Lettrines ArboSciences

Soins palliatifs

Aide aux mourants (Sogyal Rinpoché, juillet 2021)

Mouvement des hospices

Le mouvement des hospices considère que, devant la certitude de la mort imminente du patient, l'accent placé jusque-là sur les soins médicaux devrait alors se tourner vers le soulagement des symptômes & de la souffrance qui engendrent la détresse, et, autant que possible, lui permettre de jouir d'une certaine qualité de vie jusqu'à la mort.

Le terme "hospice" ou "Hôtel-Dieu" fut donné au Moyen-Age, aux lieux destinés à abriter les pèlerins qui sillonnaient l'Europe Europe au temps des Croisades.

Le "mouvement des hospices" moderne naquit lorsque sœur Mary Aikenhead, formée par Florence Nightingale vers la fin du XIXe siècle en Grande-Bretagne Royaume-Uni, revint dans son Irlande natale Irlande et établit un camp de soins à l'attention des malades en phase terminale, qu'elle appela "hospice".

En France France & au Canada Canada, ces soins appropriés aux personnes en fin de vie sont souvent administrés dans le cadre d'une "unité de soins palliatifs" à l'intérieur d'un hôpital préexistant.

Les hospices anglais Royaume-Uni & américains United States s'efforcent de permettre aux patients de mourir dans la dignité, entourés de leurs proches & chez eux; lorsque cela est impossible, le cadre approprié est offert par certains hospices ou une unité de soins palliatifs à l'intéieur d'un service de soins intensifs à l'hôpital.

Une écoute attentive

L'essentiel dans la vie est de parvenir à établir avec autrui une communication sincère & exempte (affranchie, dépourvue) de peur.

Apprenez à écouter, apprenez à recevoir en silence, dans ce silence calme & ouvert qui leur permettra de se sentir acceptés.

Nul ne souhaite être "sauvé" par la croyance de quelqu'un d'autre. Rappelez-vous que votre tâche n'est pas de convertir qui que ce soit à quoi que ce soit, mais d'aider la personne en face de vous à découvrir en elle sa force, sa confiance, sa foi & sa spiritualité propres, quelles qu'elles soient.

Le bon sens & l'humour sont deux qualités qui s'avèrent utiles pour détendre, alléger l'atmosphère.

Un amour inconditionnel

Ce dont une personne au seuil de la mort a besoin, c'est qu'on lui manifeste un amour inconditionnel & libéré de toute attente.

Soyez naturel, soyez vous-même, soyez un ami véritable; la personne sera réconfortée en vous sachant ainsi totalement proche, communiquant avec elle sur un pied d'égalité, d'être humain à être humain, en toute simplicité.

Voici comment sincèrement & réellement l'aider :
_Imaginez que vous soyez à sa place, avec ses mêmes besoins, ce même désir de connaître le bonheur & d'éviter la souffrance, cette même solitude, cette même peur de l'inconnue, ces mêmes zones secrètes de tristesse, ces mêmes sentiments d'impuissance à peine avoués.
_Mettez-vous directement & résolument à sa place. Imaginez-vous vous-même sur ce lit, confronté à votre propre mort. Imaginez-vous que vous êtes là, seul, et que vous souffrez. Posez-vous vraiment ces questions : "De quoi aurais-je le plus besoin ?", ou "Qu'est-ce qui me ferait le plus plaisir ?", ou bien encore "Qu'aimerais-je vraiment recevoir de l'ami en face de moi ?"

L'acceptation des mourants

Elisabeth Kübler-Ross distingue cinq stades dans le processus d'acceptation de sa propre mort : le refus, la colère, le marchandage, la dépression & l'acceptation.

Bien sûr, tout le monde ne passe pas par tous ces stades, ni nécessairement dans cet ordre.

Deuil de la personne (Didier Weiss & Alain Eskenazi, juillet 2022)

Le processus d'acceptation de la mort, et le processus du deuil (mort, divorce, perte d'un membre de la famille), partagent les mêmes cinq stades (pas toujours dans le même ordre).

Le déni : c'est la réfuter, ne pas y croire, la rejeter, aller jusqu'à nier son existence.
La colère : c'est s'emporter, s'énerver, le crier de toute ses forces.
Le marchandage : c'est éviter le problème, trouver un autre activité à faire, se détourner de ses responsabilités, repousser l'échéance fatale.
La dépression : c'est être dans une mauvaise passe momentanée, découragement ou déprime.
L'acceptation : c'est se dire qu'on a pas le choix, il faudra de toute façon y passer.

Cicely Saunders, grande pionnière du mouvement des soins palliatifs en Grande-Bretagne Royaume-Uni, écrit : "Un jour, j'ai demandé à un homme qui se savait mourant ce qu'il attendait avant tout de ceux qui prenait soin de lui." Il répondit : "Que quelqu'un ait l'air d'essayer de me comprendre !"

L'acceptation des accompagnants

Lors d'une première visite, il arrive souvent que la personne en fin de vie, ne connaissant pas vos intentions à son égard, ressente de l'insécurité & garde une certaine réserve.

Ne vous attendez donc pas à ce que quelque chose d'extraordinaire se produise; contentez-vous de rester naturel & détendu, soyez vous-même.

Souvent, les mourants n'expriment pas clairement leurs désirs ou leurs pensées, et les proches ne savent que dire ni que faire. Il est difficile de découvrir ce qu'ils voudraient essayer de dire _ou parfois de cacher. Eux-même d'ailleurs ne le savent pas toujours.

Alors que vous vous y attendez le moins, une personne à l'approche de la mort peut faire de vous la cible de toute sa colère et de tous ses reproches. Comme le dit Elisabeth Kübler-Ross, colère et griefs "peuvent être envoyés dans toutes les directions et projetés sur l'entourage, parfois presque au hasard".

Ne vous imaginez pas que la fureur ainsi exprimée vous soit personnellement destinée. Comprenez qu'elle est surtout provoquée par la peur & le chagrin; vous éviterez ainsi d'y réagir d'une manière qui pourrait s'avérer préjudiciable à la relation.

C'est pourquoi la première chose à faire est de décharger l'atmosphère de toute tension, avec autant de naturel & de simplicité que possible.

Habituellement, un conflit non résolu est le résultat d'un blocage dans la communication entre deux personnes. S'inspirant de la pratique bouddhiste qui consiste à se mettre à la place d'autrui, l'étudiante Christine Longaker a créé la technique Gestalt. Christine Longaker a élaboré cette méthode à la suite du décès de son mari, emporté par une leucémie (auteure de "Trouver l'espoir face à la mort").

La bienveillance des accompagnants

Une fois la confiance établie, l'atmosphère se détendra; la personne mourante pourra alors évoquer ce qui lui tient vraiment à cœur. Encouragez-la chaleureusement à exprimer, en toute liberté, les pensées, les peurs & les émotions qu'elle ressent à propos de l'imminence de sa mort.

Pouvoir exposer ses émotions, honnêtement & sans dérobade, est crucial à toute possibilité de transformation _si l'on veut se mettre en accord avec sa vie & mourir en paix. Vous devez lui donner une totale liberté, lui accorder votre entière permission de dire tour ce qu'elle désire exprimer.

Lorsqu'elle parvient à partager avec vous ses sentiments les plus intimes, faites en sorte de ne pas l'interrompre, la contredire ou minimiser ce qu'elle dit.

Apprenez à écouter, apprenez à recevoir en silence, dans ce silence calme & ouvert qui lui permettra de se sentir acceptés. Restez aussi détendu que possible, soyez à l'aise; demeurez ainsi auprès de votre ami ou de votre parent, comme si vous n'aviez rien de plus important ni de plus agréable à faire.

Dire Adieu

N'oubliez jamais, comme le disait jadis le célèbre maître tibétain Tsongkhapa, qu'"un ami peut devenir un ennemi, et qu'un ennemi peut par conséquent devenir un ami".

Vous ne devez pas seulement apprendre à vous défaire des tensions, mais aussi à vous détacher de la personne qui est en train de mourir. Si vous restez attaché, si vous vous raccrocher à elle, cela peut lui causer bien des chagrins inutiles, l'empêcher de se laisser aller & de mourir en paix.

Parfois, la personne peut se maintenir en vie plusieurs semaines ou même plusieurs mois après la date prévue par les médecins, et les douleurs physiques peuvent devenir insupportables.

Christine Longaker a découvert que, pour être capable d'abandonner tout attachement & de partir en paix, le mourant a besoin d'être tranquillisé sur deux points, en termes explicites, par ceux qui l'aiment.

Il doit tout d'abord recevoir d'eux l'autorisation de mourir et, ensuite, être assuré qu'ils iront bien après son départ & qu'il n'y a lieu de s'inquiéter pour eux.

Comment peut-on autoriser une personne à mourir ?

On peut s'imaginer qu'on est au chevet de l'être cher et qu'on lui dit avec la plus profonde et la plus sincère tendresse : "Je suis ici avec toi et je t'aime. Tu es en train de mourir. Ce qui t'arrive est tout à fait naturel et c'est le sort de chacun d'entre nous. J'aimerais que tu puisses rester avec moi, mais je ne veux pas que tu souffres plus lontemps. Le temps que nous avons passé ensemble touche à sa fin et je le garderai toujours au plus profond de mon cœur. Maintenant, je t'en prie, ne t'accroche plus à la vie. Laisse-la aller. Je te donne, de tout mon être, la permission de mourir. Tu n'es pas tout seul à présent et tu ne le seras jamais. Tout mon amour est avec toi."

Acharnement thérapeutique

Devons-nous autoriser le branchement _ou l'arrêt_ des appareils de maintien en survie artificielle pour notre parent ou notre ami mourant ?

Pour épargner à la personne mourante une agonie prolongée, un médecin doit-il détenir le pouvoir de mettre fin à la vie ?

Quant à ceux qui se sentent condamnés à une fin lente & douloureuse, dont-on les encourager, voire les aider, à se donner la mort ?

Cela a-t-il un sens de maintenir artificiellement en vie des personnes qui, autrement, mourraient ?

La dalaï-Lama a mos en évidence, un facteur essentiel, l'état d'esprit du mourrant :

_"Du point de vue bouddhiste, si la personne est en mesure d'avoir des pensées positives & vertueuses, il est important qu'elle continue à vivre, ne serait-ce que quelques minutes de plus, et il y a une raison à cela."

_"S'il n'y a aucune chance que des pensées positives se manifestent, et si en outre des somme considérables sont dépensés par les proches dans le seul but de maintenir la personne en vie, cela semble ne pas avoir de sens."

L'acharnement thérapeutique, qui ne fait que prolonger l'agonie, peut susciter inutilement chez la personne mourante attachement, colère & frustration, surtout si tel n'était pas son souhait initial.