Electroculture
Applications de l'électricité (24-26 octobre 1912)
Vocabulaire adéquat, adapté
“Beaucoup d'expressions de langage, notamment celles employées dans le domaine de l'électricité et du magnétisme,, peuvent sembler difficile à comprendre pour des néophytes, pour des nouveaux.Certains mots de l'auteur datant des années 1900 auront, soit des équivalents (ou synonymes) entre parenthèses, soit des illustrations équivalentes (ou analogies), datant de notre époque, c'est-à-dire des années 2000.”
Philippe Lopes, auteur d'ArboSciences.
Travaux
Comptes rendus de Albert-Philippe Silbernagel, Fernand Basty & Jean Escard, concernant les applications de l'électricité à l'Agriculture, à la Viticulture, à l'Horticulture & aux Industries Agricoles.Le colonel Pilsoudski (Saint-Pétersbourg, Russie

Si nous nous reportons à la littérature assez riche sur cette question (puisqu'elle comprend près de 500 travaux écrits) nous verrons que, dès 1746, Maimbray d'Edimbourg (Ecosse

Parmi les travaux qui méritent une attention particulière, citons ceux de Becquerel, Mateucci, Reissert, Celi, Leclaire, Lemstroëm, Guarini, Grandeau, Volny, Spechnew, Basty, et cetera ...
Présentation
Les rayons solaires exercent sur les plantes non seulement une influence en tant que producteurs d'énergies chaleur & lumière, mais encore, et surtout, en tant qu'énergie électrique.“Chacun sait que certaines plantes, pour ne pas dire toutes, se développent très mal dans l'obscurité. Ce n'est pas seulement parce que ces plantes sont privées de l'énergie lumière, indispensable à la production de la chlorophylle, mais aussi parce qu'elles sont privées de l'énergie électrique.”
En effet, si l'on entretient les mêmes plantes dans une obscurité complète, en leur donnant cependant la possibilité d'obtenir de l'énergie électrique, elles se développent.
“Et bien plus, puisque ces plantes parviennent même, par la suite, à fructifier. Il est donc établi que les plantes ont, non seulement, besoin, pour vivre, des énergies lumière & chaleur, mais aussi de l'énergie électrique.”
Observation
Les courants électriques traversant les plantes, de l'atmosphère au sol pour revenir ensuite, à travers celles-ci, du sol à l'atmosphère, facilitent, à travers les vaisseaux capillaires, l'ascension de la sève et, partant, toutes les fonctions de la plante, notamment la fonction chlorophylle, fonction, est-il besoin de le rappeler, qui décompose en oxygène et en carbone l'acide carbonique exhalé et sans laquelle les opérations d'assimilation et de nutrition seraient impossibles.Le rôle de l'énergie électrique se manifeste encore visiblement sur la décomposition chimique des composés contenus dans le sol. Enfin le courant électrique joue un rôle important en activant la respiration de la plante qu'il traverse.
Ajoutons que, sous l'influence d'un courant électrique de haute tension, la fonction respiratoire est accrue, qu'une production d'ozone se forme dans les cellules, et que ce développement occasionnel d'ozone doit avoir indubitablement comme conséquence d'augmenter l'activité de l'organisme végétal.
Dans l'atelier immense de la nature, tout est arrangé tellement conformément au but, que même les épines des arbres à feuilles aciculaires et les râpes des plantes céréales, ainsi que les inégalités des bords des feuilles d'arbres doivent être prédestinées à des fonctions déterminées; la présence de l'électricité dans l'air leur donne la possibilité d'accomplir le rôle de véritables capteurs ...
Constatation
Jusqu'à ce jour, on a appliqué l'électricité à l'agriculture sous ses différentes manifestations : électricités tellurique (voltaïque); atmosphérique; courants de haute tension, provenant de dynamos & de transformateurs.“Malheureusement, nous sommes encore peu fixés sur la nature, l'intensité & la tension des courants qui doivent donner les meilleurs résultats.”
A l'époque où il étudiait cette question, l'ingénieur & colonel russe Pilsoudski

“En installant les éléments à différentes hauteurs, sur un terrain en pente, j'ai remarqué que l'électrode placée dans une terre humide était toujours positive.”
Sur un terrain plat arrosé à volonté, il s'est formé un courant électrique entre deux éléments en fer de même surface.
“Si l'on tient compte du fait que ces essais eurent lieu dans un potager dont les plates-bandes étaient assez élevées & les éléments disposés dans la direction sud-nord, les résultats que j'obtins m'ont pleinement satisfait.”
L'ingénieur & colonel russe Pilsoudski

“J'ai alors porté mon attention sur des arbres plantés dans le parc de Bruxelles

Un peu plus tard, M. Lemstroëm chercha à appliquer à l'agriculture les courants électriques de haute tension; mais cette expérience, qui d'ailleurs est classique, exige des appareils spéciaux, coûtant fort cher et servis par un personnel très bien dressé.
“Aussi, voulant appliquer l'électroculture d'une façon pratique & peu coûteuse, est-ce vers l'utilisation de l'électricité voltaïque produite par des éléments terreux & de l'électricité atmosphérique dont la captation est gratuite que j'orientais mes recherches.”
En 1873, l'ingénieur & colonel russe Pilsoudski


“Or, par le plus grand des hasards, je constatai le fait suivant : En exécutant un certain travail, il nous fallut plonger deux électrodes dans un canal servant à l'irrigation (arike) des champs avoisinants. Les électrodes étaient en communication avec une puissante batterie voltaïque d'environ 200 éléments: les électrodes étaient l'une en zinc & l'autre en cuivre.
Notre travail achevé, les électrodes furent laissées en place dans le canal; seulement, et je ne sais par quelle idée, on fut amené à relier ensemble les fils conducteurs.
Or, sur les bords du canal, croissaient des peupliers qui, normalement en 10 ans, devenaient suffisamment fort pour être employés aux travaux de construction. Les électrodes oubliées par nous donnèrent naissance à un courant é lectrique et, lorsque quelque temps plus tard nous repassâmes, je constatai que la hauteur des peupliers plantés, entre les deux électrodes, dépassait deux fois celle des peupliers voisins. Mes préoccupations militaires, à cette époque, ne me permirent pas de m'occuper sérieusement de cette question.”
Narkewitch Yodko publia des travaux sur ce sujet & proposa même de graisser & de vernir les électrodes.
“A mon avis, de pareilles manipulations ne peuvent qu'être nuisibles à la conductibilité des éléments voltaïques.”
Des essais furent aussi tentés par M. Spechnew dans le gouvernement de Kiev et conduite par M. Popof à Kronstadt. Les produits obtenus furent présentés à l'Exposition agricole de Saint-Pétersbourg. M. Spechnew a d'ailleurs consigné ses observations & résultats. L'emploi de l'électricité donne, d'après lui :
1° Une augmentation considérable de croissance.
2° Une augmentation de récolte de 100%.
3° La floraison de la plante se fait beaucoup plus tôt.
M. Spechnew a trouvé, en outre, que la composition de la terre se trouve modifié par l'action de courants. Cette action est mise en lumière de la façon suivante : à trois pieds de profondeur, il prélevait dans un sol électrisé 100 grammes de terre & la même quantité dans un sol exempt de toute influence électrique, mais de même composition.
Ces deux prélèvements étaient lavés & séchés à 14°R.
Dans 1 000 kilogrammes d'eau, le premier prélèvement de terre se dissolvait dans la proportion de 0,155 et le deuxième, seulement dans la proportion de 0,085, c'est-à-dire dans une proportion moitié moindre.
De l'emploi des éléments terreux
Electricité voltaïque
Pour produire l'électricité (voltaïque), au moyen des courants terreux, on crée une vaste pile dont l'un des pôles est constitué part une ou plusieurs plaques de zinc enfouies dans le sol (c'est le pôle positif +), l'autre pôle par une ou plusieurs plaques de fer également enfouies dans le sol (c'est le pôle négatif -). Ces deux pôles sont réunis au moyen d'un conducteur.“En étudiant des éléments terreux, j'ai constaté qu'il y a avantage & même nécessité à disposer alternativement une électrode Zinc et une électrode Fer.
Si les électrodes sont disposées comme je viens de l'expliquer, elles doivent électriser les champs d'une façon complète.”

“Grâce à cette disposition, il m'a été permis de démentir les assertions (propos, affirmations) de certains savants qui prétendaient que les courants électriques provenant des éléments terreux étaient les mêmes que les courants de la terre, ces derniers suivant toujours la direction du sud au nord.
Or, s'il en était ainsi, la déclinaison (l'orientation) de l'aiguille du galvanomètre (instrument mesurant les faibles courants électriques) suivrait toujours la même direction, tandis que dans la disposition que je préconise (conseille) l'aiguille décline (s'oriente) selon la direction des courants, ce qui prouve donc bien l'existence des courant terreux (courants telluriques).”
Les éléments terreux (Réseaux telluriques) sont très constants dans les terrains plats, éloignés des montagnes; tandis que dans les terrains montagneux, ils sont excessivement inconstants, cela dépend de la grande quantité des courants électriques de la terre qui, choisissant la résistance “minima” (capacité du sol à laisser passer plus ou moins le courant électrique), sont ainsi amenés à suivre des directions différentes.
“A ce sujet, mes observations furent faites sur la pente sud de la chaîne principale des monts du Caucase. J'ai remarqué que l'aiguille du galvanomètre changeait constamment de direction, et même tournait autour de son axe.
Cela se produisait surtout avant les tremblements de terre qui, dans cette région, sont assez fréquents. Je fus donc conduit à supposer que pendant les tremblements de terre, et même un certain temps avant, il se forme dans la terre une grande quantité de courants électriques qui peuvent être surpris par les appareils introduits dans la chaîne des éléments terreux.”
On a raison de supposer qu'un grand nombre de tremblements de terre proviennent des ouragans électriques qui ont lieu dans le sein de la terre.
Dans l'application de l'électricité à la culture des plantes, il faut toujours avoir la possibilité de déterminer exactement l'intensité & la tension (Qu'est-ce que l'électricité ?) du courant. La régulation de l'intensité des éléments terreux se fait de la façon suivante :
Les expériences ont montré qu'en augmentant la surface de l'électrode négative on augmente la force (le débit) du courant électrique. L'élément terreux doit avoir une intensité & une tension qui doivent être inférieurs à : 10 M/a et 25 M/v.
Pour expliquer comment des courants aussi faibles peuvent produire un travail et partant, exercer une action salutaire, il faut bien remarquer que pour obtenir ce résultat appréciable, ces courants doivent fonctionner pendant plusieurs mois.
La surface des électrodes est ordinairement d'un mètre carré (1m x 1m). S'il est nécessaire d'augmenter la distance entre les électrodes (dans mes essais, la longeur du champ ne dépassait pas 650 sagènes), on augmente la surface de l'électrode négative en réunissant deux ou plusieurs tôle (plaque) de fer ensemble. Au cours de mes expériences, la surface de l'électrode était parfois augmentée de 5 fois (voir figure 4).
Dans l'expérience scientifique faite sur une distance de 130 kilomètres entre Rouen & Asnières, une électrode positive (une tôle ou plaque en zinc) était enfouie à Rouen et 40 de même dimension (40 tôles ou plaques en fer, servant d'électrode négative). La force du courant électrique du courant életrique suffisait pour faire fonctionner le télégraphe.
Pour allumer une lampe électrique à fil, il faut avoir à sa disposition un courant d'une tension de 110 volts (Russie, Canada & Amériques : 110 volts. France & Europe : 220-240 volts) et d'une intensité d'un demi-ampère. Si la lampe reçoit moins d'énergie, elle éclairera peu ou même pas du tout; si elle en reçoit trop le fil brûlera entièrement et la lampe s'éteindra.
Si nous voulons appliquer l'électricité à l'agriculture, il nous faut donc définir aussi avec une grande précision la force et la tension du courant. L'électrolyse violente et continue de la terre peut en effet l'épuiser. De plus, les plantes peuvent elles-mêmes être soumises à des courants trop forts.
“Je dus travailler longtemps pour arriver à fixer 1° la quantité minima d'ampères et de volts nécessaires pour obtenir les meilleurs résultats; 2° pour avoir une installation permettant de régulariser, sans difficulté, ces deux facteurs : tension & intensité des courants.
La pratique m'a montré que les simples paysans du gouvernement de Moscou, après les explications que je leur avait données, étaient parvenus à cultiver électriquement dans leurs potagers des melons et mêmes des melons d'eau provenant, non seulement de plants, mais directement de graines.
Un autre précieux avantage que je signale est relatif à la précocité très grande de la plupart des plantes soumises à l'électricité.
En effet, des citronniers, orangersn mandariniers du pays de Batoun qui, normalement devaient donner des fruits beaucoup plus tard que les mêmes essences cultivées en Italie parvinrent à produire des fruits, à la même époque, grâce à l'emploi de l'électricité.”