Stimulation transcrânienne
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Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
philippelopes@free.fr
STIMULER LES NEURONES
La stimulation transcrânienne propose d'envoyer dans le cerveau, pendant quelques minutes et à des endroits très précis un champ magnétique ou un courant électrique. Il serait possible de modifier l'activité des neurones et, par la même, les aptitudes qu'ils contrôlent et les comportements qu'ils induisent.

Méthode électrique
Appliquer un faible courant électrique (2mA).
Perturbation électrique sur quelques centimètres autour de l'électrode.

Méthode magnétique
Appliquer un champ magnétique intense (2 à 3 teslas, à des fréquences de 1 à 10 hertz).
Perturbation magnétique sur plusieurs centimètres autour de la bobine émettrice.

BREF HISTORIQUE
1960
Des expériences sur la stimulation électrique ont été réalisées sur des animaux.

1985
Trois chercheurs de l'université de Sheffield, au Royaume-Uni, démontraient que l'application d'un champ magnétique au-dessus de l'aire cérébrale motrice d'un volontaire induisait une contraction automatique de ses muscles.

2017
Les cyclistes de l'équipe américaine Red Bull, les "gamers" (joueurs de jeu vidéo), et même les militaires utilisent du matériel de stimulation (casque Halo, par exemple).

AIGUISER SON SYSTÈME SENSORIEL
Vision (+ 13%)
Pourcentage d'objets cachés détectés dans une image après stimulation des cortex droit et pariétal inférieurs (96 volontaires, 2012, USA).
Douleur (- 40%)
Pourcentage de douleur en moins liée au contact d'un piment après stimulation du cortex dorsolatéral préfrontal gauche (2011, Italie).
Ouïe (+ 22)
Pourcentage de sensibilité auditive en plus observée après stimulation du cortex auditif (11 volontaires, 2011, USA-Brésil).
Toucher (+ 35%)
Pourcentage de sensibilité tactile spatiale en plus après stimulation du cortex visuel (15 volontaires, 2014, USA).

DOPER SES FACULTÉS INTELLECTUELLES
"Bugs" de mémoire (- 36%)
Pourcentage de faux souvenirs en moins après inhibition du lobe temporal antérieur gauche.
Créativité (+ 300%)
Pourcentage de résolution en plus d'un problème faisant appel à la créativité, suite à une inhibition du lobe temporal antérieur gauche (28 volontaires, avant 2015 ?, Australie).
Apprentissage des langues (+ %5)
Pourcentage de bonnes réponses en plus à un test de langue après stimulation de l'aire de Wernicke _la zone du cerveau supposée être le centre de la compréhension du langage_ (19 volontaires, 2008, Allemagne).

AUGMENTER SES CAPACITÉS PHYSIQUES
Endurance (+ %20)
Pourcentage d'endurance à vélo en plus après stimulation du cortex moteur (11 jeunes sportifs, 2015, international).
Agilité (+ %230)
Pourcentage d'agilité manuelle en plus après stimulation du cortex moteur primaire (24 volontaires, 2009, USA).
Puissance (+ %11)
Pourcentage de hauteur de saut en plus après stimulation du cortex moteur primaire 10 jeunes hommes sportifs, 2017, Brésil).

CHANGER DE PERSONNALITÉ
Malhonnêteté (- 40%)
Pourcentage de triche en moins aux dés après stimulation du cortex frontal dorsolatéral droit (145 volontaires, Suisse).
Humeur (+ 10%)
Pourcentage de bonne humeur en plus ressentie après plusieurs séances de stimulation du cortex préfrontal. Conmmercialisation d'un appareil à visée "bien-être".
Altruisme (+ 87,5%)
Pourcentage d'argent partagée en plus avec un inconnu après stimulation du cortex préfrontal ventromédical (60 personnes, Chine).

UN P'TIT BEMOL
De nombreux chercheurs évoquent, notamment, une diminution de la sensation de fatigue, elle-même potentiellement due à la nécessité d'un "effort cérébral" moins important pour activer la commande motrice. Cependant, "les mécanismes explicatifs ne sont pas très clairs" reconnaît Michael Nitsche, neurophysiologiste à l'université de Göttingen (Allemagne).

Il y a, entre la méthode des produits dopants et la stimulation transcrânenne ... AUCUNE DIFFÉRENCE !
Alors que la première utilise un expédiant (toutes sortes de moyens) pour arriver à ses fins (nourriture, chocolat, alcool, cannabis, drogue, médicaments, sang ré-oxygéné pour cycliste, anabolisant pour sportif, ...), la deuxième court-circuite cette phase pour atteindre directement le cerveau !

Cette boîte de Pandore ouvre la voie du dopage cérébral (ou dopage neuronal). Il ne faut pas se leurrer (se voiler la face, se mentir), l'enjeu des nouvelles start-up qui se lancent dans cette voie, le font surtout dans le but de faire croire que la stimulation transcrâninne n'a aucun effet secondaire. Effectivement: à part vous rendre addictif, vous ne risquez rien ...

Une étude publiée en 2O13 par deux chercheurs de l'université d'Oxford (GB), suggère que selon les aires stimulées lors d'une série de tests mathématiques, il est apparu que l'apprentissage de symboles mathématiques était accélérée, tandis que la capacité de traitement automatique d'autres symboles était entravée; réciproquement, quand cette automaticité était améliorée, l'apprentissage s'en trouvait alors altéré. Un phénomène que les auteurs expliquent par un coût, métabolique ou neurochimique, que ferait peser la réorganisation du cerveau au profit d'une aire cérébrale, sur le fonctionnement de certaines autres.

LES PRO "NERF VAGUE" DIVAGUENT COMPLÈTEMENT
Dans le même acabit (le même genre de délire), les premières expérimentations sur la stimulation électrique du nerf vague (ou stimulation vagale) débutées dans les années 1940, et perfectionnées grâce aux travaux du neurophysiologiste américain Jacob Zabara sur des chats.

Cette autre technologie issue des neurosciences, qui est la stimulation des nerfs périphériques (qui active par courant électrique non pas les neurones, mais les nerfs), a notamment donné naissance au patch Thync qui, apposé sur les cervicales ou le front, promet de diminuer le stress en stimulant le nerf vague ou certains nerfs crâniens. La jeune technique de neurofeedback, qui aide à maîtriser son activité cérébrale en la mesurant (en l'occurence par électrocéphalogramme), et en la restituant à l'utilisateur à travers des sons ou des images, se trouve quant à elle dans des bandeaux à poser sur le crâne, qui promettent d'aider leurs utilisateurs à méditer, se relaxer ou s'endormir. La vague du "neuro-développement" nous arrive décidément de plein fouet ... via de nombreux "neuro-gadgets" à l'efficacité discutable.

Le programme Targeted Neuroplasticity Training (TNT), lancé en mars 2016 par la Darpa, l'agence de recherche et développement du département de la Défense des Etats-Unis. Il vise non seulement à restaurer des fonctions perdues suites à des traumatismes (psychologiques ou physiques), mais aussi à faciliter l'apprentissage au sein des troupes (spécialistes en langues étrangères, analystes du renseignement, cryptographes ...) par la stimulation des nerfs vagues.

En positionnant un stimulateur électrique sur ce nerf qui parcourt plus de la moitié du corps humain, les médecins sont en mesure de traiter potentiellement nombre de pathologies dont souffrent nos organes.
Cerveau Déjà utilisé contre: l'épilepsie, la dépression, les migraines.
Poumons A l'essai chez l'animal contre: les hémorragies avec lésions pulmonaires aiguës.
Cœur A l'essai chez l'homme contre: l'insuffisance cardiaque, la fibrillation atriale, l'inflammation postopératoire.
Pancréas A l'essai chez l'animal contre: le diabète de type 2.
Reins A l'essai chez l'animal contre: les coliques néphrétiques ischémiques.
Tube digestif A l'essai chez l'homme contre: la polyarthrite, l'iléus postopératoire.
A l'essai chez l'animal contre: l'obésité morbide, la maladie de Crohn.
Côlon A l'essai chez l'homme contre: la colite ulcéreuse, la syndrome du côlon irritable.

En septembre 2017, un traitement (implantation d'un stimulateur sur le nerf vague gauche du patient) est réalisé à Lyon sur un patient plongé dans un état végétatif depuis quinze ans (suite à un accident de voiture).
L'homme émerge brièvement de son état. Il a montré pour la première fois des signes de conscience en suivant du regard un objet, en tournant la tête sur demande verbale, en attirant l'attention de ses proches.
Pendant un mois, une sorte de pacemaker électrique placé au-dessous de sa clavicule et relié au nerf vague au niveau du cou a permis à son cerveau de s'éveiller un peu.
Le décès du patient quelques mois après l'expérience, et AUCUNE autopsie réalisée .... Tout cela me laisse très très dubitatif (doute, scepticisme).

REFERENCES
Science & Vie novembre 2017 n°1202
Science & Vie décembre 2017 n°1203