Lettrines ArboSciences

Pyramide ensevelie de Saqqara (Egypte)

Pyramide de Sekhemkhet

Révélée en 1952, sous les sables de la nécropole antique de Saqqara, la pyramide ensevelie est attribuée à Sekhemkhet (roi de la IIIe dynastie, dont le règne se situe aux alentours de 2 560 ans avant notre ère.

La pyramide ensevelie était implantée au sud-ouest des complexes de Djéser & d'Ounas, au sein d'un vaste ensemble contemporain d'édifices couvrant une superficie de 10 ha (10 hectares, soit 100 000 m²).

Ses dimensions au sol & ses caractéristiques internes montrent que l'on avait projeté d'élever une structure à degrés plus grande encore que celle du prédécesseur Djéser: 120m de côté pour 70m de haut environ.

Scanner de la pyramide ensevelie, la pyramide de Sekhemkhet à Saqqara en Egypte.

Un réseau de galeries souterraines s'étend sous sa base sur plusieurs centaines de mètres.

Exploration des souterrains

On accède aux souterrains au nord de la pyramide, à quelques mètres sous le niveau du sol, au fond d'une tranchée à ciel ouvert. Le jour de la découverte de ces aménagements (en 1954), l'entrée était encore obstruée par une maçonnerie antique.

Derrière le seuil, une longue galerie inclinée s'étend sur près de 80m.

A près de 35 m, un large puits fut aménagé par les constructeurs pour relier cet endroit de la distribution à l'extérieur. Il devait sans doute favoriser l'aération pour faciliter les travaux de creusement.

C'est à la jonction entre le puits & la descenderie que furent mis au jour, dissimulés sous une couche d'argile, les restes d'un trésor funéraire : 21 bracelets en or, une boîte à cosmétique en or en forme de coquille Saint-Jacques, une pince, une aiguille de nombreuses perles en or & en pierreries.

Boîte à cosmétique en or en forme de coquille Saint-Jacques (Pyramide ensevelie de Sekhemkhet).

Plusieurs noms pour un roi

Non loin de là, une plaquette en ivoire supportant un nom des Deux Maîtresses, Djéserty. Notons également la mention sur un plat en albâtre d'un certain Inykhnoum, un dignitaire déjà connu pour avoir officié sous Djéser.

Plaquette en ivoire supportant un nom des Deux Maîtresses, Djéserty.

Sous la IIIe dynastie, un souverain égyptien possède trois noms:
_un nom d'Horus ceint d'un rectangle décoré d'un motif en façade de palais (un serekh).
_un nom de couronnement de roi de Haute & Basse-Egypte, entouré d'un trait ovoïde (un cartouche).
_un nom des Deux Maîtresses (nebty en égyptien, terme faisant référence aux deux déesses tutélaires d'Egypte : Nekhbet & Ouadjet).

"Il est très rare à cette époque de trouver des documents rassemblant consécutivement au moins deux de ces noms, Sekhemkhet, le nom du souverain identifié dans la pyramide ensevelie, est un nom d'Horus."
Franck Monnier, ingénieur & chercheur associé au CNRS.

La descenderie

La descenderie, aujourd'hui totalement dégagée, est désormais consolidée sur une grande distance par des contreforts en pierres, des arches en briques et des étais en bois.

Dernier tronçon de la descenderie, avec la chambre funéraire en arrière-plan.

Le premier tronçon de la galerie est encore relativement bon état. Les parois sont planes et l'on distingue une partie du plafond soigneusement taillé en forme de voûte cintrée.

Premier tronçon de la descenderie conduisant à la chambre funéraire.

Ce long passage mène droit à la chambre funéraire qui s'étend sur une aire de 9m sur 4m environ. Assez curieusement, cette chambre se présente comme un carrefour conduisant au sud, à l'est & à l'ouest à de longues galeries se terminant en impasses.

Sarcophage en travertin-albâtre gisant au milieu de la chambre funéraire.

Comme ailleurs, tout indique que les travaux ont été subitement interrompus. Les parois sont grossièrement taillés et des directives peintes en rouge par les bâtisseurs figurent encore ici et là.

Galerie centrale de la descenderie, depuis la chambre funéraire.

Scanning de la pyramide

La numérisation de la pyramide ensevelie a été réalisée en 2022 dans le cadre d'une série de documentaires produits par François Pomès & Label News, tous consacrés à l'exploration de pyramides emblématiques ou encore mal documentées.

L'objectif est de donner à voir l'articulation des divers espaces internes de ces monuments. Les contraintes liées aux lieux ne permettant pas d'envisager le recours à la photogrammétrie ou au laser fixe, l'archéologue & infographiste Alban-Brice Pimpaud (CNRS) & Jean-Nicolas Deurveilher (Leica Geosystems) parviennent en combinant des capteurs optiques et LiDAR (600 vues panoramiques en 3h et 20 giga-octets de données brutes), à obtenir une cartographie du lieu.

Alban-Brice Pimpaud effectuant les réglages pour scanner les souterrains.

Des algorithmes de positionnement ont permis de produire un nuage de points colorisés & homogénéisé en moyenne à un point tous les 5mm, puis de générer un maillage texturé pouvant être visualisé & analysé dans un logiciel de traitement 3D.

Vue tridimentionnelle des appartements funéraires de Sekhemkhet.

Cela a conduit à composer une documentation inédite (plans, coupes, élévations, vues en perspective) ainsi que des séquences vidéos et des visites virtuelles interactives permettant de mieux appréhender ces aménagements.

Pyramide de Djéser

La tradition attribue à Imhotep la création de la toute première pyramide à degrés, dont notamment celle de Djéser.

Une pyramide à degrés est constituée d'un tronc central contre lequel s'appuient plusieurs tranches de maçonnerie constituées d'assises inclinées vers l'intérieur.

Pyramide

Ces tranches, lorsque l'on s'éloigne du noyau central, diminuent au hauteur par paliers, créant ainsi les marches d'un gigantesque escalier.