Système
Loi de la Terre selon Aurobindo Ghose (1872-1950)
Un “système”, cela veut dire une “loi”, quelle qu'elle soit — économique, financière, politique, religieuse, ou diable que sais-je !Ce serait plutôt le diable parce que cette “loi” veut, ou voudrait embrasser, ou ligoter toute la terre dans son Système particulier. Mais la “terre”, qu'est-ce que c'est ? ça pousse, par définition, des fleurs, des arbres, des cailloux, des créatures qui vivent pendant un temps et meurent, des hommes aussi et des “civilisations” qui vivent et meurent, et on recommence. ça pousse-ça pousse, c'est la loi de ce sol terrestre.
L'Individu & l'Agrégat selon Aurobindo Ghose (1872-1950)
Tout le processus de la Nature repose sur l'équilibre de deux pôles de la vie et sur une tendance constante à les harmoniser. Ces deux pôles sont l'individu (que nourrit le tout ou l'agrégat) et le tout ou l'agrégat (que l'individu aide à constituer). La vie humaine ne fait pas exception à la règle.L'agrégat (famille, commune, clan ou tribu, classe, cité-État ou amas de tribus, nation, empire) doit s'accorder sur les intérêts & les besoins, aussi bien dans les petites unités, que dans celles qui les englobent.
L'équilibre & l'harmonie prédominent lorsqu'une symbiose (entente, accord) se met en place entre tous ces agrégats. En raison du cycle naturel de la vie, chaque agrégat porte en elle le germe de sa destruction (création, apogée, extinction).
Par conséquent, le meilleur conseil à donner à une minorité dominante, est de reconnaître à temps l'heure convenable de son abdication et du transfert de son idéal, de ses qualités, sa culture et son expérience au reste de l'agrégat, ou à telle partie du reste qui est prête à ce progrès.
Si les choses se passent ainsi, l'agrégat social avance normalement, sans dislocation, sans blessure ni maladie sérieuse.
Toute communauté qui tendrait pacifiquement à accepter que chaque ethnie puisse conserver sa culture, tout en bénéficiant des avantages sociaux-culturels du pays d'accueil, verrait sa nation grandir de l'intérieur, puis s'épanouir vers l'extérieur.
Étouffer par la force ou la ruse, les cultures vivantes ou l'individualité naissante des peuples d'une nation, c'est priver ces peuples des sources de leur vitalité, des racines de leur force. Cette nation commencera par s'épuiser en son centre, pour finalement dépérir (s'éteindre).
La terre est maintenant en passe d'enfanter une civilisation unique, vaste, flexible, commune à l'espèce humaine tout entière, où chaque culture moderne et ancienne fournira sa contribution, où chaque agrégat humain clairement défini apportera un élément de variation nécessaire. Dans la poursuite de ce but, il y aura nécessairement une certaine lutte pour la vie.
Sera le plus apte à survivre, tout ce qui servira le mieux les tendances voulues par la Nature dans l'humanité, non seulement celles du moment, mais celles qui ressusciteront du passé et celles encore informes de l'avenir. Survivra également, tout ce qui pourra le plus efficacement aider les forces de libération et de synthèse, tout ce qui tendra le mieux à adapter et à ajuster, à révéler le sens caché des efforts de la Grande Mère. Mais dans cette lutte, la violence militaire et les pressions politiques n'aident pas au succès, bien au contraire.