Alchimie par Fabre
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La petite histoire  Up Page
L'alchimie comme philosophie naturelle
Fabre n'ignore pas la littérature alchimique, notamment de Blaise de Vigenère, de Maier, de Sendivogius ou Clovis Hesteau de Nuysement. Et bien entendu Hermès, avec sa Table d'Emeraude, la Turba philosophorum, et Paracelse.
A la différence du chanoine médicéen Ficin, Fabre ne fait pas du spiritus mundi (esprit du monde) le véhicule corporel de l'âme du monde incorporelle: l'esprit du monde, créé par Dieu, est un corps spirituel, c'est-à-dire imperceptible, qui se "corporifie", c'est-à-dire revêt un corps perceptible, dans la sphère terrestre. Fabre reconnaît en lui "la vertu de toute la nature, la faculté de l'univers, son énergie et sa force", un agent de la vie universelle qu'il identifie simplement à un principe igné et aérien logé dans le soleil et descendant "du premier mobile jusqu'au centre de la terre" tout en s'imprégnant des énergies et des puissances astrales; ou encore à un principe intermédiaire entre la matière créée et le monde intellectuel, un principe "composé de la nature céleste et de la nature élémentaire".
 
La concrétisation du spiritus descendant du ciel pour prendre "un corps visible et palpable" est comparée au mystère de l'incarnation du Verbe. Elle est le produit d'une rencontre entre la "source supérieure", "la semence invisible et astrale" de la vie, et "la source inférieure" des éléments; "tout en fut produit" déclare Fabre, s'inspirant peut-être de Paracelse.

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Le symbolisme et l'herméneutique
Le parallèle ingénieux de l'alchimie et de la religion chrétienne renvoie le lecteur à la question du langage utilisé par l'auteur. Fabre esquisse une philosohie du signe dont on découvre les premiers éléments à travers son vocabulaire symbolique. Fabre parle en alchimiste et en médecin et ne s'embarrasse pas de distinctions quand il s'agit de caractériser ses outils verbaux; il n'en demeure pas moins que ses étiquettes métalinguistiques ne sont pas employées au hasard et fournissent les lignes de force d'une pensée cohérente.
Il parle ainsi de ses allégories (allégorias), de ses similitudes (similitudines), de ses images (icones) ou de ses figures (figuras). La métaphore verbale lui semble cependant insuffisante à bien rendre compte de son projet, comme beaucoup d'alchimistes, conçoit à l'égard de l'écriture une certaine méfiance: certes, elle est un instrument nécessaire à la fixation et à la transmission de ses leçons, mais il est vrai aussi qu'elle ne convient pas pleinement à son objet.
 
Piero Valeriano, l'initiateur de la mode des hiéroglyphes au début du XVIe siècle, suggère que les prêtres égyptiens figurèrent et cachèrent leurs connaissances dans les dessins emblématiques de leur écriture. Fabre, à l'instar de l'adepte Maier, fait lui-même écho à ces spéculations en leur donnant un contenu chimique. Ses réflexions sur les formes géométriques composant la structure des hiéroglyphes s'enracinent elles-mêmes dans une tradition déjà ancienne préfigurée par Paracelse et Cornelius Agrippa, et magnifiquement illustrée par la célèbre Monas hieroglyphica de John Dee.
Les chapitres XII et XIII, qui n'ont pas d'équivalent dans la somme de Raymond Sebond, glosent deux hiéroglyphes représentant l'un, l'esprit du monde [où] sont cachés tous les secrets des sciences naturelles, et l'autre, la figure de Dieu [qui] embrasse les sciences surnaturelles. L'ensemble doit se comprendre comme un petit diptyque (oeuvre à deux volets) illustrant symboliquement le thème central de la doctrine fabrienne cherchant à réconcilier sciences naturelle et théologique. Puisqu'ils contribuent à christianiser résolument la grammaire hiéroglyphiqaue en accordant, par exemple, un rôle central au motif de la croix.

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Alchimiste chrétien (Alchymista christianus) Pierre Jean Fabre 2001 S.É.H.A Paris & ARCHÈ Milan
 
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