Bonobo Kanzi versus Sue Savage-Rumbaugh
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Trois minutes pour comprendre / Three minutes of learning
philippelopes@free.fr
Apprentissage autodidacte
Sue Savage-Rumbaugh travaillait en tant que primatologue à l'Institut Yerkes, près d'Atlanta en Géorgie aux Etats-Unis, dans les années 1970. Les bonobos, chacun le sait aujourd'hui, aiment le sexe. Les savants ne leur interdisent pas ce passe-temps favori. Le bonobo Bosondjo s'accouplait avec ses congénères Matata et Lokelema.

On fit venir Lorel, une femelle du zoo de San Diego, un des rares établissements à abriter des bonobos. Des amours de Bosondjo et Lorel naquit le bébé Kanzi le 28 octobre 1980. Elevé dans une nursery et sans autre enfant avant lui, la mère ignorait comment s'y prendre. Le nom de ce mâle bonobo signifie "trésor enfoui" en swahili.

Lorel, épuisée, ne s'occupait pas de l'enfant. Matata alors s'approcha d'eux. Elle portait son propre petit, Akili, mais regarda le nouveau-né avec amour. Lorel sommeillait. Matata caressa doucement les mains le visage et les pieds de Kanzi. Le petit ne protesta pas et Lorel le vit bien.

Matata pris donc naturellement la place de Lorel, en tant que mère adoptive, et Lorel repartit avec Akili, le fils de Matata, pour le zoo de San Diego. A l'âge de six mois, Kanzi ne prêtait pas plus d'importance au clavier (keyboard ou lexigramme) que sa mère adoptive Matata ne comprenait pas pourquoi il fallait pianoter sur un item du tableau (keyboard ou lexigramme) pour communiquer.

Dès que Kanzi en avait la possibilité, il s'emparait du clavier et pianotait dessus durant dix minutes à un quart d'heure, avant de passer à autre chose. Vers quatorze mois, Kanzi pris l'habitude d'utiliser le clavier. A deux ans, Kanzi aimait surtout un symbole en particulier: celui qui signifiait "poursuivre". Dès que Sue compris cela, et que Kanzo appuyait sur ladite touche, Kanzi se mettait à courir et Sue s'amusait à le poursuivre.

Le jour où Kanzi pris la place de Matata au clavier, les scientifiques restèrent stupéfaits du niveau intellectuel du bonobo. Alors que les scientifiques entendaient procéder à leur manière, dans l'apprentissage de Kanzi, dès le premier jour Kanzi utilisa cent vingt fois le keyboad.

Non seulement il l'employait pour communiquer, mais il connaissait la signification des symboles alors que sa mère ne lui avait jamais rien appris. Dès le premier jour, il fit grand usage des items "pomme" et "poursuivre". Il s'emparait alors du fruit et courait en grimaçant.

Stupéfaction des chercheurs ! "Nous avions", dit Sue, "passé deux années en essayant de façon systématique d'enseigner à Matata un petit nombre de symboles. Kanzi savait toutes les choses que nous avions tenté d'apprendre à Matata, alors que nous n'avions rien fait d'autre pour lui que l'amuser !"

Les scientifiques comprirent que la méthode qui consiste à le faire asseoir afin de procéder à un test contrôlé, relevait de l'impossible. C'était à l'humain de s'adapter à l'intelligence de l'animal, et non l'inverse ! Il s'agissait d'une révolution pour la connaissance de l'acquisition du langage et celle du processus d'apprentissage.

C'était Kanzi qui gardait la maîtrise du jeu, décidant des mots à acquérir. Les scientifiques lui parlaient dans les deux langues: la langue anglaise et celle constituée par les symboles du keyboard. Pour ses réponses, le bonobo n'avait que la seconde à sa disposition.

Pas de planification dans cette stratégie; il s'agissait de profiter des conditions naturelles: survenue d'une tempête, apparition d'un serpent, chute de pluie, et cetera ... Au bout de quatre mois d'"entraînement", Kanzi est passé de huit à vingt symboles mémorisés.

Sue va donc soumettre Kanzi à de nouveaux tests comportant 36 items différents utilisés dans 180 questions formulées en anglais, et 180 autres avec le lexigramme. Il obtint un taux de succès de 93% avc les premiers et 95% avec les seconds. Il n'avait pour cela subi aucun entraînement spécifique et on ne lui donna aucune récompense particulière. Rien à voir donc avec un ordinaire test de conditionnenement.

Kanzi se montre capable, en novembre 2006, de reconnaître 348 symboles (ou items) et de comprendre environ trois mille combinaisons de deux mots (mots parlés par ses interlocuteurs). Comme les autres chimpanzés, il évoque des objets absents et invente de nouvelles formules pour désigner des éléments dont il ne connaît pas le nom.

REFERENCES
Socialisation Animal-Humain