Homo sapiens à Jebel Irhoud (Maroc)
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Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
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Méthode de Levallois ou technique de fabrication d'outils
Couteau méthode Levallois Des outils de pierre, conçus selon la méthode très spécifique, dite de Levallois, ont été trouvés avec d'autres fossiles de l'homme moderne en Afrique, comme sur le site de Jebel Irhoud, au Maroc. Ils dateraient d'il y a 300 000 ans.

La méthode Levallois est une technique de fabrication d'outils qui consiste à tailler un corps de matière première, appelé nucléus, pour en extraire des éclats, généralement des lames. Cela permet de mieux contrôler la forme et la taille de l'éclat souhaité.

Nommée d'après le site archéologique de la carrière de Levallois-Perret, près de Paris, où ont été découverts vers la fin du XIXe siècle les premiers outils qui en résultent.

Homo sapiens Homo sapiens L'équipe d'anthropologues menée par le Français Jean-Jacques Hublin (institut Max Planck de Leipzig, Allemagne Allemagne) confirme que les restes fossiles de cinq Homo sapiens (trois adultes, un adolescent et un enfant), dont notamment la face humaine et la mandibule découverte en 2004 sur le site de Jbel Irhoud dans le nord-ouest du Maroc, datent de 315 000 ans.

Homo sapiens, crâne La datation des fossiles a été obtenue au moyen de la thermoluminescence, une technique très connue et utilisée depuis les années 1980. Cette méthode consiste à dater d'autres objets retrouvés sur le site, plutôt que les ossements, comme des morceaux de galets brûlés par le feu à l'époque.

"En les chauffant à nouveau, l'énergie emmagasinée dans le silex est libérée. Et on peut la comparer, en calculer l'irradiation, et déterminer l'âge de l'occupation du site archéologique", explique Daniel Richter, de l'Institut allemand Max-Planck d'anthropologie évolutionniste Allemagne, qui a daté les fossiles retrouvés au Maroc Maroc.

"C'était la seule façon de procéder pour dater d'aussi vieux ossements", ajoute le chercheur, qui se dit surpris d'en être arrivé à un chiffre aussi reculé dans le temps. Les dents ont pour leur part été datées grâce à la résonance de spin électronique (une autre méthode de datation) pour contre-vérifier les résultats obtenus.

Les hommes de Jebel Irhoud détrônent Omo I et Omo II, découverts à Omo Kibish en Ethiopie Ethiopie et datant d'environ 195 000 ans.

Le site en question avait déjà livré quelques secrets en 1968, le fossile d'un jeune Homo sapiens, appelé d'Irhoud 3, dont l'âge a été estimé à 160 000 ans.
Les paléoanthropologues Jean-Jacques Hublin et Shannon McPherron (Institut d'anthropologie évolutionniste Max Planck, Allemagne Allemagne), qui avaient estimé en 2007 l'âge de ce fossile à 286 000 ans, ont mesuré cette fois-ci le taux de radioactivité du site, et ont déterminé que le campement de Jebel Irhoud avait fabriqué les outils il y a environ 315 000 ans, avec une marge d'erreur de 34 000 ans.

Site de Jebel Irhoud au Maroc.
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Les outils en pierre avaient été dispersés et chauffés par inadvertance par les premiers humains de Jebel Irhoud. Le chauffage des outils en pierre neutralisait leur charge électrique, ce qui a permis de comparé la radioactivité naturelle et d'établir une datation.

Mandibule du spécimen mise au jour à Jebel Irhoud au Maroc.

Le site Jebel Irhoud, qui se trouve être une ancienne mine de barytine, est en Afrique du Nord, bien loin des sites d'Afrique de l'Est et d'Afrique du Sud où les plus anciens fossiles d'hominidés avaient auparavant été trouvés (fossile de 195 000 ans en Ethiopie Ethiopie).

Reconstitution de la mandibule du spécimen mise au jour à Jebel Irhoud au Maroc.

Les dates de Jebel Irhoud se superposent aux dates récemment données à l'apparition de l'Homo naledi (241 000 à 335 000 ans), espèce disparue d'hominidé découverte en Afrique du Sud Afrique du Sud.

Reconstruction en composite, à partir des fragments du crâne et de la mandibule du spécimen mise au jour à Jebel Irhoud au Maroc.

La paléoanthropologue Tanya Smith (Université de Harvard aux Etats-Unis United States & Université de Griffith en Australie Australie) soulève le débat sur les débuts de l'Homo sapiens, ce que confirme le paléoanthropologue John Hawks (Université du Wisconsin-Madison aux Etats-Unis United States).
REFERENCES
Archéologia juillet-août 2017 n°556
Archéologia mars 2018 n°563
National Geographic 09 novembre 2017 Michael Greshko
Radio-Canada 07 juin 2017 Canada
Radio-Canada 16 juin 2017 Canada
La Recherche février 2020 n°556