Lac antique suisse: artisanat d'origine lacustre
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POSITION GEOGRAPHIQUE
Gilbert Paillex (internaute suisse) fait judicieusement remarqué qu'en ces temps reculés, les habitants ou les riverains d'un lac antique ayant existé en amont du Léman n'étaient peut-être pas très nombreux, si tenté ils existaient à cette époque-là.

La forme de ce lac, nommé arbitrairement Gioran ne pouvant pas être aperçue dans son ensemble, par les habitants d'antan, il paraît donc inconcevable qu'ils aient pu le nommer en fonction de sa forme géographique (contour parfaitement visible uniquement vu du ciel).

C'est naturellement que Gilbert Paillex est venu à penser que sa localisation par rapport au reste du territoire, a certainement contribué à lui offrir un nom légendaire. Raisonnement pertinent, puisque le nom "lac Léman" (lem-an) signifie "lac de grande eau".

Le Léman (l'aîné) et le Gioran (le cadet) (vision A)
"Coincé" entre les Diablerets (3 210 m), la Dent du Midi (3 260 m), le Grand Combin (4 314 m), le Matterhorn ou Cervin (4 478 m) et le Finsteraarhorn (4 275 m), le Rhône a certainement rempli une grande partie de la vallée, avant de se déverser en partie ou en totalité dans ce qui a donné aujourd'hui le Léman.

L'idée de la naissance d'un second lac (au-dessus du Léman) par suite d'un éboulement qui se serait produit sur le passage du Rhône, et créant de ce fait un barrage et donc assèchement provisoire du Léman, se trouve renforcée par : soit l'hypothèse de la cluse ou l'occlusion de Saint-Maurice (un premier en l'an 11 000 et un second en l'an 4 000 avant J.-C.), soit un peu plus loin l'éboulement du Tauredunum située à mi-chemin entre la ville d'Aigle et la ville de Martigny (en l'an 563). Lire, à ce sujet, l'article portant sur les "Dents-de-Morcles" (sur le plan archéologie).

La rupture de ce lac intraglaciaire (poche d'eau due aux glaciers) ou proglaciaire (eaux de fonte des glaciers) est la cause probable de sa disparition. La coexistence de ces deux lacs a certainement duré quelques millénaires. La taille de l'un et de l'autre a, sans aucun doute, changé au fur et à mesure du temps.

Attribuer un nom, en tenant compte de la coexistence des deux lacs et de leurs positions géographiques respectives, seraient des plus appropriés. Parmi les choix proposés par Gilbert Paillex, celui de "Gioran" (qui signifie "lac au-dessus") semble des plus prometteurs.

Remplissage et vidange du Léman (vision B)
18 000 av. J.-C., la dernière glaciation prend fin, la fonte irrégulière des glaces démarre.
16 000 ans av. J.-C., la première rade (grand bassin) de Genève prend forme.
15 000 ans av. J.-C., le niveau du Léman atteint 30m de plus qu'à l'heure actuelle.
14 000 ans av. J.-C., le niveau du Léman atteint 33 à 36m de plus qu'aujourd'hui.
12 000 ans av. J.-C., le niveau du Léman n'est plus qu'à 8m plus haut que l'actuel.

Durant ces derniers millénaires, le niveau du Léman se trouvait jusqu'à deux à trois mètres plus bas qu'aujourd'hui. La rade (grand bassin) de Genève présentait alors une vaste terrasse argileuse, recouverte de sable, sur laquelle de nombreux villages ont été construits par les agriculteurs du Néolithique et de l'âge du Bronze.

Le lac s'est abaissé au moins trois à quatre reprises. Les vestiges conservés dans la Rade appartiennent au Néolithique moyen (4000 ans av. J.-C.), au Néolithique final (2700 ans av. J.-C.), au Bronze ancien (vers 1700 ans av. J.-C.) et à l'âge du Bronze final (1000 ans av. J.-C.). Durant ces phases-là, il est donc possible d'établir une chronologie de l'histoire du Léman, et de ce fait une histoire quasi analogue du Gioran. Dans l'article "le Léman, les variations de son niveau, entre env. -3'500 et +563 ans", Gilbert Paillex apporte des preuves dans ce sens.

Sites palafittiques (vision C)
Construits à proximité d'un plan d'eau ou bien dans une zone où le niveau des eaux fluctue, ces habitats littoraux préhistoriques (sites palafittiques) sont au nombre de 56 en Suisse, classés au patrimoine mondial de l'UNESCO, auxquels il faut ajouter 385 sites associés, protégés au niveau cantonal et fédéral.

Dans le cadre rigoureux d'une recherche plus étendue et plus étoffée, et si l'on tient compte des six pays de l'arc alpin [l'Allemagne (bassin du Federsee), l'Autriche (poteries du Mondsee), la France (Le Roselet, lac d'Annecy), l'Italie (tourbière de Fiavè-Carera), la Slovénie, marais de Ljubljansko barje) et la Suisse (Concise, Vaud)], il existe pas moins de 111 sites classés à l'UNESCO, ainsi que 645 sites associés.

Cette base de recherche constitue pour ainsi dire une richesse colossale, puisque la conservation exceptionnelle des éléments en matière organique et les vestiges des villages préhistoriques préservés dans les milieux humides représente une source absolument unique d'informations sur l'histoire des premières sociétés agraires européennes.

En prenant en compte seulement celles qui ont acquis un artisanat en milieu lacustre (pêche, utilisation éventuelle des roseaux dans la construction d'embarcation navale, alimentation à base de plantes aquatiques, ...) on pourrait établir une "carte signalétique" du Gioran.

Bien entendu, il faudrait pour cela que des gens passionnés puissent en discuter, veuillent en débattre ...