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Menhirs en Mongolie

Zone des Pierres à cerfs

Les "Pierres à cerfs" (stèles ou menhirs) se répartissent sur la quasi totalité de la Mongolie Mongolie, délimitées au sud par le désert de Gobi (à la frontière avec la Chine Chine), et au nord jusqu'en bordure du lac Baïkal, en Russie Russie.

Zone de répartition des Pierres à cerfs.

Les recherches archéologiques dans la steppe mongole a livré des centaines de stèles ornées (ci-dessous, à Nuramtyn Uzüür), dispersées sur un territoire grand comme trois fois la France.

Les plus vieilles auraient été dressées par des populations nomades 1 200 ans av. J.-C.

Des monolithes hauts de deux à quatre mètres qu'enveloppent en spirales de somptueuses gravures de cervidés. Un premier examen révèle un délicat travail d'incision. Les frises d'animaux taillées à fleur de pierre s'enroulent en volutes hélicoïdales autour de blocs de granite, de basalte ou de grès.

Menhir de Nuramtun Uzüür, en Mongolie.

Loup Bleu dominateur

La Mongolie Mongolie, enclavée entre la Russie Russie et la Chine Chine, est un nouveau territoire d'exploration pour les archéologues occidentaux.

Il a fallu attendre 1991 pour que l'ancien pays du "Loup Bleu", le célèbre Gengis Khan (1167-1227), fondateur du plus vaste empire de tous les temps, se rouvre au monde après deux siècles de domination mandchoue (1691-1911) et quatre-vingt ans d'encombrante tutelle russe.

Depuis lors, plus de sept cents stèles, certaines levées, d'autres couchées, ont été localisées dans les dix provinces mongoles, ainsi que dans les républiques russes de Bouriatie et de Touva.

Corps allongé, long museau

En 2001, les travaux d'une équipe américaine du Smithsonian Institute United States menés dans la région du lac Hövsgöl, plus au nord, ont révélé que leur origine se situe aux alentours de 1200 av. J.-C.

D'ouest en est de la steppe, la réalisation des "pierres à cerfs" obéit à un protocole immuable. Les figures sont invariablement reproduites selon une même séquence.

Tout d'abord, gravées à la base de la stèle, des représentations d'armes: poignards, arcs, boucliers, haches. Puis, juste au-dessus, s'étirant de toute leur ramure, les cervidés.

Style commun à toutes les civilisations de la grande steppe, telles que chez les Scythes d'Ukraine Ukraine.

Bois déroulés, corps allongé, long museau en forme de bec d'oiseau - d'où le nom de "cerfs à becs" donné par les spécialistes : les ongulés semblent s'élancer vers la voûte céleste.

Le mystère des Barbares hurleurs

Du IVe siècle av. J.-C. au IIe siècle de notre ère, des peuples de cavaliers fondateurs du premier empire nomade de Haute Asie que les Chinois appellent "Xiongnu", "Barbares hurleurs", créent une confédération qui sème la terreur dans toute la steppe et la plaine centrale chinoise.

Barbares hurleurs à cheval.

Redoutée la puissance de leur cavalerie qu'évoque le Thucydide chinois, l'historien Sima Qian (vers 145-86 av. J.-C.), fit trembler l'empire Han.

C'est pour se protéger des ces "Chasseurs d'aigles", que fut construite la Grande Muraille. La question de l'origine de ce peuple, appelé Khunnu par les Mongols, n'a toujours pas été élucidée. Elle constitue encore une des énigmes de l'archéologie.

Code graphique immuable

Pétris de croyances, parcourant un monde peuplé d'esprits et d'êtres surnaturels, les pasteurs et guerriers qui se déployèrent à cette période du nord du désert de Gobi à la Transbaïkalie et de l'Altaï à l'est de la Mongolie semblent avoir adopté non seulement le même style de stèles, mais également de sépultures.

Leurs nécropoles sont constituées de tertres de pierres sèches assemblées. Elevés dans des enclos rectangulaires, les tumulus sont bordés de petits monticules de pierres que les Mongols nomment "kereksurs".

Selon quelques chercheurs russes, les monolithes gravés pourraient représenter une sorte de "guerrier cosmique", intermédiaire entre la Terre et le Ciel. Un des êtres des steppes évoqués par la mystique mongole.

Menhirs en Mongolie, mode d'emploi.

Le préhistorien Jérôme Magail devant une pierre à cerfs brisée sur le site de Tsatsiin Ereg, dans la steppe mongole. En arrière-plan, un tumulus.

Menhirs en Mongolie, sur le site de Tsatsiin Ereg, avec un tumulus en arrière-plan.

Esprits de la steppe mongole

Des centaines de stèles en granite érigées dans l'Altaï, entre 1300 & 700 ans avant notre ère, ont été façonnées par des tribus nomades de Haute Asie -dont le premier empire des steppes et Gengis Khan seront les héritiers et dont certains traits culturels (notamment ceux liés aux pratiques équestres et à l'archerie) semblent avoir perduré jusqu'à nos jours.

Vestiges mongols

Applique en bronze représentant un cheval

Applique en bronze représentant un cheval.

Culture des Tombes carrées, VIIe siècle avant notre ère.

Trouvée lors de la campagne 2011 de la mission conjointe Monaco Monaco - Mongolie Mongolie.

Cette plaque représente un cheval, les pattes repliées sous le corps, en pleine course. Des stries parallèles très marquées matérialisant les poils de la crinière & de la queue.

Le cheval est le seul animal domestique représenté dans l'art des steppes. Le motif du cheval dit "au galot volant" est un motif iconographique récurrent dans l'art des steppes, de la Mongolie aux rives de la mer Noire.

Cet objet a probablement été réalisé selon la technique de la fonte à la cire perdue pour être cousu sur des vêtements.

Poignards en bronze

Poignards en bronze

Les armes découvertes dans les sépultures sont le support d'une iconographie raffinée, produite grâce à des opérations très sophstiquées de moulage du bronze et imprégnée d'un bestiaire peuplé de cerfs, de bouquetins, de félins, de sangliers & de chevaux.

Les pommeaux, les gardes et les lames semblent correspondre à un style scythe, comme le suggère le motif fréquent des têtes d'aigles affrontées.

Si la détermination de la position primaire des "pierres à cerfs" de Mongolie a longtemps été hypothétique, les prospections récentes ont mis en évidence une association directe des stèles avec les tombes et leurs dépôts cérémoniels.

Bouclier de bois

Bouclier de bois

Trouvé dans la tombe gelée n°10 d'Olon Guryn Gol, dans l'Altaï, en Mongolie.

Culture de Pazyryk, Ier millénaire avant notre ère.

Ce bouclier en bois est le mieux conservé de toute la Haute Asie. Il date sans doute du IVe siècle avant notre ère mais ce type d'arme de défense a été utilisé au moins dès le VIIe siècle avant notre ère.

Il est représenté sur la "pierre à cerfs" n°20 du site de Tsatsyn Ereg, auprès de cerfs bondissant et non loin d'autres armes -comme un arc, une lame de hache en bronze, un poignard ou un crochet- représentées dans un style plus schématique que celui des animaux. La comparaison entre cette représentation et les objets découverts en fouille permet de préciser l'identité culturelle des populations qui ont érigé les stèles.

Pierres à cerf n°20


Pierre à cerfs n°20 (monolithe, menhir ou stèle) du site de Tsatsyn Ereg en Mongolie.

Site de Tsatsyn Ereg (Mongolie)

Ce monolithe est constitué de gravures de cerfs mâles, porteurs de grands bois stylisés.

La hauteur moyenne de ces pierres, pesant plusieurs centaines de kilos, est d'environ 1,80m, même si certaines peuvent dépasser les 4m.

Comme celle-ci, elles ont généralement une section rectangulaire d'environ 60cm sur 30cm. Si la plupart figure des animaux, des armes & des motifs géométriques, un tout petit nombre d'entre elles (environ 5%) comporte un visage en leur sommet.

Pierres à cerf n°21

Pierre à cerfs n°21 (monolithe, menhir ou stèle) du site de Tsatsyn Ereg en Mongolie.

Site de Tsatsyn Ereg (Mongolie)

Les prospections successives menées depuis 2006 ont permis d'identifier et de cartographier 113 pierres à cerfs, 487 tombes et 3 000 gravures sur rochers.

La steppe et ses habitants offrent des conditions favorables à la prospection archéologique, les populations nomades ne détruisant pas les vestiges pour faire des constructions ...

Pierres à cerf n°35

Pierre à cerfs n°35 (monolithe, menhir ou stèle) du site de Tsatsyn Ereg en Mongolie.

Site de Tsatsyn Ereg (Mongolie)

Cette belle stèle montre particulièrement bien le mouvement des cerfs qui s'exprime selon une trajectoire hélicoïdale, la horde tournoyant vers le ciel.

La parfaite gestion des espaces & des effets stylistiques entre les animaux suggère un tracé au préalable : l'emboîtement des extrémités des bois des cerfs, qui se suivent dans leur course, est le parfait exemple d'une composition qui ne peut se faire sans ébauche.

La horde débute son mouvement ascendant par un cerf "tronqué" qui apparaît au bas de nombreuses stèles; situé au-dessus d'une figure géométrique, il semble surgir du monde souterrain.

Pierres à cerf n°38

Pierre à cerfs n°38 (monolithe, menhir ou stèle) du site de Tsatsyn Ereg en Mongolie.

Site de Tsatsyn Ereg (Mongolie)

Cette stèle se compose de registres superposés, figurant, de bas en haut, le monde souterrain, le monde terrestre, le monde intermédiaire, la course du soleil à son zénith.

Au sommet du monolithe, deux cercles de tailles différentes sont gravés l'un à côté de l'autre : le plus grand semble représenter le soleil et le plus petit est interprété comme la Lune.

Dans le registre terrestre on identifie des arcs, carquois, boucliers, ceintures, poignards, haches & chevaux; celui intermédiaire est uniquement féquenté par deux cerfs.