Mondes multiples
Accueil Arborescence Page précédente
Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
philippelopes@free.fr
CONTINGENCE (IMPREVISIBLE, FORTUIT)
Anaximandre a été le premier à utiliser un principe (arché) en tant que détermination fondatrice, ce qui dépasse déjà nettement la structure conventionnelle empiriste (loi conforme aux observations).
Selon lui, puisque l'"Arché" est construit par négation, il s'ensuit que tout ce qui n'est pas lui échappe à ses caractères. En particulier, le monde _ à dissocier donc de son fondement _ n'a aucun droit à l'immortalité et à l'unicité.
Ainsi naquit le concept de mondes multiples, au croisement de l'empirie et de la pensée transcendantale.

Epicure, avec son apport le plus troublant et le plus prophétique, est sans doute le "parenklisis". Fondamentalement, ce saut imprévisible, cet écart "nec plus quam minimum" des particules aux trajectoires classiques, cette entorse à l'enchaînement causal, ce principe d'indétermination (comme le nommait Lucrèce au "de Natura Rerum") est évidemment saisissant lorsque pensé en contrepoints des percées quantiques du vingtième siècle.

Le théologien Nicolas de Cuse posa les fondement de la cosmogonie ("de la docte ignorance"). Utilisant toutes les potentialités d'un être omnipotent, il introduisit la notion d'un univers infini non borné et dépourvu de centre, plus d'un millénaire après Lucrèce.

Giordano Bruno, condamné pour hérésie sur ordre du Pape Clément VIII et brûlé vif. Cet "hérétique, impénitent, tenace et obstiné", ainsi que le décrit la sentence des juges, partisan de la pluralité des mondes, eut le courage de maintenir sa vision d'un cosmos infini en expansion permanente.

Rabelais propose des univers mutiples en un sens différent de Bruno. Il mentionne explicitement l'existence de "plusieurs mondes" en référence explicite aux 83 mondes de Pétron (philosophe cité par Plutarque).
Pour Rabelais, les mondes ne sont pas "autre part" comme chez Bruno, ils sont consubstantiels. Ils sont "sous" ou "dans" le nôtre, à l'image des oiseaux qui volent dans la bouche de Pantagruel.
Les mondes sont ici "magiques et mystiques", dans la lignée d'une pensée qui prend le parti résolu de l"invisible". Bruno propose une ontologie (étude de l'être en tant que tel) des mondes pluriels intrinsèques, Rabelais s'intéresse à l'anthropologie des mondes multiples inventés.

A l'âge classique, Leibniz est sans doute le grand inventeur des mondes multiples au sens radical du terme. Ce qui est fondamental chez Leibniz, c'est la pensée de la "contingence" du monde réel et effectif. Les autres mondes sont "prétentants à l'existence".
Le "choix" (purement arbitraire et esthétique) parmi ces vérités nécessaires est opéré par le créateur. La révolution actuelle est en quelque sorte une transgression du système de Leibniz: une porosité épistémique s'établit entre le nécessaire (le cadre logique) et le contingent (les phénomènes au sein du cadre).

La pensée analytique de Neslon Goodman réside non pas sur la "signification" d'un objet (pourquoi le monde est monde), mais dans sa syntaxe (la manière dont le monde est pensé et dit). Il s'adonne à une étude analytique sur les types et les fonctions des symboles et des systèmes symboliques. L'approche de Neslon Goodman, contrairement aux autres cosmologies des multivers, qui sont invérifiables et infalsifiables.

David Kellogg Lewis, quant à lui, propose une architecture novatrices des mondes pluriels. Les mondes de Lewis sont "abondants".
Complément d'informations
Si le contenu de cette page vous a plu, vous devriez apprécier les pages suivantes.

Mondes parallèles
Multivers
Alternative aux multivers
Interprétation d'Everett
Paradoxe EPR
Mondes multiples