Ötzi, l'homme des glaces

Blessure par flèche
Frontière italo-autrichienne

L'homme d'Ötzi reçoit un éclat de flèche dans son épaule, lequel provoquera une lacération de 13mm de l'artère sous-clavière gauche, cause immédiate de la mort. Sa mort, à l'âge de 46 ans, est survenu il y a entre 2 500 ans et 3 300 ans av. J.-C.
L'homme des glaces, dont le corps avait été trouvé en 1991 près de la frontière italo-autrichienne



Frontière suisse
Les ossements d'un autre individu de sexe masculin, vieux de 5600 ans (soit donc il y a 3 600 ans av. J.-C), découvert à Feldmeilen (Suisse
Comparaison d'isotopes

Les chercheurs ont étudié différents isotopes de minéraux présents dans la momie et les ont comparés à ceux présents naturellement dans toute la région entourant le lieu de son décès.
Par exemple, la proportion des isotopes de l'oxygène indique où il a puisé son eau potable. La composition de l'émail de ses dents, qui s'est minéralisé durant l'enfance, révèle qu'il a grandi à plus faible altitude, au sud de l'endroit où on l'a trouvé.
Les mêmes isotopes dans les os, qui se reminéralisent durant toute la vie, suggèrent qu'Ötzi s'était aventuré en altitude durant ses dernières années.
Lieu de sa mort

Toutes ces données ont permis de découvrir le site le plus probable où Ötzi a pu grandir, soit quelques 60 kilomètres au sud du lieu de sa mort.
Dans la vallée de l'Eisack, le site de Feldthurns a déjà livré aux archéologues des vestiges de l'âge du cuivre, la période durant laquelle il a vécu. Les informations fournies par l'argon suggèrent qu'il aurait plus tard passé du temps dans la vallée de l'Etsch avant de se rendre dans la région d'Ötzal où il a trouvé la mort.
Dix-sept spécimens d'arbres et d'arbrisseaux ainsi que trente espèces de bryophytes (les mousses, les hépatiques et les sphaignes) ont pu être identifiés sur son corps, son équipement et ses vêtements. Cela a permis de déterminer son habitat, ses origines et d'affirmer, selon la thèse de l'archéologue Urs Leuzinget (Thurgau, Suisse

L'examen de l'une de ses canines a démontré qu'il est né dans une région à terre volcanique du nord de l'Italie


Raison de sa mort



Un éclat de flèche retrouvé dans son épaule, près du poumon gauche, laisse penser que l'Homme de Similaun est décédé de façon brutale. Le docteur Eduard Egarter Vigl (médecin légiste à Bolzano) a déclaré que le projectile avait sans doute sectionné une artère et entrainé un infection bactérienne.
Par ailleurs la main d'Ötzi présentait des blessures et son poignet une fracture. Une rixe ou un combat pourraient donc être à l'origine de son décès. (radiographie de l'épaule d'Ötzi).
Une fin encore plus brutale pour Ötzi

Il portait une bourse qui renfermait deux fragments de champignon. L'un était un morceau de Polypore du bouleau et l'autre appartenait à l'espèce Fomes fomentarius.
Si l'on ne sait à quel usage précis était destiné le Polypore du bouleau (peut-être médicinal), nul doute que le Polypore amadouvier devait servir à allumer le feu. Mais à 3 000 mètres d'altitude, le bois était absent et notre voyageur mourut de froid.

Les derniers moments d'Ötzi furent encore plus tragiques que ce que les scientifiques avaient imaginé à ce jour: il aurait également subi des coups à la tête avant sa mort. Il avait été établi depuis qu'il était mort vidé de son sang après qu'une pointe de flèche eut traversé son omoplate pour atteindre une artère du bras.
Or, de nouvelles analyses menées par une équipe européenne montrent qu'il a aussi reçu des coups à la tête qui ont formé des caillots au cerveau.
Tatouages
De petits signes de tatouages, très stylisés (croix ou traits) observés sur sa peau, semblent suivre le trajet de certains points d'acupuncture, pratique thérapeutique déjà mentionnée il y a environ 5 000 ans dans l'Ayurveda, la médecine indienne.
Habillement

Son équipement
D'après Angélika Fleckinger, son manteau d'herbes des marais (cape en sparterie) lui servait, aussi, de "tente" protectrice contre la pluie. Peut-être, aussi, d'isolant avec le sol pour dormir.Manteau multifonction ? Cette cape pouvait, également, lui permettre de se dissimuler facilement lors d'une équipée rapide ou pour la chasse à l'affût.
Après étude et reconstitution, ces mocassins de cuir, associés à des fragments de bois, ont suscité une audacieuse hypothèse de raquette de neige (Wood, J. 2005).
Ses armes
Le recul des glaciers de l'Oberland bernois a mis au jour, en 2003, près d'un champ de glace situé entre le grand glacier du Wildhorn et le Schnidejoch (2 756 mètres) un fragment de carquois (un arc) en écorce de bouleau, des restes de vêtements et divers objets.Sa hache
La hache trouvée auprès de lui représente une valeur archéologique, selon le Pr. Konrad Spindler. Cette hache de cuivre intéresse particulièrement Urs Leuzinger puisqu'on en connaît un autre exemplaire, découvert à Kreuzlingen, près du lac de Constance (dans les vestiges d'un village lacustre du néolithique d'Arbon/Bleiche).Son arc
Le carquois contenait une corde en fibres d'écorce torsadés (2 m) soigneusement roulée en pelote au fond de l'étui, qui a été interprétée par certains comme une corde d'arc. Ötzi possédait un grand arc (182,5 cm) et de grandes flèches (1m en moyenne).Christian Casseyas (archéologue préhistorien) a réalisé, en 2004, des cordes d'arc en liber de tilleul. Le but de cette tentative était d'apporter une réponse quant à l'usage de la corde retrouvée.
Son expérimentation confirme qu'elle a pu servir pour tendre un arc. Cependant, celle-ci est peu souhaitable pour un archer moderne. "Les tendons trouvés dans le carquois avec la corde d'arc servaient certainement de matériel de rparation pour les vêtements, de ligature pour le poignard et les pointes en bois de cerf à monter sur les hampes de flèches non terminées" Casseyas, C. 2007.
Alimentation
Ötzi ingéré des céréales et du bouquetin lors de son avant-dernier repas, et du cerf au dernier. "L'analyse des pollens confirme dans les mêmes échantillons, la présence de blé et de fougères.Elle révèle aussi des légumineuses, des plantes de la famille des épinards, des primevères et des boutons-d'or." (Constans Nicolas, 2007).
Le contenu de son estomac met en évidence la présence d'une eau des torrents du Val Senales (province de Bolzano) et du pollen d'Ostrier Charme-Houblon (Ostrya carpinifolia). Cette espèce n'existe pas au Nord, mais uniquement la région autour de Katharinaberg (492 m), de Bolzano à Vernagt, au bout du Val Senales.
La découverte d'Epulopiscium fishelsonii, bactérie géante vivant en symbiose dans l'intestin des acanthures bruns (Acanthurus nigrofuscus, poisson-chirurgien) de la mer Rouge, relance la magnifique idée que la Méditerranée ("mer au milieu des terres", en latin mare medi terra selon Isidore de Séville au VIIe siècle) était chaude à cette époque.
"Il fut un temps où cette dernière était reliée à la mer Rouge" François de Sarre, ichtyologiste, SPH à Nice.
Ancêtres anatoliens
Analyse génomique

En plus de révéler par datation au radiocarbone une existence entre 3350 ans & 3120 ans avant notre ère, le séquençage de l'ADN montre qu'Ötzi a jusqu'à 92% d'ancêtres anatoliens (Turquie

Selon Johannes Krause, de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutive, en Allemagne

61 tatouages
Le chercheur Marco Samadelli (Académie Européenne de Bolzano/Bozen ou EURAC), a cartographié les 61 tatouages sur le corps d'Ötzi, y compris un nouveau trouvé sur sa cage thoracique.Il l'a fait en prenant des photos du corps de 5300 ans sous différents angles et en balayant la gamme de longueurs d'onde de l'infrarouge à l'ultraviolet (UV), même les tatouages dans les couches profondes de la peau qui ne sont plus reconnaissables à l'œil nu.
Les tatouages variaient de 0,7 à 4 cm de longueur. Les 61 tatouages ont été divisés en 19 groupes et disposés en petits groupes de deux, trois et quatre lignes parallèles.
Ötzi avait aussi une croix tatouée sur son genou droit et à la cheville gauche.
Sur la quantité de tatouages, l'EURAC explique: "Les tatouages découverts en 2015 sur le côté inférieur droit de la cage thoracique sont frappants, parce que les autres marques sont surtout présentes sur le bas du dos et les jambes entre le genou et le pied.

Compte tenu des divers endroits des tatouages, certains chercheurs ont soupçonné que les marques faisaient partie d’un traitement médical, une sorte d'acupuncture pour soulager la douleur des articulations. Les tatouages sur la cage thoracique ont rouvert le débat sur le rôle des tatouages à l'époque préhistorique. Cette enqu&eirc;te a permis aux chercheurs d'ajouter une nouvelle pièce au puzzle en essayant de démêler si les tatouages préhistoriques avaient une signification thérapeutique, symbolique ou religieuse."
Ses tatouages sont situés au niveau des articulations où le corps est soumis à l'usure. Il est intéressant de noter que les tatouages d'Ötzi n'ont pas été appliqués par des aiguilles, mais en faisant des incisions dans lesquelles du charbon de bois a été frotté.
