peut entraîner des combats. Les affrontements entre chimpanzés rivaux sont extrêmement bruyants. Les animaux entrent dans une frénésie intimidante, criant, déféquant et s'agrippant les uns aux autres."

Il semble que les frontières entre l'intelligence humaine et l'intelligence animale deviennent de plus en plus floues, car les subtilités stratégiques que l'on croyait jusqu'à présent propres aux humains sont désormais observées chez nos cousins primates.

Cochon

Etat de conscience

Variante du test du miroir
Le cochon ou porc (sus domesticus) est domestiqué depuis 10 000 ans en Mésopotamie (Irak actuel Irak) & en Chine Chine (- 9000 à Jiahu, vers - 8000 à Cishan). Selon Greger Larson, les plus anciennes traces connues de porcs domestiques (9 000 ans avant notre ère) se trouvent dans l'est de la Turquie Turquie & à Chypre Chypre, région qui a vu la naissance de l'agriculture.

Il faudra attendre 5500 à 3900 ans avant notre ère, pour voir son apparition en Europe Europe, notamment sur l'île de la Beauté, la Corse en France France.

Le porc est capable de réussir une variante du test du miroir où un bol de nourriture peut être trouvé uniquement en déduisant sa position du reflet dans le miroir.
Relations sociales
Les cochons sont joueurs (balle, bâton, sautillements, poursuite...) et peuvent également interagir avec des jeux vidéo.

Cochon dans les montagnes Altai, village Ortolyk (Sibérie, Russie).

Un cochon qui sait où se trouve un point de nourriture est capable de développer une stratégie pour cacher son emplacement à un autre cochon qui a l'habitude de lui voler sa nourriture.

Le cochon est utilisé pour son odorat dans la recherche des truffes.

Cochon vietnamien

Comportement social

Partie de cache-cache
Comme tous les cochons, le cochon vietnamien est un animal hautement social. Des études ont montré qu'il était capable de tromper ses congénères pour les tenir éloignés de sa nourriture.

Cochon vietnamien dans un fauteuil vert du salon.

Ecureuil gris

Stratégie sociale

Fausses cachettes
Ecureuil gris

En Amérique du Nord, les écureuils gris (Sciurus caroliensis) tiennent une noisette entre leurs mâchoires et font semblant de l'enterrer à divers endroits avant de le faire pour de bon, une tactique qui permet de laisser d'autres écureuils voleurs dans le doute.

Tout voleur potentiel de noisettes fouille alors un certain nombre de caches vides avant d'abandonner.

Une autre manœuvre consiste à enfouir une noisette et à empiler des feuilles et de la terre au-dessus d'un autre endroit qui a tout l'air d'une cachette à nourriture mais qui est en réalité vide.

Eléphant d'Asie

Relations sociales

Domestication
Illustration d'éléphants d'Asie de 1890.

L'éléphant d'Asie (Elephas maximus) est présent au Bangladesh Bangladesh, en Birmanie Myanmar (nouvellement Myanmar), en Chine Chine (province du Yunnan), en Indonésie Indonésie, en Inde Inde, au Laos Laos (rivière Tad Lo sur le plateau des Bolovens, ou encore le Centre de Conservation de Sayaboury), en Malaisie Malaisie, au Népal Népal (parc national de Chitawan), au Sri-Lanka Sri Lanka, en Thaïlande Thaïlande & au Viênam Viêt-Nam ou Viêtnam.

Localisation de l'éléphant Asie (Elephas maximus).

Domestiqué il y a plus de 4500 ans dans la vallée de l'Indus (Afghanistan Afghanistan, Inde Inde, Iran Iran & Pakistan Pakistan), sa première utilisation est vraisemblablement celle d'auxiliaire de guerre (bataille des généraux Hannibal & Alexandre le Grand).

Eléphante asiatique, du zoo de Sorocaba en Inde.

L'éléphant d'Asie sert principalement de moyen de transport, de déplacement de lourde charge & de chasse au tigre. L'éléphant d'Afrique, bien que plus imposant que son homologue asiatique, s'avère plus difficile à dompter.

Eléphante asiatique, au zoo de Melbourne en Australie.

L'éléphant domestiqué peut apprendre plus de trente ordres différents.

Girafe

Relations sociales

Rôle des femelles post-ménopausées
La zoobiologiste Zoé Muller (université de Bristol, Royaume-Uni Royaume-Uni) mène le 04 août 2021 une étude sur une mère girafe de Rothschild. Les girafes sont des mères attentives à leur progéniture.

Une mère girafe de Rotschild s'occupant de son bébé.

Toutes les femelles d'un groupe s'investissent dans la progéniture des autres.

Si on compare le temps passé de par certaines espèces dans un état de post-reproductif, pour les éléphants, les girafes & les épaulards, ce temps est respectivement de 23%, 30% & 35%.

On peut en conclure que ces trois espèces d'aspect différent, partagent les mêmes structures sociales très complexes & aux soins coopératifs.

Il a été démontré que la "présence de femelles post-ménopausées présente des avantages en matière de survie pour la progéniture apparentée", notent les auteurs de cette étude.

Raisonnement statistique

La carotte en récompense
Le 08 mai 2023 le neuroscientifique Alvaro Lopez Caicoya (zoo de Barcelone, Espagne Espagne) & d'autres biologistes allemands (Univesité de Leipzig Allemagne ont testé la capacité de prendre des décisions sur quatre girafes (Giraffa camelopardalis), deux mâles & deux femelles.

Alvaro Lopez Caicoya donne à manger à une girafe en cage.

"Nous avons présenté aux girafes différents ensembles de nourriture et les avons laissé choisir", explique Alvaro Lopez Caicoya de l'Université de Barcelone.

Dans une première série de tests, un expérimentateur présentait aux girafes deux contenants transparents dans lesquels se trouvaient des quantités différentes de leurs aliments favoris, des carottes, parmi d'autres légumes moins appréciés, des tranches de zucchinis.

Girafes, 68 000 individus à l'état sauvage & présents dans quinze pays d'Afrique.

Ensuite, l'expérimentateur plaçait secrètement un morceau de nourriture de chaque récipient dans ses mains et laissait la girafe choisir entre les deux options.

L'expérience a été répétée 20 fois avec quatre girafes, en variant la quantité et la fréquence de la nourriture très appréciée et moins appréciée. Les girafes ont choisi le récipient le plus susceptible de fournir le plus de carottes, ce qui montre qu'elles ont intégré l'information visuelle donnée par les échantillons présentés.

Girafes, 68 000 individus à l'état sauvage & présents dans quinze pays d'Afrique.

Dans une deuxième série d'expériences, la quantité de carottes était la même dans les deux récipients, mais la quantité de tranches de zucchinis variait. Les girafes ont également fait le bon choix.

Dans une troisième série d'expériences, la quantité de tranches de courgettes restait la même, mais la quantité de carottes variait. Les girafes ont encore une fois fait le bon choix.

Alvaro Lopez Caicoya donne à manger à une girafe en cage.

Comme les girafes ont réussi les trois tests, les auteurs de l'étude concluent qu'elles ont utilisé des inférences statistiques.

Les résultats combinés des trois tests permettent aux chercheurs d'établir que les girafes utilisent des fréquences relatives (raisonnement statistique) et qu'elles ne comparent pas simplement les quantités absolues de leurs aliments préférés

Gorille

L'art du dessin

En captivité, les primates à qui l'on fournit le matériel adéquat se livrent à des activités manuelles toutes humaines. Certains gorilles, chimpanzés ou orangs-outans, révèlent un vrai goût pour le dessin, avec des styles et des usages de couleurs différents selon les individus, comme l'a récemment montré Cédric Sueur, éthologue à l'Institut pluri­disciplinaire Hubert Curien. D'autres encore jouent à des jeux sur des tablettes tactiles.

Gorille en position assise

On peut voir ici, le gorille Koko planter des clous.

Gorille

Le gorille Koko entrain de dessiner.

Gorille

Macaque

Conscience

Test du miroir
Macaque et le test du miroir ou de la tache colorée.

Jusqu'ici, seuls les chimpanzés, les orangs-outans, les gorilles, les macaques (comme ci-dessus) et les hommes sont parvenus à réussir ce test. Les scientifiques ont montré que d'autres espèces animales (comme les éléphants ou les perroquets gris d'Afrique) savent se servir d'un miroir comme outil, pour guider leurs gestes ou trouver des objets cachés.

Usage d'un outil

En 2013, un macaque crabier se sert d'une pierre pour ouvrir une noix.

Un macaque crabier casse une noix à l'aide d'une pierre.





Mouton

Conscience

Mémoire des visages
Visage d'un mouton

Des études ont montré que les moutons étaient capables de se reconnaître mutuellement et de se souvenir des visages d'autres moutons au fil du temps.

Orang-outan

Intelligence animale

Relations sociales
Le nom vernaculaire "orang-outan" provient de l'indonésien et du malais "orang hutan", qui signifie "personne de la forêt" (ou "des bois").

Les orangs-outans sont des grands singes diurnes, au pelage clairsemé de couleur rouille à orange foncé, qui, comme les autres hominoïdes, ne possèdent pas de queue. Ils sont endémiques (originaires) des forêts tropicales des îles de Sumatra et Bornéo, territoires partagés entre l'Indonésie Indonésie et la Malaisie Malaisie. Autrefois l'on trouvait également des orangs-outans sur l'île de Java.

Répartition des orangs-outans sur les îles de Sumatra & Bornéo.

Le genre Pongo comprend trois taxons distincts qui se différencient difficilement par leur morphologie mais qui occupent des aires de répartition diférentes.

Les orangs-outans de Bornéo sont légèrement plus petits que les deux autres espèces, orangs-outans de Sumatra et orangs-outans de Tapanuli, qui se répartissent toutes les deux à Sumatra, au nord et au sud du lac Toba. Ce sont les seuls grands singes à ne pas vivre en groupe. Les mâles comme les femelles sont solitaires, mais ces dernières peuvent vivre accompagnées de leur petit, qui reste avec elles pendant ses premières années de vie.

Visage d'un orang-outan.

Dans la nature, des populations individuelles d'orangs-outans ont développé des comportements uniques, comme celui d'utiliser des branches feuillues en guise de "parapluie" qu'ils transmettent de génération en génération.

L'animal se nourrit la plupart du temps de fruits, de jeunes pousses, d'écorce, de petits vertébrs, d'œufs d'oiseaux et d'insectes. Anne Russon, qui étudie l'intelligence des grands singes à l'université York, s'est étonne d'observer une nouvelle activité des orangs-outans vivant autrefois en captivité et relâchés à Bornéo : la pêche.

Otang-outan dans la réserve de la forêt Semenggok (Sarawak, Born´o, Malaisie).

Les adultes mâles sont solitaires durant une grande partie de leur vie mais communiquent par des cris puissants, perceptibles &agravde; 1 km au moins, pour marquer leur territoire et peut-être pour appeler les femelles qui sont moins solitaires puisqu'elles accompagnent leurs petits jusqu'à l'âge de 3 ans et demi environ.

Bien que les orangs-outans soient génVralement paisibles, des agressions entre individus peuvent arriver dans le cadre des rivalités territoriales ou sexuelles. Les mâles non-mûrs courtisent et tentent de mimer des accouplements avec les femelles immatures, qui fuient ces avances : ces "jeux" peuvent parfois devenir agressifs.

Femelle otang-outan de 6 mois dans le zoo de Little Rock.

Préférant s'accoupler avec les mâles mûrs, les femelles adultes repoussent facilement les jeunes prétendants. Ces interactions sociales s'établissent surtout en captivité ou en groupe auprès des installations humaines de recueil des jeunes orangs-outans abandonnés, tandis que, dans la vie sauvage, les rencontres sont beaucoup plus rares et les possibilités de fuite plus larges.
Capacités cognitives
Comme les autres grands singes, les orangs-outans sont remarquablement intelligents. Au milieu des années 1990, une population d'orangs-outans a été observée utilisant régulièrement des outils pour s'alimenter ["Orang-Utan tool use at Tanjung Putting Reserve, Central Indonesian Borneo (Kalimantan Tengah)", BMF Galdikas, J Hum Evol, volume 10,‎ 1982, page 19-33], ["Manufacture and use of tools in wild Sumatran orangutans – implications or human evolution"; Van Schaik, E. A. Fox et A. F. Sitompul; Naturwissenschaften, volume 83, n°4,‎ 1996, page 186-188].

Ils ont aussi, comme les chimpanzés, les gorilles et peut-être les macaques crabiers, les macaques de Tonkeans et les capucins, la faculté de se reconnaître dans un miroir ["Miroir, ô mon miroir", Catherine Malaval, sur liberation.fr, Libération, 27 février 1996].

Un article paru dans Science en 2003 apporte des preuves de l'existence d'une culture propre aux orangs-outans ["Orangutan Cultures and the Evolution of Material Culture"; Carel P. van Schaik, Marc Ancrenaz, Gwendolyn Borgen, Birute Galdikas, Cheryl D. Knott, Ian Singleton, Akira Suzuki, Sri Suci Utami, Michelle Merrill; Science, 3 janvier 2003, volume 299, n°5603, page 102-105].

Orang-outan en mode Druide ou Pharmacologie.

Plus récemment, une expérience conduite par des chercheurs allemands Allemagne de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste de Leipzig en a permis de mettre en évidence les capacités intellectuelles des orangs-outans. Des chercheurs ont présenté à cinq orangs-outans femelles de 7, 11, 17 et 32 ans, venant d'un zoo local, une grosse cacahuète flottant sur de l'eau, dans une longue éprouvette verticale transparente fixée à une paroi. Le niveau d'eau était trop bas pour que les singes puissent attraper la cacahuète avec les doigts. Un récipient d'eau était mis à leur disposition dans la pièce. Les orangs-outans ont rapidement compris qu'en prenant de l'eau dans leur bouche pour la recracher dans l'éprouvette, ils feraient monter le niveau de l'eau et pourraient attraper la cacahuète et la manger. Il a fallu 9 minutes en moyenne pour qu'ils le fassent; à la dixième expérience, 30 secondes leur suffisaient pour attraper et manger la friandise. Aucune autre méthode ne permettait de récupérer et manger la cacahuète.

Plus que les expériences en zoo ou en laboratoire, Christophe Boesch ["Wild Cultures - Cambridge University Press", sur www.cambridge.org] suggère de s'intéresser à la vie des primates dans leur milieu d'origine. Dans le cas des orangs-outans, la culture outillée a été détaillée par Carel van Schaik et al. Mais une culture animale comprend également des traits comportementaux partagés, une communication efficiente, des conditions de transmission [Louchart Frédéric, Le Courrier de l'environnement de l'INRA", sur www7.inra.fr]. Les travaux sur l'intelligence et la culture ne se posent plus de façon anthropocentrique comme dans le cas du langage chez Chantek (on a fait apprendre la langue des signes à l'orang-outan Chantek, au chimpanzé Washoe, au bonobo Kanzi et au gorille Koko), mais sur la possibilité de conserver des cultures non-humaines dans les centres de réintroduction et les parcs zoologiques.

L'orang-outan de Bornéo (104 700 individus + 479 en captivité) est présent en Indonésie Indonésie : Parc national de Kutai, Parc national du Mont Palung, Parc national de Tanjung Puting, Parc national de Betung Kerihun, Parc national de Bukit Baka Bukit Raya, Parc national du Lac Sentarum, Parc national de Sabangau. Il est présent également en Malaisie Malaisie : Parc national de Batang Ai, Parc national de Banjaran Crocker.

L'orang-outan de Sumatra (13 800 individus + 264 en captivité) est présent dans le Parc national du Mont Leuser (Gunung Leuser).

Présence de l'orang-outan de Tapanuli (800 individus) : Réserve naturelle de Dolok Sipirok, Réserve naturelle de Dolok Sibual Buali, Réserve naturelle de Lubuk Raya.
L'art de la taquinerie
Isabelle Laumer (Institut Max Planck du comportement animal, Allemagne) et ses collègues ont réalisé des vidéos de cinq espèces de grands singes : les bonobos (Pan paniscus), les orangs-outans de Sumatra (Pongo abelii), les gorilles de l'Ouest et de l'Est (Gorilla gorilla et Gorilla beringei) et les chimpanzés (Pan troglodytes). Il y avait au total 34 singes, tous hébergés dans des zoos.

A partir de 75 heures de vidéo, l'équipe a documenté 504 interactions sociales entre individus. Parmi celles-ci, 142 ont été classées comme des taquineries ludiques, comprenant 18 comportements tels que titiller, frapper, tirer les poils, entraver les mouvements et voler.

Un jeune orang-outan tire les poils de sa mère.

Ouistiti

Relations sociales

Sens du partage
A l'état sauvage, les ouistitis, un type de singes que l'on trouve en Amérique du Sud, sont très coopératifs. Ils lancent souvent de petits cris destinés à garder une trace de leurs positions respectives et partagent leur nourriture avec les membres de leur groupe.

Ouistiti, singe d'Amérique du Sud.

Singe doré

Primate debout (plateau tibétain)

La biologiste Qi Xiao-Guang (Université du Nord-Ouest, Xian, Chine Chine) & la primatologue Nina Jablonski (Université d'Etat de Pennsylvanie, Etats-Unis United States) confirment que le singe doré (Rhinopithecus Roxellana) est le seul primate à pouvoir se déplacer debout dans la neige.

L'épaisse fourrure très convoitée du rhinopithèque de Roxellane est un atout pour supporter la froideur de l'hiver et se déplacer le long du plateau tibétain Tibet.

Singe doré (Rhinopithecus Roxellana).

Chassé et repoussé sans cesse, ce primate singulier s'est isolé en à 3 000 mètres d'altitude.

Niché dans les montagnes de Qin Ling, en Chine centrale, ce primate vit en bandes territoriales pouvant atteindre 400 individus.

Singe doré (Rhinopithecus Roxellana).

Sur les 20 000 spécimens qui vivent sur Terre, 4 000 d'entre eux sont situés dans la réserve naturelle nationale de Laoxiancheng.

Ils survivent en se nourrissant de lichens à faible teneur en protéines & d'écorces lorsque les arbres sont dénudés.

Ses vastes réseaux sociaux l'aident à repousser les prédateurs, comme les panthères nébuleuses.

Rat

Calibrage de l'interface cerveau-machine

(06 novembre 2023)

Les scientifiques savaient déjà que les rongeurs tels que les rats étaient des êtres très intelligents, empathiques & enjouvés, qui se prêtaient même " jusqu'à sourire" lorqu'on les chatouillaient.

Pour les neurobiologistes, l'hippocampe est la partie du cerveau utilisée pour la mémoire, l'imagination & la planification de l'avenir. Il contient une carte cognitive des environnements précédemment explorés & la capacité de simuler des scénarios, une caractéristique de l'intelligence.

"Imaginer est l'une des choses remarquables que les humains sont capables de faire. Aujourd'hui, nous avons découvert que les animaux en sont également capables, et nous avons trouvé un moyen de l'étudier", confirme le neurobiologiste Albert Lee.

Le groupe du chercheur Albert Lee (Janelia Research Campus, Howard Hugues Medical Institute, Etats-Unis United States) a testé la capacité des rats à contrôler leur activité hippocampique, en équipant les rongeurs d'une interface cerveau-machine (microprocesseur "greffé" sur la tête) connectée à une arène de réalité virtuelle.

L'interface permet de détecter les pensées du rat en mesurant l'activité neuronale (biochimique ou microélectrique) et en la traduisant en position dans l'arène virtuelle. une fois ce calibrage effectué, les rats peuvent être soumis aux deux tâches.

Tâche dite de l'arène virtuelle

Dans la première, les rats, attachés à un harnais mais capables de se déplacer sur une sphère roulante, ont couru vers un but dans une arène virtuelle à deux dimensions, pour recevoir une récompense. Le rythme et la direction du mouvement des rats sur le tapis roulant actualisaient leur position virtuelle dans l'arène. Les animaux ont effectué cette tâche plusieurs fois pendant environ 40 minutes.

Rat, dans le test de la tâche dite de l'arène virtuelle.

Les données recueillies pendant la course ont ensuite été utilisées pour entraîner le système de réalité virtuelle de sorte que les mouvements dans le jeu soient adaptés aux mouvements du rat dans la première tâche.

Tâche dite du Jedi

Cette deuxième tâche consiste à tester la capacité des rats à déplacer des objets dans la réalité virtuelle, en utilisant dans ce cas uniquement leur esprit.

Rat, dans le test de la tâche dite du Jedi.

Dans la tâche du Jedi, le tapis roulant a été enlevé. Les rats ont effectué la même tâche à l'arrêt, en déplaçant un objet vers un but dans la réalité virtuelle et en l'y maintenant, "au moyen d'une téléportation à la première personne basée sur le BMI", explique l'étude.

Comme dans la première tâche, les rats étaient récompensés chaque fois qu'ils atteignaient un objectif dans la réalité virtuelle.

"Même si son corps physique est fixe, ses pensées spatiales peuvent aller dans un endroit très éloigné" souligne Chonxi Lai; l'auteur de l'étude.

De la même manière que les humains imaginent un voyage ou une tâche à l'avance avant de quitter leur maison, le rat utilise ses pensées pour se diriger vers la récompense en pensant d'abord à l'endroit où il doit se rendre pour y arriver. L'imagination consiste à garder une seule pensée à l'esprit pendant de longues périodes, ce qui implique de nouveaux scénarios. Dans les deux tâches, les rats ont démontré leur capacité à contrôler avec précision et souplesse l'activité de leur hippocampe.

"Les rats pouvaient activer et maintenir la représentation d'un lieu éloigné autour de l'objectif pendant de longues périodes, jusqu'à la fin de l'essai, puis reporter leur attention sur l'objectif suivant" d'après les chercheurs.

Les animaux ont pu accomplir cette tâche avec un minimum de mouvements physiques et sans entraînement poussé.

Au final, ces résultats montrent que les rats possèdent une forme d'imagination, la capacité de se représenter volontairement des lieux éloignés de leur position actuelle et de planifier des scénarios futurs, comme le font probablement les humains.

Souris

Conscience de soi

Test du miroir
Une souris naturalisée (empaillée, conservée) devant un miroir pour une exposition du musée d'histoire naturelle de Vienne, Autriche Autriche.

Souris naturalisée (empaillée, conservée) devant un miroir.

Dans une série d'expériences, des chercheurs de l'université du Texas, aux Etats-Unis United States, ont placé des marques blanches et noires sur la tête de souris et les ont placées dans une boîte munie d'un miroir.

Lorsque la tache d'encre était blanche, les souris remarquaient le changement physique de leur reflet et passaient plus de temps à se toiletter la tête devant le miroir.

Les chercheurs ont laissé 13 jours aux souris pour explorer et se familiariser avec le compartiment d'une boîte. Une moitié de la boîte contenait un miroir, qui était déplacé chaque jour et l'autre moitié n'en contenait pas.

Par rapport à une zone témoin du compartiment sans miroir, les souris ont semblé préférer la zone miroir, y passant plus de temps.

Après la période de familiarisation, les expérimentateurs ont anesthésié leurs sujets et ils ont ajouté une marque blanche ou noire (correspondant à la couleur de leur pelage) sur la tête de chaque souris.

Lorsque ces dernières sont retournées dans la boîte, les chercheurs ont mesuré l'emplacement et le temps passé par les différentes souris à se toiletter. La quantité de toilettage n'a pas changé dans le groupe témoin. Les comportements de toilettage de la tête des souris marquées de blanc ont nettement augmenté, mais uniquement lorsque les souris se trouvaient dans la section du miroir.

Seon les chercheurs : "L'augmentation du toilettage de la tête a été identifiée comme un comportement dirigé par la marque parce qu'il n'y a pas eu de changement dans la durée du toilettage des moustaches, du corps ou de la queue au cours des quatre sessions de test."

En outre, l'expérience a également montré que les souris sans marque ne passaient pas plus de temps à se toiletter lorsqu'une autre souris était présente avec une marque blanche, ce qui suggère que l'action n'est pas déclenchée par une contagion émotionnelle.

Test du miroir (tache sur visage) réussi pour la souris, qui passe en mode toilettage.

Espèces volantes

Cacatoès

Conscience

Goût pour la danse
Snowball, un Cacatoès à huppe jaune (Cacatua galerita eleonora), était déjà célèbre dès 2007 sur YouTube pour danser au rythme de la musique des années 1980.

Le cacatoès Snowball (dans l'Illinois aux Etats-Unis) accompagne Queen & Cyndi Lauper, sans formation ou en imitant son maître.

Cacatoès à huppe jaune

Il répond à la musique par des mouvements divers & spontanés utilisant différentes parties de son corps. Cette découverte suggère que danser sur de la musique n'est pas nécessairement un produit de la culture humaine, mais une réponse à la musique qui survient lorsque certaines capacités cognitives & neuronales se rencontrent dans certains cerveaux d'animaux.

Alors que toutes les cultures humaines pratiquent la danse, les autres primates ne se meuvent pas spontanément avec la musique. Les perroquets, cependant, sont connus pour se déplacer avec le rythme musical dans la peau.

Aniruddh Patel, psychologue à l'université de Tufts & à l'université de Harvard, aux Etats-Unis, affirme que les mouvements de danse de Snowball sont beaucoup plus riche que ceux qu'il a étudié en 2009.

Irena Schulz, la propriétaire de Snowball, a remarqué qu'il faisait des mouvements sur une musique qu'elle n'avait jamais vue auparavant et qu'il semblait se livrer à une "exploration du mouvement " en réponse à la musique.

Cacatoès Snowball qui danse sur "Girls Just Wanna Have Fun", de Cyndi Lauper.

Les chercheurs ont ainsi eu l'occasion d'étudier une autre similitude potentielle entre les mouvements de Snowball et la danse humaine : la diversité des mouvements et des parties du corps utilisés en réponse à la musique.

L'équipe de Patel a donc filmé Snowball avec deux tubes classiques des années 80 : "Another One Bites the Dust" (Queen) et "Girls Just Wanna Have Fun" (Cyndi Lauper). Ils ont joué chacun des morceaux 3 fois pour un total de 23 minutes.

Les chercheurs ont conclu que les mouvements de Snowball pouvaient être définis comme de la danse : Les mouvements qui sont clairement intentionnels, mais qui ne constituent pas un moyen efficace d'atteindre un objectif extérieur plausible, comme la locomotion de base.

Au total, les vidéos ont capturé Snowball, complétant un répertoire de 14 mouvements de danse et deux mouvements composites. Il se penche, se balance et tourne la tête de plusieurs manières différentes, parfois en coordination avec des levées de pieds ou d'autres mouvements.

Chaque fois qu'il entend un air particulier, il danse un peu différemment, signe de souplesse et peut-être même de créativité, selon Patel.

Les chercheurs suggèrent que la raison pour laquelle les humains et les perroquets partagent la capacité naturelle à danser peut provenir de la convergence de 5 traits :
_l'apprentissage vocal
_la capacité d'imiter le mouvement non verbal
_une tendance à former des liens sociaux sur le long terme
_la capacité d'apprendre des séquences complexes d'actions
_l'attention aux mouvements de communication.
Arène aux Innovations
Maison des cacatoès de Goffin en Indonésie.

Le 26 mai 2020, le Goffin Lab Goldegg (laboratoire des Cacatoès de Goffin) en Indonésie Indonésie met au point l'Arène aux Innovations, une structure composée de vingt boîtes à manger où l'accès à la nourriture se fait par vingt mécanismes différents.

Cacatoès de Goffin & ses vingt boîtes à manger disposées en demi-cerle (Indonésie).

Pour chaque boîte à manger (distributeur d'une noix de cajou), le cacatoès de Goffin devait trouver le stratagème (astuce, solution) afin de libérer la noix de cajou.

La Team Compagny de la Maison des cacatoès de Goffin en Indonésie.

L'ensemble de cette structure a été créé en partenariat avec Theresa Roessler, Berenika Mioduszewska, Mark O'Hara (Goffin Lab Tanimbar / Vetmeduni), Ludwig Huber, Dewi M. Prawiradilaga, Alice M.I. Auesperg, Antonio Osuna Mascaró, Eberhard Gwinner Straïe.

Antonio Osuna Mascaró de la Maison des cacatoès de Goffin en Indonésie.

Ils sont issus, pour la plupart de Vienne (Comparative Cognition, Messerli Research Institute, University of Veterinary Medicine Vienna, University of Vienna, Medical University of Vienna, Vienna, Austria), en Autriche Autriche, du Max Planck Institute for Ornithology, Seewiesen en Allemagne Allemagne, & du Research Center for Biology, Indonesian Institute of Sciences, Jl. Raya Jakarta à Bogor Indonésie.

Cacatoès de Goffin en Indonésie, cherchant à récupérer la noix de Cajou.

Figaro, cacatoès de Goffin en Indonésie, cherchant à récupérer la noix de Cajou.

Figaro, cacatoès de Goffin en Indonésie, cherchant à récupérer la noix de Cajou.

Figaro, cacatoès de Goffin en Indonésie, cherchant à récupérer la noix de Cajou.

Figaro, cacatoès de Goffin en Indonésie, cherchant à récupérer la noix de Cajou.

Cacatoès de Goffin & ses vingt astuces pour accéder à la nourriture (Indonésie).
Usage de trois outils
Les primates, avec leurs mains si semblables aux nôtres, ne sont pas les seuls à imaginer et à fabriquer des solutions techniques innovantes. Les oiseaux, qui en sont notoirement dépourvus, se sont révélés d'excellents bricoleurs, à la surprise des scientifiques.

"Jusqu'à il y a vingt ans, on les pensait seulement capables de réactions de type réflexe ou d'apprentissage conditionné stimulus-réponse", rapporte Dalila Bovet, au laboratoire Ethologie, cognition, développement, à l'université Paris-Nanterre.

Le 02 août 2023, en Indonésie Indonésie, les cacatoès de Goffin utilisent successivement trois outils différents pour accéder aux graines de la mangue sauvage dont ils se délectent.

Cacatoès de Goffin, en Indonésie se délectant de graines de la mangue sauvage.

Etude mené par Mark O'Hara (Goffin Lab Tanimbar / Vetmeduni).

Après avoir enlevé la peau du fruit avec leur bec, les oiseaux font levier avec une brindille suffisamment solide pour ouvrir le noyau, puis percent avec une écharde la membrane contenant les précieuses graines, avant d'extraire celles-ci grâce à un bout de bois aplati par leurs soins.

Coq

Se reconnaître dans un miroir

(31 octobre 2023)

Test du miroir (sans présence d'un prédateur)

La doctorante Sonja Hillemacher (Institut d'ingénierie agricole, Université de Bonn, Allemagne Allemagne), accompagnée d'une équipe de neuroscientifiques & de psychologues démontrent que le coq peut se reconnaître dans un miroir.

Coq, dans le test du miroir.

Cette caractéristique de la conscience de soi chez ce volatile, suggère que d'autres espèces d'oiseaux, comme les pies d'Eurasie, ont également cette capacité.

Selon Sonja Hillemacher : "La question de savoir si les animaux peuvent se reconnaître et donc avoir conscience d'eux-mêmes est l'une des questions centrales de la recherche comportementale."

La capacité des poulets à se reconnaître dans leur reflet n'est pas surprenante si l'on considère le contexte social dans lequel ils évoluent. Les poulets utilisent des stratégies cognitives complexes qui comportent des éléments de mise en perspective. Ils vivent au sein d'une communauté très unie, avec des hiérarchies complexes, dynamiques et rigoureuses, qui nécessitent la capacité d'apprendre à connaître les positions dans une hiérarchie.

Test du miroir (avec présence d'un prédateur)

Cependant, ce test ne fonctionne pas toujours. De nombreux animaux n'ont pas de bras, de mains ou de doigts qui pourraient être utilisés pour répondre à une marque sur une partie du corps si elle était remarquée dans un miroir. Même certains animaux dont on pense qu'ils ont conscience d'eux-mêmes ne remarquent pas le miroir. C'est pourquoi les chercheurs ont imaginé une nouvelle façon de tester la reconnaissance de soi.

Selon Onur Gütürkün : "Certains poulets, mais surtout les coqs, avertissent leurs congénères par des cris spéciaux lorsqu'un prédateur, tel qu'un oiseau de proie ou un renard, apparaît. En revanche, si le coq est seul face au prédateur, il reste silencieux pour éviter d'attirer son attention et de devenir sa victime."

Le cri d'alarme était donc le comportement idéal à intégrer dans un test de conscience de soi pour les coqs, ont expliqué les chercheurs. Dans un premier temps, ils ont voulu vérifier si le coq émet réellement des cris d'alarme en présence d'un congénère (un autre coq) et reste silencieux lorsqu'il est seul. Pour ce faire, ils ont aménagé une aire sur le campus de l'université de Bonn.

Coq, dans le test du miroir, avec prédateur en présence.

Une grille divise les deux compartiments, permettant aux coqs de rester en contact visuel les uns avec les autres à travers la grille. Ensuite, une image de rapace (oiseau) a été affichée au plafond de l'un des compartiments. Les chercheurs ont testé 58 coqs. Au total, ces derniers ont émis 77 cris d'alarme en présence d'un congénère, mais seulement 17 lorsque le coq était seul face à la menace. Les chercheurs ont ensuite placé un miroir entre les deux compartiments à la place de la grille. Au total, seuls 25 cris d'alarme ont été émis au cours des 174 essais. Ce résultat indique que les coqs se sont probablement reconnus dans l'image du miroir. Il est également possible qu'ils aient vu dans leur image un animal étrange qui imite leur propre comportement.

Coq, dans le test du miroir, avec prédateur en présence.

Cela montre que le test du miroir donne des résultats plus fiables lorsque le comportement d'une espèce est placé dans un contexte écologique pertinent.

Selon Onur Gütürkün : "Dans une situation classique, un coq peut ne pas se reconnaître. Mais lorsqu'un prédateur le menace, il devient évident que son reflet n'est pas un autre coq, mais lui-même."

Corbeau

Conscience

Outillage
En 1996, l'ethnologue Gavin Hunt (Université d'Auckland, Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande, constatait que les corbeaux de Nouvelle-Calédonie Nouvelle-Calédonie fabriquaient, pour extraire des larves de crevasses dans l'écorce des arbres, deux types d'outils.
Gestuelle
Le 02 décembre 2011, des biologistes autrichiens Autriche & allemands Allemagne ont démontré que les corbeaux (Corvus corax) utilisaient des gestes référentiels pour communiquer entre eux.

Autour de l'âge d'un an, un bébé commence à utiliser des gestes afin d'attirer l'attention d'un partenaire vers un objet d'intérêt mutuel. Ces gestes référentiels sont considérés comme des préliminaires à la conversation & n'ont été observés que chez les humains & les grands singes.

Gestuelle du corbeau.

Les chercheurs Simone Pika & Thomas Bugnyar (Université de Vienne Autriche Autriche) ont enregistré 38 interactions sociales entre 7 couples de corbeaux qui nichaient dans une région du nord des Alpes pendant 3 saisons.

Ils ont observé des gestes tels que la présentation ("regarde ceci") ou l'offre ("prends ceci") d'objets non comestibles (mousse, brindilles).
Capacité de raisonnement & cognition sociale
En mars 2020, Alex H. Taylor (Université d'Auckland, Nouvelle-Zélande Allemagne & Russel Gray (Institut Max-Planck, Iéna, Allemagne Allemagne), ont tenté de mieux comprendre comment les corbeaux de Nouvelle-Calédonie manipulent les outils.

Ils ont ainsi révélé que ces oiseaux sont capables de résoudre plusieurs problèmes en raisonnant : ils planifient leurs actions en se représentant mentalement des objets invisibles, et en déduisent des relations de cause à effet entre les événements observés.
Concept de récursivité
La récursivité (principe du "bloc dans un bloc") est un concept qui se trouve dans divers domaines, de la, programmation au langage humain en passant par l'art (la répétition d'un "bloc").

La récursivité apparaît lorsque vous définissez quelque chose (quelle que soit cette chose) en utilisant la chose même que vous définissez comme partie de la définition.

Dans le langage, la récursivité donne également lieu à de drôles de choses. Prenez par exemple la phrase "La souris que le chat poursuivait s'est échappée". Même si la phrase est un peu confuse, elle reste parfaitement logique. Après réflexion, le groupe de mots "que le chat poursuivait" est inclus dans la phrase principale "La souris s'est échappée".

En 2020 déjà, un groupe de chercheurs avait appris à des humains et à des singes à reconnaître et à utiliser la récursivité qui utilise des séquences telles que { ( ) } ou ( { } ), le but était d'identifier la paire de parenthèses dans une phrase composée de symboles, choisir les parenthèses dans la séquence {()}, par exemple. Les enfants âgés de 3 à 4 ans ont formé des séquences récursives dans 40 % des essais, alors que chez les singes, 2 des 3 singes ont fait la même chose (soit 66%).

Le 17 novembre 2022, l'éthologiste Diana A. Liao & ses collègues (Université de Tübingen, Allemagne Allemagne) ont adapté un protocole du même style, qu'ils ont ensuite enseigné aux corbeaux.

Corbeau calédonien.

Ils ont testé si les corbeaux pouvaient choisir les caractères intégrés _les parenthèes ( ) & les accolades { }_ mieux que le résultat d'un choix aléatoire.

Les auteurs de l'étude ont rendu la tâche encore plus difficile pour les corbeaux : ils ont ajouté un autre caractère, permettant des phrases telles que {[()]}, réduisant les chances que les animaux puissent simplement mémoriser la séquence. Non seulement les corbeaux ont obtenu d'aussi bons résultats que les enfants et les macaques, mais ils l'ont fait sans avoir besoin de l'entraînement supplémentaire requis par les singes.

A partir de l'étude :

_(A) Procédure d'entraînement : Les corbeaux devaient picorer les stimuli des crochets dans un ordre séquentiel intégré au centre. Après avoir initié un essai, deux paires de crochets apparaissaient simultanément à des emplacements aléatoires sur l'écran tactile. Le corbeau devait picorer chaque stimulus dans un ordre déterminé (représenté ici par des flèches et des chiffres) et il était récompensé lorsque la séquence était correcte. Dans le cas contraire, lorsqu'un crochet incorrect était sélectionné, l'écran clignotait, une tonalité d'erreur était émise et un bref temps d'arrêt était déclenché.

_(B) Listes d'entraînement qui étaient présentées jusqu'à ce que le critère soit atteint. Après l'entraînement, ces listes étaient mélangées au cours d'une session avec des essais de transfert qui consistaient en des paires de crochets intérieurs provenant des deux listes d'entraînement.

Corbeau entraîné à un test de récursivité (bloc, dans un bloc, dans un bloc.

Selon les chercheurs : "Nous avons présenté des séquences de stimuli de paires d'accolades (par exemple, [ ] et { }) à des corbeaux qui avaient pour instruction de picorer des listes d'entraînement. Ils ont ensuite été testés sur leur capacité à transférer une structure intégrée au centre à des paires de parenthèses jamais rencontrées auparavant. Nous révélons que les corbeaux ont des capacités récursives. Leurs performances sont comparables à celles des enfants et dépassent même celles des macaques."

Bien que tous les chercheurs ne soient pas convaincus de l'importance de cette étude (et de l'idée de saisir la récursivité en général), si les corbeaux en sont vraiment capables, c'est particulièrement surprenant, car ils ne semblent pas avoir de langage comme les humains. Cela suggère qu'ils ont besoin de la récursivité pour un autre processus cognitif, mais ce processus n'est pas encore clairement défini.

Les oiseaux n'ont pas de néocortex en couches dans le cerveau, comme c'est le cas chez les primates, ce qui suggère que ce type d'architecture cérébrale n'est pas nécessaire pour faire preuve de ce type de capacité cognitive avancée.
Raisonnement statistique
Le 16 octobre 2023, la capacité à utiliser les probabilités comme outil de raisonnement a été testé sur deux corbeaux.

La biologiste Melissa Johnson & ses collègues (Université de Tübingen, Allemagne Allemagne) ont montré que les corbeaux sont capables d'inférence statistique, une capacité mentale également observée chez les grands singes, les macaques, les girafes et certains perroquets.

"L'inférence statistique, c'est la capacité à utiliser des informations limitées pour tirer des conclusions sur la probabilité d'un événement. Elle est essentielle à la prise de décision en cas d'incertitude", notent les chercheurs.

Gros plan sur la tête d'un corbeau.

L'inférence statistique est basée sur l'influence de l'expérience antérieure d'un choix sur la probabilité de faire ce choix à nouveau. Cette capacité cognitive implique l'utilisation d'informations limitées sur une situation pour tirer des conclusions et prendre des décisions.

Par exemple, chez l'humain, elle pourrait se traduire par le choix d'un restaurant plutôt qu'un autre en fonction de l'affluence probable dans les deux commerces.

Couple de grands corbeaux sur des branches.

Au cours de cette expérience, les deux corbeaux ont d'abord été entraînés à picorer des images sur un écran tactile pour obtenir des friandises.

Ensuite, l'expérience a été complexifiée pour inclure le concept de probabilité. Ainsi, chacun des coups de bec sur les images ne menait pas nécessairement à une récompense. Les corbeaux ont ainsi appris à associer des images spécifiques à différentes chances d'obtenir une récompense.

Puis, finalement, les corbeaux ont été entraînés à associer neuf images différentes avec des probabilités de récompense en friandise allant de 10 % à 90 %. Après 10 jours d'entraînement et plus de 5000 essais, les biologistes ont constaté que, lorsqu'ils étaient en présence de plusieurs images, les corbeaux choisissaient celle associée à la probabilité de récompense la plus élevée dans plus de 75 % des cas.

L'équipe allemande a repris l'expérience après un mois de pause, sans toutefois que les oiseaux poursuivent leur entraînement. Les corbeaux se sont souvenus des probabilités de récompense et ont choisi le nombre le plus élevé à chaque fois.

"Nous montrons que les corbeaux sont capables d'associer des probabilités de récompenses mémorisées pour en déduire de décisions maximisant la récompense. Notre étude fournit des preuves irréfutables de la prise déision en fonction de la fréquence relative des récompenses." insiste Melissa Johnson.
Couteau suisse
Les corbeaux de Nouvelle-Calédonie sont ingénieux : pour faire sortir les insectes logés sous l'écorce des arbres, ils fabriquent des spatules qu'ils découpent dans la feuille large et robuste d'une plante bien particulière : le Pandanus.

Corbeau fabriquant un outil, certainement une spatule large & fine (évolution culturelle cumulative).

"Le corbeau procède en plusieurs étapes", décrit la chercheuse Dalila Bovet, au laboratoire éthologie, cognition, développement, à l'université Paris-Nanterre. "Il découpe dans ces feuilles des languettes allongées, puis y pratique des indentations en forme d'escalier."

Plus étonnant encore, la technique de fabrication varie suivant les individus et les zones géographiques : certains oiseaux tailleront de minces languettes, tandis que d'autres fabriqueront des languettes à la base élargie et au sommet plus fin, adaptées à plusieurs usages différents.

Corbeau fabriquant un outil, certainement une spatule longue & fine (évolution culturelle cumulative).

"Ce deuxième outil est un véritable couteau suisse, très efficace d'un point de vue fonctionnel", raconte Dalila Bovet.

Cormoran

Relations sociales

Apprentissage & comptage
La capacité des animaux à compter est généralement testée en proposant le choix entre au moins deux dispositifs différant par le nombre d'items (le bon choix étant associé à une récompense), et en variant les situations de choix.

Les singes et les oiseaux sont capables de compter : par exemple, les cormorans utilisés en Chine Chine dans une forme de pêche traditionnelle n'acceptent de continuer, apr&egrade;s une série de sept prises, que s'ils peuvent manger le huitième poisson.

Recherche menée par Erling H. Hoh ("Flying fishes of Wucheng - fisherman in China use cormorants to catch fish", Natural History, volume 107, n°8,‎ octobre 1988, page 66).

Expérience observée par Adrian Burton ("Can cormorants count?", Frontiers in Ecology and the Environment, volume 16, n°6,‎ 2018, pages 368–368).

Corneille

Forme de conscience

Mémoire des visages
Le 29 juin 2011, des chercheurs de l'Université de Washington ont mené sur cinq sites du campus de Seattle, une expérience.

Dans un premier temps, les scientifiques ont enfilé un masque en latex pour capturer et baguer les oiseaux avant de les relâcher au bout d'un certain temps. Ces corneilles et celles aux alentours se sont mises à croasser fortement en réaction à l'agression perçue.

Ils ont ensuite continué à porter ce masque synonyme de danger en se promenant sur le campus pour observer les réactions des corneilles. Ils ont également effectué des promenades avec un masque "neutre", qui n'était pas lié à la manipulation initiale, pour comparer les différences de comportement.

La simple vue du masque "menaçant" déclenchait des cris d'alarme des corneilles ou les poussait à se regrouper pour faire face au danger, croassant avec colère et battant violemment des ailes pour prévenir leurs congénères.

à l'inverse, le masque neutre ne suscitait pas de réaction notable.

Durant cinq ans, l'équipe de chercheurs a élargi ses expériences à quatre autres sites, utilisant d'autres masques fabriqués pour l'occasion et imitant des visages communs.

Le nombre de corneilles réagissant à l'approche du masque "menaçant" a plus que doublé sur le site originel durant cette période.

De plus, certaines corneilles qui n'avaient pas été baguées et vivant à 1,2 km du site initial réagissaient bruyamment à la présence du masque menaçant.

Selon les chercheurs, les jeunes corneilles avaient observé les réactions de leurs parents face à ce signal et les imitaient tandis que d'autres corneilles voisines avaient elles aussi appris à reconnaître ce danger par "contagion".

"La capacité de ces corneilles à jongler avec plusieurs sources d'informations distinctes est particulièrement étonnante", affirment-ils.

"La reconnaissance faciale joue un rôle crucial pour ces corneilles dans la mesure où certains humains leur donnent à manger tandis que d'autres les abattent à coups de fusil", explique John Marzluff, spécialiste de la faune sauvage et auteur de l'étude publiée par la revue Proceedings of the Royal Society B.

Corneille versus John Marzluff
Conscience primaire
Le 24 septembre 2020, l'équipe du professeur Andreas Nieder (Université de Tübingen, Allemagne Allemagne) a entraîné deux corneilles noires âgées d'un an à signaler ou pas, après un délai de plus de 2 secondes, la présence éventuelle d'un stimulus visuel. En l'occurence, un carré gris d'intensité variable affiché très brièvement, pendant un tiers de seconde, sur un écran noir.

Les corneilles se sont vus présenter parfois, et de façon aléatoire, des stimuli à la limite du perceptible. Autrement dit, elles ont pu croire parfois voir un carré inexistant, ou inversement.

"C'est le point très important, une situation où un stimulus unique donne lieu à deux perceptions différentes : penser l'avoir vu ou nier son existence", ce qui est l'attribut d'une conscience primaire assure le Pr Nieder.

Grand portrait de la tête d'une corneille.

Les chercheurs en neuroscience Martin Saco & Christina Herold (Universités de Bochum & Dusseldorf Allemagne) "révèle une neuroarchitecture jusqu'ici inconnue du cerveau antérieur sensoriel des oiseaux", le pallium.

Pour la professeure de neurobiologie Suzanna Herculano-Houzel (Université Vanderbilt, USA United States), "les corbeaux & le corneilles ont autant de capacités cognitives que les singes".

Cette organisation "pourrait générer des capaités de calcul qui rappellent celles du néocortex", selon l'étude.

Corneille d'Amérique.

Elle conforte le constat que certains volatiles possèdent des capacités cognitives complexes, comme par exemple la fabrication d'outils pour saisir de la nourriture.

On sait que "le pallium des corvidés et perroquets contient plus d'un demi-milliard de neurones, et jusqu'à un à deux milliards, comme celui des singes", note l'article de Science. L'étude de Stacho et Herold démontre que ce réseau "a une organisation similaire à celui du cortex des mammifères".

Le professeur en physiologie animale Andreas Nieder (Université de Tübingen, Allemagne Allemagne) indique qu'il s'agit de la "première étude menée sur des non-primates". Elle est aussi la première à établir chez l'oiseau un processus de conscience primaire, aussi dite sensorielle, c'est-à-dire la réponse imprévisible à un stimulus, allant au-delà du simple réflexe.

Diamant

Relations sociales

Poids des mots


Des oiseaux disposent d'une capacité cognitive que l'on croyait réservée aux primates: celle d'apprécier les rapports sociaux qui existent entre congénères. Le diamant mandarin perçoit en effet une relation sociale établie entre des tiers, et le geai des pinèdes infère son statut social par rapport à celui d'un inconnu, simplement en observant le comportement, vis-à-vis de celui-ci, d'oiseaux qu'il connaît.

Geai buissonnier

Intelligence

Mémoire épisodique
Les recherches menées en 2008 par Alex Kacelnik, écologiste béhavioriste (Université d'Oxford, Royaume-Uni Royaume-Uni) ont dévoilé une faculté observable chez certains oiseaux : la capacité à se remémorer un événement du passé.

Le geai buissonnier, un oiseau natif de l'Amérique du Nord occidentale Canada United States, est capable de se souvenir de plus de 200 lieux différents où il a stocké de la nourriture ainsi que de l'aliment spécifique qu'il a déposé dans chaque cachette.

Dans un article paru en mars 2008, Kacelnik explique comment le geai buissonnier semble pouvoir se rappeler la nature des aliments qu'il cache et déterminer à quel moment il doit les récupérer pour éviter qu'ils ne pourrissent.

Geai buissonnier, natif de l'Amérique du nord occidentale.

Les psychologues cognitifs, qui s'occupent d'êtres humains, appellent cette capacité la mémoire épisodique.

Nicolas Clayton de l'Université de Cambridge Royaume-Uni Angleterre ou Royaume-Uni et son é quipe ont voulu reproduire le phé nomène en laboratoire. Ils ont placé le geai dans une cage à trois compartiments communiquant entre eux, mais dans laquelle seul le compartiment de droite contenait de la nourriture. Durant deux heures par jour, pendant cinq jours, les chercheurs ont enfermé l'oiseau dans l'un des compartiments, qui un jour contenait de la nourriture et le jour d'après non.

Le sixième jour, l'oiseau avait dé placé de la nourriture dans le compartiment qui n'en contenait pas. Le chercheur a conclu que l'oiseau avait une capacité à planifier en se servant de sa conscience du passé, du présent et du futur.

Article publié sur le site Le Figaro.fr, 15 octobre 2007.
Cri du faucon
L'ornithologue Bob Mulvihill (National Aviary, Pittsburgh, Etats-Unis United States) observe en janvier 2024 chez le geai bleu (Cyanocitta cristata), sa capacité à imiter plusieurs cris de faucon.

Grâce à ce subterfuge (ruse, astuce), le geai bleu a tout le loisir d'éloigner d'autres oiseaux et venir s'accaparer (s'octroyer, se récupérer) un repas facile sur un arbre ou dans un champ.

Grand indicateur

Intelligence

Collaboration avec des humains
Le Grand Indicateur (Indicator indicator) est un oiseau endémique (originaire) de l'Afrique subsaharienne. On le trouve dans des habitats variés comprenant des arbres, en particulier dans les espaces boisés secs, mais il est en revanche absent dans la jungle de l'Ouest de l'Afrique.

Le Grand Indicateur mesure une vingtaine de centimètres de long et pèse environ 50 grammes. Le mâle a un corps marron sombre dans la partie supérieure et blanc dans la partie inférieure, avec une gorge noire. Le bec est rose. La femelle est plus terne et n'a pas la gorge noire. Son bec est plus sombre que celui du mâle.

Grand indicateur (Indicator indicator)

L'alimentation du grand indicateur se compose en grande partie d'abeilles (adultes et couvain), de vers de cire, et de cire d'abeille. C'est d'ailleurs un des seuls oiseaux capable de digérer la cire. Comme les autres Indicateurs, il attaque les colonies tôt le matin quand les abeilles sont engourdies mais se nourrit aussi de ruches abandonnées et de restes de colonies pillées par les humains ou par de gros animaux comme le Ratel.

La biologiste Claire Spottiswoode (Université de Cambridge au Royaume-Uni Royaume-Uni) observe que ces oiseaux du Mozambique Mozambique guident les humains vers les nids d'abeilles sauvages afin d'augmenter leurs chances de manger du miel et de la cire d'abeille, riches en calories.

Grand indicateur (Indicator indicator) du Mozambique avec Seliano Rucunua, chasseur de miel Yao.

Le guidage est imprévisible et plus fréquent chez les femelles et les individus juvéniles. L'oiseau attire l'attention par des cris spécifiques (qu'il produit également en cas d'agression) et volette (vole) au-dessus d'un essaim. Après que l'humain a récupéré le miel en s'aidant de fumée (qui calme les abeilles) et en découpant les rayons à la machette, le Grand Indicateur se nourrit de la cire et du couvain laissés sur place.

Une étude rapporte que la collaboration avec l'Indicateur permet aux cueilleurs Boranas et Yaos de réduire de deux tiers le temps de recherche de colonies. C'est pourquoi les Boranas et les Yaos ont développé une coopération très étroite : ils utilisent un sifflement spécifique pour signaler à Indicator Indicator qu'ils cherchent du miel, augmentant les chances de guidage ["Honeyguides and honey gatherers: interspecific communication in a symbiotic relationship", H. A. Isack, Science, n°243,‎ 1989, pages 1343-1346],["Reciprocal signaling in honeyguide-human mutualism", Spottiswoode, Claire N.; Begg, Keith S.; Begg, Colleen M., Science, n°353,‎ 22 juillet 2016].

L'Indicateur répond plus facilement aux appels spécifiques de ses partenaires locaux qu'aux appels de chasseurs de miel provenant d'autres régions : ils ont mémorisé leurs appels spécifiques, et les chasseurs de miel maintiennent ces appels réussis au fil des générations ["Culturally determined interspecies communication between humans and honeyguides", Claire N. Spottiswoode et Brian M. Wood, Science, volume 382, n°6675,‎ 7 décembre 2023, pages 1155-1158].

Grand indicateur mâle (Indicator indicator), dans la réserve spéciale de Niassa au Mozambique, collaborant avec l'être humain.

Peu d'alliances entre humains et animaux sont aussi fascinantes que celle-ci. Il ne s'agit pas seulement de l'histoire d'un oiseau et d'une personne, mais aussi d'une histoire de coopération, de survie et des moyens extraordinaires dont disposent les différentes espèces pour communiquer et collaborer.

Les Grands Indicateurs ont une étonnante capacité à localiser les ruches. Mais ce qui les rend vraiment remarquables, c'est leur volonté de guider les humains vers ces ruches. En retour, ces derniers, rompus à l'art de la récolte du miel, partagent le butin avec leurs guides à plumes.

La récolte du miel par des membres de la tribu Yao.

Mais il ne s'agit pas d'un simple comportement instinctif. Différentes communautés africaines, comme les Yao au Mozambique Mozambique et les Hadza en Tanzanie Tanzanie, utilisent des cris distincts pour communiquer avec les Grands Indicateurs. Ces cris ne sont pas universels, ils sont profondément ancrés dans les traditions culturelles, transmises de génération en génération.

Des chercheurs ont entrepris de comprendre ce phénomène. Claire Spottiswoode, biologiste évolutionniste au département de zoologie de l'université de Cambridge (Royaume-Uni Royaume-Uni) et à l'université du Cap (Afrique du Sud Afrique du Sud), s'est associée à Brian Wood, anthropologue à l'université de Californie à Los Angeles United States et à l'institut Max Plank d'anthropologie évolutionniste Allemagne.

La récolte du miel par des membres de la tribu Yao.

Ils ont commencé par les différents types de cris. Dans le nord du Mozambique Mozambique, la communauté Yao s'adonne à la chasse au miel en utilisant une vocalisation unique qui combine un trille robuste suivi d'un grognement, typiquement vocalisé comme "brrr-hm".

Dans le même temps, dans le nord de la Tanzanie Tanzanie, la communauté Hadza utilise un sifflement mélodique distinctif comme méthode de communication.

Chasseur de miel de la tribu Yao.

Les Grands Indicateurs des collines de Kidero, en Tanzanie Tanzanie, sont trois fois plus enclins à coopérer avec des personnes utilisant le sifflement local Hadza qu'avec des personnes utilisant le trille et le grognement "étrangers" Yao. Une tendance similaire a été observée chez les Grands Indicateurs de l'autre région, qui étaient deux fois plus enclins à répondre aux appels locaux qu'aux appels étrangers.

Selon Claire Spottiswoode : "Nous avons constaté que les guides d'abeilles préfèrent les appels émis par leurs partenaires humains locaux, plutôt que les appels étrangers et les sons humains arbitraires. Cela profite aux deux espèces, car cela permet aux chasseurs de miel d'attirer un guide qui leur montrera les nids d'abeilles difficiles à trouver, et aux Grands Indicateurs de choisir un bon partenaire qui les aidera à atteindre la cire."

Grand indicateur (Indicator indicator) de Gambie.

Selon Brian Wood, coauteur de l'étude : "Une fois que ces traditions culturelles locales sont établies, tout le monde, oiseaux et humains, a intérêt à s'y conformer, même si les sons eux-mêmes sont arbitraires."

Perroquet ara du Brésil

Conscience

Secret de l'intelligence
Les neurologues Cristian Guttierrez-Ibanez & Doug Wylie (Université d'Alberta, Canada Canada)ont identifié le circuit neuronal qui sous-tend l'intelligence chez les oiseaux.

"Une région du cerveau appelée noyau pédonculopontin joue un rôle central dans l'intelligence des primates", explique Cristian Gutierrez-Ibanez.

Cette structure transfère l'information entre deux régions importantes du cerveau, le cortex et le cervelet, ce qui permet un traitement rapide des informations et un comportement plus évolué.

Les oiseaux possèdent aussi des noyaux pédonculopontins, mais ils sont très petits. Ils possèdent en revanche une structure similaire appelée noyau spiriforme interne (NSI). Situé dans une autre partie du cerveau, le noyau a la même utilité que les pédonculopontins, c'est-à-dire qu'il fait circuler l'information entre le cortex et le cervelet des oiseaux.

"Cette boucle entre le cortex et le cervelet est importante pour la planification et l'ex&ea&cute;cution des comportements plus &ea&cute;volu&ea&cute;s." (sophisticated behaviours), explique Doug Wylie.

Les auteurs de l'étude ont étudié les cerveaux d'un échantillon de 98 espèces d'oiseaux allant du hibou au perroquet. Leur objectif était de comparer la taille de leur NSI (noyau spiriforme interne) par rapport au reste de leur cerveau. Ils ont ainsi pu déterminer que le perroquet possédait un NSI (noyau spiriforme interne) beaucoup plus imposant que les autres oiseaux.

Perroquet ara du Brésil

"Il est en fait deux à cinq fois plus gros chez les perroquets que chez les autres oiseaux, comme les poulets", confirme Cristian Guttierrez-Ibanez.

"Indépendamment, les perroquets ont développé une zone élargie reliant le cortex et le cervelet semblable à celle des primates. C'est un autre exemple fascinant de convergence entre les perroquets et les primates" poursuit Cristian Guttierrez-Ibanez.

"Cela explique des comportements plus sophistiqués, comme l'utilisation d'outils et la conscience de soi" surenchérit Cristian Guttierrez-Ibanez.

Perroquet gris du Gabon

Conscience

Capacités émotionnelles et sociales
Les perroquets gris du Gabon sont célèbres pour leur capacité à imiter le discours humain. Des études ont également montré qu'ils pouvaient faire preuve de raisonnement abstrait lorsqu'ils se mettaient en quête de nourriture.

Né en 1976, Alex, un perroquet gris du Gabon Gabon, avait fait l'objet d'une expérience scientifique auprès de l'ethnologue Irene Pepperberg.

Le nom Alex est un acronyme du nom du projet: Avian Learning EXperiment "Expérience d'apprentissage aviaire".

Perroquet gris du Gabon Alex

Alex possédait un langage composé de 150 mots anglais qu'il savait utilisait judicieusement. Il comprenait également plus de 1 000 mots. Il était capable de compter jusqu'à six, et maîtrisait même l'usage du zéro.

Il connaissait jusqu'à sept couleurs, savait identifier 50 objets différents, distinguait cinq formes, comprenait les concepts tels que "plus gros que ...", "plus petit que ...", "pareil que ...", "au-dessus de ...", "en-dessous de ...".

Visage d'un perroquet gris du Gabon

Alex comprenait très bien ce qu'il disait. Lorsqu'il se sentait fatigué, il disait "I'm gonna go away" (Je vais partir). Si le chercheur se montrait agacé ou énervé, il calmait l'individu en disant "I'm sorry" (Je suis désolé).

Si Alex demandait un objet et que le chercheur lui en tendait un autre, il le lui faisait savoir (des noix à la place d'une banane ? Alex soit restait silencieux, soit lui escampait les noix à la figure). Alex mourra le 06 septembre 2007, à l'âge de 31 ans.

Le record de mots pour un perroquet est de 800 !

Irene Pepperberg

Quand Alex dit à Irène Pepperberg "viens ici !", il veut vraiment voir sa maîtresse accourir auprès de lui. "De tels oiseaux ont des capacités émotionnelles et sociales du niveau de celles d'un enfant de trois ans", souligne la scientifique américaine.

A une question posée du type: "tu veux rentrer dans ta cage ?", il répond très spécifiquement, "Je veux rentrer dans ma cage..."

Quand Irène Pepperberg montre à son protégé deux clefs l'une rouge l'autre verte, en l'interrogeant sur la différence entre les deux objets, il répond: "la couleur !".

Personne n'a encore pu dire si oui ou non Alex fait plus que parler, s'il est apte à réellement exprimer une forme de pensée.

Les sceptiques ne voient à la rigueur qu'un phénomène de foire mais d'autres, à l'image d'une partie croissante de la communauté scientifique, persévèrent à tenter d'élucider le mystère de l'intelligence animale.

Perroquet Kéa de Nouvelle-Zélande

Etat de conscience

Prise de décision
Le 03 mars 2020, selon l'Agence France-Presse, les kéas, des perroquets de Nouvelle-Zélande réputés pour leur intelligence, seraient capables de faire des choix en évaluant les chances de réussite des différentes possibilités qui s'offrent à eux, une aptitude jusqu'ici uniquement décelée chez les hommes et les grands singes.

Pour parvenir à ces conclusions, Amalia Bastos et Alex Taylor, de l'Université d'Auckland (Australie Australie), ont étudié six de ces volatiles reconnaissables à leur cri ("keee-aa") : Blofeld, Bruce, Loki, Neo, Plankton et Taz.

Les kéas (Nestor notabilis), placés face à deux bouts de pince à linge, l'un de couleur noire, l'autre orange, recevaient de la nourriture quand ils choisissaient le noir et rien quand ils choisissaient l'orange.

Perroquet kéa de Nouvelle-Zélande qui picore un pneu de voiture.

Après entraînement, les kéas avaient bien compris l'intérêt de rapporter l'objet noir, ce qu'ils faisaient systématiquement.

"Ils sont curieux et pas du tout timides, du coup c'est facile de travailler avec eux. à plus d'une occasion, ils se sont montrés plus malins que moi", s'amuse Amalia Bastos

Plus surprenant : si les chercheurs cachaient dans leur main un bout de pince à linge extirpé discrètement d'un bocal en verre, les oiseaux choisissaient systématiquement la main qui avait pioché dans le bocal contenant le plus de bâtons noirs.

Perroquet kéa de Nouvelle-Zélande & les probabilités.

De plus, si les objets colorés n'étaient pas uniformément répartis dans le pot, les kéas s'avéraient capables de choisir la main ayant prélevé son butin dans le bocal contenant le plus de bâtons noirs à la surface.

Cela prouve, selon les chercheurs, que les kéas sont "capables de comprendre et d'agir en fonction de probabilités". Une compétence dont "jusqu'à présent, seuls les humains et les grands singes s'étaient avérés capables".

Ce n'est pas la seule prouesse de ces oiseaux : en 2017, une étude a révélé que ce perroquet était le premier animal non mammifère capable de communiquer par le chant à ses congénères sa bonne humeur et son envie de jouer.

Perruche

Etat de conscience

Usage successif d'outils
En milieu contrôlé, les corneilles et perruches sont capables d'utiliser ce que les chercheurs appellent des "méta-outils", des outils permettant d'obtenir d'autres outils, qui eux-mêmes serviront à accéder à la récompense alimentaire convoitée.

Par exemple, un bâton suspendu à un fil, dont l'oiseau s'empare pour pousser une pierre placée dans un tube horizontal ouvert aux deux extrémités, laquelle pierre sera ensuite jetée dans un récipient rempli d'eau afin de faire monter le niveau et récupérer la nourriture qui flotte à la surface... Le tout en une poignée de minutes à peine !

"Non seulement les oiseaux sont tout à fait à même d'innover dans des situations inédites pour eux, mais ils sont aussi capables de planification", commente la chercheuse Dalila Bovet, au laboratoire éthologie, cognition, développement, à l'université Paris-Nanterre.

Pie

Etat de conscience

Test du miroir
En 2006, le professeur de biopsychologie Onur Güntürkün, ses collègues Helmut Prior & Ariane Schwarz (Université de la Ruhr, Bochum, Allemagne Allemagne), ont expérimenté le test du miroir sur Gertrie, une pie européenne.

Ils ont recouvert la tête de la pie d'un linge, afin de coller un bout de post-it jaune sur le plumage noir de sa gorge, sans qu'elle s'en rende compte.

La pie européenne Gertrie et le test du miroir ou du post-it jaune.

Après avoir ôté le tissu de la tête de Gertrie, les chercheurs l'ont laissé seule face à un miroir, et l'on observé sur un écran depuis une autre pièce.

Se voyant dans le miroir, Gertie s'est tout de suite gratté vigoureusement la gorge pour retirer le post-it. Cette expérience dite "du miroir" est un test pour déterminer si un être vivant est capable de se reconnaître.

Une fois débarrassée du papier jaune, Gertrie s'est détendue en se regardant dans le miroir.

Cette expérience démontre que la pie est capable de se reconnaître et a conscience d'elle-même en tant qu'individu distinct de l'environnement et des autres.

Pigeon

Etat de conscience

Classement par catégorisation
La capacité à regrouper au sein d'une même classe, suppose, en plus de l'élaboration d'une relation de ressemblance ou de différence entre les caractéristiques physiques des stimuli, le recours à une représentation de la classe comme entité discriminable elle-même de celle d'une autre classe.

En 1979, des études spectaculaires ont été menées sur le pigeon par Richard Herrnstein & ses collaborateurs, afin de tester cette capacité.

Des pigeons ont été entraînés à discriminer, sur un ensemble de quatre-vingt diapositives, celles sur lesquelles figurent des arbres -la moitié du lot- de celles où il n'y a pas d'arbres -l'autre moitié.

Une seule diapositive est montrée à la fois. Le pigeon reçoit un stimulus positif, en l'occurence de la nourriture, quand il donne en guise de réponse un coup de bec sur une clé se trouvant sous la diapositive montrant un arbre.

Lorsqu'il répond de cette manière à une diapositive sur laquelle ne figure pas d'arbres, il ne se passe rien. Après un grand nombre de séances d'entraînement, la plupart des pigeons ont discriminé correctement les deux sous-ensembles d'objets, c'est-à-dire qu'ils ne becquettent plus guère la clé que lorsque des arbres leur sont montrés. Pour les chercheurs, les pigeons sont parvenus à abstraire le concept d'arbre dans la mesure où ils sont capables de le généraliser à d'autres spécimens d'arbres pour lesquels ils n'avaient pas été entraînés.
Mémorisation d'images par millier
En 2006, Joël Fagot et Robert Cook ont montré que des pigeons et des babouins peuvent mémoriser des milliers d'images et les réponses qui leur sont associées, et garder une trace en mémoire de ces apprentissages pendant une durée estimée à un an.

Travaux de J. Fagot et R. Cook, dans "Evidence for large long-term memory capacities in baboons and pigeons and its implications for learning and the evolution of cognition" dans Proceedings of the National Academy of Sciences of the USA (PNAS), 2006, volume 103, n°46, pages 17564-17567.
Classement en fonction du nombre
Le biologiste néo-zélandais Damian Scarf & ses collègues (Université d'Otago Nouvelle-Zélande) avaient établi le 23 décembre 2011 que les pigeons étaient capables de classer des ensembles par rapport au nombre d'éléments qu'ils contiennent.

Pigeon dans une expérience avec l'université d'Otago en Nouvelle-Zélande.

S'inspirant d'une expérience publié il y a une quinzaine d'années dans le magazine Science, qui montrait des macaques capables de classer des images selon le nombre d'objets qu'elles représentaient, le biologiste Damian Scarf décide de démontrer cette même aptitude chez les pigeons.

Son équipe avait préalablement entraîné des oiseaux en leur présentant 35 groupes de trois images. Chacun de ces groupes avait des images avec un, deux ou trois objets de différentes tailles, couleurs ou formes.

Les pigeons recevaient de la nourriture s'il réussissaient à placer les images dans l'ordre ascendant.

"Nos travaux montrent que non seulement les pigeons sont membres de ce club exclusif, mais aussi, et, étonnamment, qu'ils le sont avec autant de réussite que les singes."
Mode multitâche
La chercheuse Sarah Letzner (Université de Ruhr, Bochum, Allemagne Allemagne), démontre le 26 septembre 2017 que les pigeons sont capables de basculer d'une tâche à l'autre aussi rapidement que les humains, et même plus rapidement dans certaines situations.

De plus, elle constate que les pigeons ont six fois plus de cellules nerveuses dans le cerveau que les humains par millilitre cubique. Par conséquent la distance moyenne entre deux neurones des pigeons est 50% plus courte que chez les humains. Certaines expériences de rapidité peuvent donc être exécutées plus vite chez les pigeons que chez les humains.

Sarah Letzner à l'université de Rhur en Allemagne.

Pour arriver à ce constat, les biopsychologues ont effectué les mêmes expériences comportementales pour tester les oiseaux & les humains.

Pigeon s'exerçant sur un écran d'ordinateur à l'université de Ruhr en Allemagne.

Dans leurs travaux, les chercheurs ont testé cette hypothèse à l'aide d'un exercice multitâche effectué par 15 humains et 12 pigeons. Dans l'expérience, les participants humains et aviaires ont dû arrêter une tâche en cours et passer à une autre tâche le plus rapidement possible. Le passage à la seconde tâche a été effectué soit en même temps que la première tâche a été arrêtée, soit elle a été retardée de 300 millisecondes.

Les résultats montrent que lors du deuxième exercice les pigeons ont un avantage sur les humains en raison de leur plus grande densité de cellules nerveuses. Ils étaient en effet 250 millisecondes plus rapides que les humains.
Concepts abstraits de l'espace-temps
Regard d'un pigeon

"Les prouesses cognitives des oiseaux sont aujourd'hui de plus en plus considérées comme proches de celles des humains & d'autres primates" confirme le professeur Edward Wasserman (Université d'Iowa).

Le 05 décembre 2017, le professeur Edwards Wasserman & son équipe de l'Université d'Iowa ont appris à des pigeons à se servir d'un écran d'ordinateur. Les pigeons devaient juger de la longueur de lignes horizontales statiques et du temps où elles avaient été visibles à leurs yeux.

Regard d'un pigeon

Les pigeons ont jugé que les lignes les plus longues étaient visibles plus longtemps et que les ligne visibles sur une plus longue période étaient également plus longues.

Puffin

Conscience de soi

Capacité d'anticipation voire d'adaptation environnementale
Puffin leucomèle (Calonectris leucomelas) au-dessus de l'Océan Pacifique, au large du Japon.

Après avoir capturé (25 au 29 août 2019) au large de Mikurajima (33°52'N, 139°38'E) 14 puffins leucomèle ou Calonectris leucomelas (585g) puis fixé un bio-logger GPS (13-14g), afin de suivre les comportements de nidification, le biologiste Kozue Shiomi (Université de Tohoku, Sendai, Japon Japon), a eu la surprise d'enregistrer sur l'un d'entre eux, une anomalie de vol (vitesse de 90 à 170km/h au lieu des 10 à 60km/h & une altitude de 4700m ou 15420 pieds au lieu de 100m ou 328 pieds).

Vitesse, altitude & distance d'un puffin lors du typhon Faxai, le 03 septembre 2019, au-dessus de l'Océan Pacifique, au large du Japon.

Le puffin a suivi cinq trajectoires circulaires de 50 à 80km de diamètre. Les petits avions volent habituellement entre 600 et 3000m (2000 et 10 000 pieds). Après en avoir déduit que ce puffin suivait certainement la trajectoire du typhon Faxai (19°36'N, 155°24'E) qui c'était formé le 06 septembre 2019, Kozue Shiomi note qu'il est possible que cet oiseau pélagique (de haute mer) ait planifié (anticipé) son vol au départ en début de soirée de la zone de reproduction (au lieu de partir habituellement plusieurs heures avant le lever du soleil) afin de profiter des conditions de voyages exceptionnels, de "chevaucher" la tempête. Les oiseaux pélagiques passent la majeure partie de leur vie en haute mer, ne revenant sur terre que pour se reproduire.

Typhon Faxai, le 03 septembre 2019, au-dessus de l'Océan Pacifique, au large du Japon.

Ils disposent d'un large éventail de mécanismes & de comportements d'évitement des intempéries allant du maintien dans l'œil du cyclone à l'ascension en boucle à haute altitude au-dessus de la perturbation. Les ouragans sont probablement un nouveau "dispositif" testés par les plus téméraires afin d'en faire bénéficier ensuite ses congénères.

Puffin leucomèle (Calonectris leucomelas) voyagant dans un ouragan dans l'Océan Pacifique, au large du Japon.

Vacher

Stratégie sociale

Tromperie sur la marchandise
L'ornithologue Bob Mulvihill (National Aviary, Pittsburgh, Etats-Unis United States) fait remarquer en janvier 2024 que le vacher d'Amérique du Nord (genre Molothrus) pond jusqu'à quarante œufs par saison.

Plutôt que de faire son propre nid, la femelle glisse discrètement ses œufs dans les nids d'autres oiseaux. Se laissant duper (berner) par ce stratagème (tactique, manœuvre), la paruline de Kirtland (Setophaga kirtlandii) est devenue une espèce menacée (en voie d'extinction). laisse duper (berner) et élèle