Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
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Il était une fois, le Léman ...
_ 11 000 ans av.J.-C. L'effondrement peut être tombé dans le "Léman à 408m"
_ 2 664 ans av.J.-C. Interruption brutale de l'habitation lacustre (1);
_ 1 758 ans av.J.-C. Tsunami avéré (5);
_ 1 600 ans av.J.-C. Interruption brutale de l'habitation lacustre (1);
_ 850 ans av.J.-C. Fin définitive de l'habitation lacustre (1);
_ 700 ans av.J.-C. Tsunami ±150 ans (6);
_ 700 ans av.J.-C. Glissement de terrain sous-lacustre et tsunami avéré (7).
L'an 14 000 avant J.-C., le glacier abandonne définitivement la cuvette lémanique, laissant la place au plan d'eau du Léman, avec un niveau supérieur au Léman actuel de 33 à 36 mètres", conclue Pierre Corboud (1).
Annotations: "La déglaciation de la cuvette lémanique est postérieure à 14 000 ans avant J.-C. (16 000 ans B.P, Before Present). Une datation au C14 (carbone 14) situe le bord du glacier à Allaman, vers 13 000 BP. Les terrasses qui témoignent de dépôts lacustres de 33 mètres à 36 mètres sont de genèse glaciolacustres; elles sont adossées au glacier", rajoute R. Arn (4).
"En l'an 12 750 avant J.-C., la température monte de presque 6° Celsius pendant 200 ans.
En l'an 12 500 avant J.-C., la température redescend de l'ordre de 4° Celsius en l'espace de 400 ans.
De l'an 12 500 jusqu'en l'an 11 000 avant J.-C., une succession de choc thermique (-3°C, +21°C & -4°C) se produiront à maintes reprises, ceci durant plusieurs centaines d'années à chaque fois."
Résumé de Gilbert Paillex, d'après le diagramme publié par Alain Gallay et Pierre Corboud (1b).
"En l'an 11 500 avant J.-C., Gilbert Paillex émet l'hypothèse que le Léman a atteint son altitude maximale (hausse du niveau du lac de 36m). La Swisstopo, l'Office fédéral de topographie, lui adresse une carte topographique du Léman, à l'altitude de 408 mètres (soit 372 mètres actuel + 36 mètres d'élévation).
"Du fait de l'érosion ou de la sédimentation qui ont eu lieu depuis lors, aux extrémités surtout, le lac Léman (d'antan) n'arrivait pas précisément aux mêmes endroits. Etait-il un peu plus loin ? Etait-il un peu moins loin ?", se demande Gilbert Paillex (2).
"Cet effondrement aura pour conséquence de barrer vraisemblablement le passage au Rhône. Cet éboulement provoqua probablement le premier tsunami de l'histoire du Léman, si bien entendu, le Léman venait jusque-là", suggère Gilbert Paillex (2).
Vue satellite de la région de Saint-Maurice, avec la localisation de l'effondrement des collines de Chiètres.
"Dans un premier temps, le Léman s'abaisse jusqu'à une altitude de 406 mètres", précise Gilbert Paillex.
Cet effondrement a pour effet de former les prémices du futur Gioran.
"Dans un second temps, le Léman s'abaisse de nouveau jusqu'à une altitude de 390 mètres", ajoute Gilbert Paillex.
Le Gioran voit sa surface augmenter.
Révélation faite par Gilbert Paillex et Fritz Vogt, en 1973 (2).
L'altitude du Léman, estimée durant cette période, est de 370 mètres, soit deux mètres en-dessous du niveau actuel.
"Les premiers établissements agricoles trouvés en Valais au Tessin, à Schaffhouse (bâtisses de 30 ou 40 m² de long) dans le Jura et près de Bâle remontent entre 5 800 ans à 5 000 ans avant J.-C."
Marie Besse, professeure et responsable du Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie de la Faculté des sciences.
"Au cours du néolithique ancien, époque qualifiée par les historiens de l'ère de la pierre polie, (5 500 ans avant J.-C. à 4 500 ans avant J.-C.) l'humain s'installe vraisemblablement dans la région du Léman. La station de Beaulieu (Bursinel) ne présente pas (ou peu) de pieux, vestiges de ces habitations lacustres sur pilotis".
Affirmations apportées par Gilbert Paillex et Fritz Vogt, en 1973 (2).
"L'ensemble des habitations retrouvé sur le site de la nécropole du Petit-Chasseur à Sion (13 dolmens, ou coffres sépulcraux), qui date de 4000 ans av. J.-C., contient des pointes de flèche et des couteaux en silex provenant du Bassin parisien".
Jocelyne Desideri, maître assistante et chargée de cours au Laboratoire d'archéologie préhistorique et anthropologie, Prix Latsis 2008.
"Cet effondrement amènera le barrage du Rhône (surélèvement des collines de Chiètres) à une altitude de 560 mètres. L'exutoire du deuxième lac suisse (le fameux Gioran) constituera le hameau du Châtel.", annonce R. Arn (4).
"Le niveau du Léman va donc continuer à s'abaisser, et du même coup, celui du Gioran ne va cesser de l'élever", poursuit Gilbert Paillex (2).
Des sites préhistoriques palaffitiques (ou habitations lacustres sur pilotis) dans la région des Alpes, localisés autour des lacs, des marais et aux abords des rivières des Alpes, se comptent par centaines.
Les 111 sites inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO (sur les 937 sites connus dans les six pays: Allemagne, Autriche, France, Italie, Slovénie et Suisse) couvrent une période allant de 5 000 ans avant J.-C. à 500 ans avant J.-C.
La difficulté réside par le fait que les villages lacustres ne durent qu'entre cinq et vingt-cinq ans, rarement au-delà.
"Au cours du néolithique moyen (dès 4 500 ans avant J.-C.) la plus ancienne station lacustre est datée par dendrochronologie. Elle se situe à une altitude de 368,7 mètres, soit 3,3 mètres plus bas que le niveau actuel, et date de l'an 3 856 avant J.-C.", révèle Pierre Corboud (1).
Ötzi (ou l'homme des glaces) reçoit un éclat de flèche dans son épaule, lequel provoquera une lacération de 13mm de l'artère sous-clavière gauche, cause immédiate de la mort. Sa mort, à l'âge de 46 ans, est survenu il y a entre 2 500 ans et 3 300 ans avant J.-C.
Les ossements d'un autre individu de sexe masculin, vieux de 5600 ans (soit donc il y a 3 600 ans av. J.-C), découvert à Feldmeilen (Suisse) dévoilent deux pointes de flèches en silex plantées dans les os. Ötzi, l'homme des glaces.
"Il est certain qu'il y a eu un lac en amont de Saint-Maurice, mais il est peu probable qu'il ait atteint cette altitude. L'écoulement sous Châtel n'a fonctionné que lorsque le glacier était monté en amont de Châtel. Je ne connais pas en amont de Saint-Maurice de terrasses qui auraient attesté d'un lac si haut", s'interrogent Aurèle Parriaux, Marcel Burri et Marc Weidmann (3).
"L'altitude du haut du barrage, ainsi que sa hauteur, cela on ne les connaît certes pas. La seule certitude, c'est que la superficie du Léman continue à baisser, celle du Gioran à grandir", affirme Gilbert Paillex (2).
"Les données les plus anciennes relatives aux céréales cultivées proviennent du Valais et se situent chronologiquement vers le milieu du VIe millénaire (Sion/La Gillière, Sion/Ritz)."
Stéfanie Jacomet et de Joerg Schibler, revue genevoise de géographie Globe (tome 155, 2015, pages 33-46).
"Au cours du néolithique final (dès 3 500 ans avant J.-C.) les parties convenantes des rives du Léman sont colonisées, dont l'une des plus récente date de l'an 3 094 avant J.-C. Ce site lacustre se trouve à une altitude de 369 mètres, soit 3 mètres en-dessous du niveau actuel.
Le niveau du Léman s'abaisse alors jusqu'à une altitude de 367 mètres, soit 5 mètres plus bas que le niveau d'aujourd'hui. Ces sites palaffitiques apparaissent alors les uns après les autres.".
Analyse effectuée par Pierre Corboud (1).
"Parmi l'ensemble des sites lacustes sur pilotis, ceux attestés (points rouges) et ceux hypothétiques (points bleus), seuls deux sites palaffitiques 'rouge & bleu' auraient cohabité durant deux ans.", détaille Pierre Corboud (1).
Toutes les habitations sont alors rasées, et les habitants se trouvant sur le pourtour du lac Léman se retrouvent ensevelis sous les eaux. "Les constructions ne reprendront sur ces mêmes lieux que 859 ans plus tard", renchérit Pierre Corboud (1).
L'effondrement du Gioran a vraisemblablement fait remonter le Léman de manière ponctuelle. Après cela, le Léman repart à la baisse, le Gioran à la hausse.
Autre hypothèse
Les sondages bathygraphiques, dans les profondeurs du Léman, suggère qu'un glissement de terrain, du genre de celui découvert par Stéphanie Girardclos, n'est pas exclu. Toutefois, cela n'est pas significatif pour justifier la remontée du niveau du lac Léman.
"En l'an 1 805 avant J.-C., de nouvelles habitations lacustres sont observées autour du lac Léman, à une altitude de 370 mètres c'est-à-dire une profondeur aujourd'hui de 2 mètres" (diverses stations relevées par Gilbert Paillex et Fritz Vogt, en 1973-1977 (2) jusqu'à une altitude de 369,3 mètres soit 3 mètres sous le niveau actuel", précision faite par Pierre Corboud (1).
Sur la carte des trois sites palaffitiques, les deux marqués d'un point rouge et d'un point orange, ont cohabité pendant 2 ans, alors que les deux sites palaffitiques spécifiés par un point orange et un point bleu, se côtoient pendant 18 ans.
"Nous sommes alors à l'époque du bronze ancien", rappelle Pierre Corboud (1).
Pendant ce temps, le Léman continue de baisser, celui du Gioran d'augmenter.
1 758 ans avant J.-C.
"En l'an 1 758 avant J.-C., un glissement de terrain d'un volume de 0,13 km3 (sous-lacustre, signale Gilbert Paillex) se produit", constate Pierre Corboud (1).
"Cela s'est produit une altitude de 369 mètres, c'est-à-dire à une profondeur de 3 mètres", d'après diverses stations relevées par Gilbert Paillex et Fritz Vogt, en 1973-1977 (2).
"Il s'agit du troisième tsunami, la deuxième plus grande catastrophe, rasant toutes les habitations et les habitants sur le pourtour du lac Léman", confirmation de Stéphanie Girardclos (5).
Le tsunami en question (qui part d'une profondeur de 80 mètres, devant la rive allant d'Ouchy à Paudex) ne modifie aucunement le niveau du Léman, il fait disparaître de la carte toute traces d'habitations: il n'y a plus aucunes âmes qui vivent.
1 730 ans avant J.-C.
"On construit à nouveau autour du lac Léman, en l'an 1 730 avant J.-C.", proclame Pierre Corboud (1).
"Les sites palaffitiques apparaissent les uns après les autres. Nous sommes alors à l'époque du bronze ancien", corrobore Pierre Corboud (1).
1 645 ans avant J.-C.
Swisstopo (Office fédéral de topographie en Suisse) élabore une représentation du deuxième lac (le Gioran) à 560 mètres d'altitude, à la demande de Gilbert Paillex. Grâce à Sub-rec (outil informatique qui permet de générer une carte au niveau choisie), Gilbert Paillex établit ladite carte en prenant, par défaut, les courbes de niveau actuelles.
"Aux extrémités surtout, du fait de l'érosion ou de la sédimentation qui ont eu lieu depuis lors, le lac n'arrivait pas précisément à ces endroits (un peu plus loin ?, un peu moins ?)", s'interpelle Gilbert Paillex et Fritz Vogt (2).
Selon ces nouvelles données, le Gioran occupe un volume de 9,8 km3.
Pour que le Gioran ait été jusqu'à Salgesch, il faut que le glacier ait libéré la place. Une éventualité est donc que le lac n'a pas été aussi long: le glacier, qui recule avec le lac à son pied, ne se trouve pas encore au-dessus de Leuk lorsque le barrage cède. L'étude de carottage de sédiments pourrait peut-être, permettre d'éclaircir ce point précis.
Vers l'an 1 613 avant J.-C. (ou entre l'an 1 645 et l'an 1 500 avant J.-C.) se produit l'explosion de Thera. Théra, c'est loin d'ici, mais, curieusement ...
"Vers l'an 1 600 avant J.-C., un quatrième tsunami (le troisième plus catastrophique) rase toutes les habitations et déciment la population sur le pourtour du lac. Il provenait peut-être aussi du barrage de Saint-Maurice.", conjecture Gilbert Paillex (2)
"Le Léman est probablement remonté un peu. Après quoi, il continua de baisser. Les constructions ne reprendront qu'environ 520 ans plus tard.", assure Gilbert Paillex (2)
1 085 ans avant J.-C.
"On construit à nouveau autour du lac Léman, en l'an 1 085 avant J.-C., à des altitudes allant de 369 mètres à 368,5 mètres c'est-à-dire à des profondeurs actuelles de 3 mètres à 3,50 mètres", détermine Pierre Corboud (1).
Hypothèse confirmée par les diverses stations relevées par Gilbert Paillex et Fritz Vogt, en 1973-1977 (2)
"Il est avéré qu'on a encore planté des pieux, cela à une altitude de 367,8 mètres", soutient Pierre Corboud (1).
"En l'an 850 avant J.-C., une grande partie du barrage de Saint-Maurice cède, créant un cinquième tsunami (le quatrième tsunami le plus catastrophique)", évoque Gilbert Paillex (2).
"Cet événement lacustre est présent sur toute la vallée", démontrent A. Aurèle Parriaux, Marcel Burri & Marc Weidmann (3).
Toutes les habitations et sa population disparaissent sur le pourtour du lac Léman. Dès lors, les constructions ne reprendront plus jamais.
"Selon toute vraisemblance, à cet instant précis le lac Léman est plus haut de 9 mètres qu'à l'heure actuelle (passant de 366 mètres à 374,5 mètres). Le volume d'eau contenu par le Gioran autorise cette hypothèse", se réjouit Gilbert Paillex (2).
L'existence du Gioran, à laquelle s'ajoute les nombreux tsunamis qu'il a engendrés, a contribué à l'engloutissement de milliers d'objets en bronze (François-Alphonse Forel dixit) et toutes les poteries de la zone lacustre.
"Selon toute éventualité, en l'an 700 ans avant J.-C., ±150ans, a eu lieu un tsunami. Cette fourchette de ±150ans coïncide avec les dernières datations faite par la dendrochronologie, qui ferait remonter les ultimes constructions à l'an 850 avant J.-C.
Qu'il s'agisse d'un glissement de terrain sous-lacustre au lac Léman ou bien du déversement intempestif du Gioran, il a bien fallu une cause naturelle pour expliquer la montée soudaine du lac Léman de 9 mètres de hauteur. Ceci d'autant plus rapidement que personne n'a eu le temps de ramasser la tonne d'objets en bronze", s'étonne François-Alphonse Forel (8).
"L'exutoire du Gioran se trouvait à Châtel lorsque le niveau était le plus haut (altitude 560 mètres, hauteur 140 mètres)", en déduit R. Arn (4).
"Comme il se trouve à l'heure actuelle ailleurs, c'est que vraisemblablement lors de ce fameux épisode (en l'an 850BC, 1600BC ou 2664BC) il s'est déplacé à la verticale de l'endroit actuel, soit à une distance altimétrique de 2 kilmètres", s'enthousiasme Gibert Paillex (2)
"En l'an 50 après J.-C., les Romains construisent le port de Vidy à l'altitude de 374,5 mètres", remarque Pierre Corboud (1).
En tenant compte des courbes de niveau actuelles, et en supposant qu'effectivement le port se situait plus haut qu'aujourd'hui de 9 mètres, cela représente un volume d'eau de 5,4 km3 en plus !
Des spécialistes et des connaisseurs des sites palaffitiques de la région sont d'accord pour confirmer l'existence d'un second lac, alors pourquoi cette eau ne proviendrait-elle pas du Gioran ?
"Le passage du Rhône à Saint-Maurice au droit du cours actuel s'est érodé assez rapidement dès le retrait du glacier. Cette érosion n'a pas forcément été catastrophique avec tsunami. Il y a pu y avoir des débâcles (fonte et effondrement des glaciers) lors de l'évacuation des dépôts quaternaires, notamment ceux de l'éboulement. Mais l'érosion du verrou calcaire (barrage naturel) ne pouvait se faire que progressivement", se questionnent A. Aurèle Parriaux, Marcel Burri , Marc Weidmann 3.
C'est alors que vers l'an 50 après J.-C., les Romains créent le port de Vidy, qui était situé à cette époque 3 mètres plus haut qu'aujourd'hui. Il atteignait alors 374 mètres d'altitude.
On sait qu'aujourd'hui, le niveau de 372 mètres d'altitude est entretenu par un barrage de plusieurs mètres d'acier et de béton ...
L'une des cause retenue, serait le fait que le lac Léman a toujours été endoréique (le bassin versant clos, qui retient les eaux, se trouve dans une dépression fermée).
Les élémets auxquels il est fait référence dans les textes de cette présentation sont de (ordre d'apparition):
_(1) Pierre Corboud Diverses publications
_(1b) Alain Gallay, Pierre Corboud Chronologies: du Paléolithique moyen jusqu'à nos jours
_(2) Gilbert Paillex www.limnologie.ch & www.sub-leman.ch
_(3) A. Aurèle Parriaux, Marcel Burri , Marc Weidmann SVSN Aurèle Parriaux Burri Weidmann 20180131154407569.pdf
_(4) R. Arn Communication personnelle
_(5) Stéphanie Girardclos www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0012821X1300527X
_(6) Walter Wildi Communication personnelle
_(7) Katrina Kremer et al. 4000 years of mass movement and tsunami history, Lake Geneva
_(8) François-Alphonse Forel Le Léman. ... des milliers d'objets en bronze ont été ramassés ..